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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
A la dernière page d'un livre d'Olivier Norek, celui-ci lance un "Message subliminal : lisez Police de Hugo Boris!" J'ai suivi son conseil et enchaîné cette lecture immédiatement.

Avec un très grand plaisir. Car, sur le thème de la reconduite d'un migrant, clandestin, retenu, homme, désabusé, résigné, Hugo Boris rédige un court roman débordant de qualités.

D'abord, un style, une capacité à alterner de courtes phrases avec de très longues, magnifiquement structurées. La dernière, à la toute fin du livre, remplit quasiment toute la page, synthétisant tous les affres et sentiments de l'héroïne. Des dialogues percutants, très réalistes, avec humour, colère, tendresse ou désespoir qui mettent le lecteur au coeur de ce mini road-movie en un huis clos pathétique pour chacun de ses acteurs.

Ensuite, il construit, à partir d'une histoire banale de reconduite vers son pays d'un retenu, un drame vécu par chacun des quatre participants dont les convictions vont être ébranlées au point de les lancer dans une action, peut-être invraisemblable, qui les conduit vers un dénouement capable de les transformer.

Un titre également choisi et présenté comme il se doit, à lire dans un miroir, car c'est dans celui de cette police superbement incarnés par les trois flics que vont se refléter tous leurs visages, expressions, détresses, amours, certitudes fracassées.

Alors, suivez le conseil de Norek : "lisez Police!"
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Ils sont gardiens de la paix. Ils ont eu une journée difficile et voilà, alors que le soir s'annonce déjà, qu'on les appelle en renfort.
Virginie est épuisée car elle reprend à peine le travail après un congé parental...Mais elle a accepté la mission sans savoir de quoi il retournait.
Erik et Arsène l'accompagnent.
Tous trois doivent maintenant prendre en charge un réfugié en situation irrégulière et le reconduire à la frontière, c'est-à-dire à l'aéroport, où il sera récupéré par des escorteurs.
Ce n'est pas une mission habituelle, car c'est la COTEP (Compagnie des Transferts, Escortes et Protections) qui est responsable du transfert, mais ce soir-là est spécial, puisque tous ont été appelés en renfort, suite à un incendie au Centre de Rétention de Vincennes.
En douce, durant le trajet vers l'aéroport, Virginie ouvre le dossier pour simplement en savoir davantage sur cet homme mutique et résigné. Elle comprend tout de suite que le retour au pays pour cet homme, est synonyme de mort...
Asomidin Tohirov est-il vraiment militant pour les droits de l'homme dans son pays ?
Lorsque Virginie réalise qu'elle a été sa vie et ce qu'elle sera là-bas, dès son retour chez lui, elle tente de persuader ses compagnons de le laisser s'évader.
Mais là-bas à l'aéroport, les attendent les escorteurs...

L'auteur décrit avec beaucoup de psychologie, l'ambiance tendue de ce huis-clos intimiste, qui se déroule le temps d'un trajet en voiture vers l'aéroport et de quelques haltes.
Dans cette voiture, les quatre protagonistes ne sont pas seuls. Nous sommes là, assis à leur côté, assistant impuissants aux événements.
Par petites touches successives, l'auteur nous fait entrer avec beaucoup de réalisme et de finesse dans le ressenti des personnages. Peu à peu, nous comprenons les doutes des policiers, nous ressentons leurs contradictions, leur profond désir d'humanité mais aussi le carcan dans lequel ils sont enfermés : ils ont fait le serment de servir la France...
Nous tremblons avec le réfugié tadjik, dont le silence poignant est encore plus expressif que son langage corporel, mais aussi parce que ses regards et son incapacité à réagir, en disent long sur ce qu'il a subi chez lui.
Virginie est le personnage central du roman, celle par qui tout arrive...
Pour les policiers, la désillusion par rapport à leur métier est là, mais ils savent qu'ils doivent faire leur travail, aller jusqu'au bout, même si leur conscience leur dicte de faire le contraire et, cette prise de conscience, emplie de contradictions, est très douloureuse.C'est un roman qui se lit d'une traite et qui peut être lu dès l'adolescence, car il est très court et très facile à comprendre, tout en étant très fort en émotions.
De plus, il invite le lecteur à s'interroger sur ce métier humainement difficile.
C'est donc un livre court, mais profond et percutant, qui suscitera chez les jeunes de nombreux débats.

Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Epoustouflant ! de Hugo Boris, j'avais retenu " le baiser dans la nuque" qui m'avait émue ...Ce roman m'a remis en tête la chanson de Nougaro " A bout de souffle". Je l'ai lu en une journée, et suis vraiment encore sous le choc! Une femme flic patauge entre coeur et raison, entre sentiments et devoir professionnel. C'est totalement actuel, c'est totalement humain. Un style vif et percutant. du bon, du très bon Hugo Boris!
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Adapté au cinéma par Anne Fontaine, avec Omar Sy, Virginie Efira, Grégory Gadebois, Payman Moaad..., voici l'excellent roman signé Hugo Boris.
C'est l'occasion de voir le film sorti ce 2 septembre 2020 et de relire le livre !

En moins de vingt-quatre heures d'une vie, Hugo Boris réussit à nous faire partager le quotidien de Virginie, gardien de la paix, flic en uniforme, tout en nous plongeant dans le drame bien trop ordinaire de l'expulsion d'une personne qui espérait trouver refuge dans notre pays.

Police est un récit prenant, haletant, ménageant toutefois quelques pauses et des instants jubilatoires sans manquer de nous ramener à la dure réalité. C'est vivant, précis, bien mené comme ce portrait d'Aristide, flic « charmeur et vulgaire, bruyant et primitif, excrémentiel et solaire, aimant la fatigue et ses excès, le mouvement pour le mouvement, le bruit pour le bruit, bref, Aristide de belle humeur. »
Deux grains de sable viennent perturber le quotidien de Virginie : elle est enceinte mais pas de son mari et elle doit faire partie d'une équipe dont la mission est de mener un Tadjik à Roissy afin qu'il soit expulsé.
C'est rythmé, palpitant, Hugo Boris mêlant habilement action et sentiments grâce à Virginie qui doit retrouver Aristide, alors qu'elle a décidé d'avorter, et travailler avec Érik qui représente l'obéissance, l'accomplissement du devoir sans en voir les conséquences : « Il s'était laissé mécaniser, abîmer par le métier, ne donnait plus aux gens que de la technique. »
J'ai frémi en lisant ces pages sur le centre de rétention où l'on fait semblant d'appliquer certaines règles, où la vie d'un homme dépend d'organismes lointains qui prononcent l'expulsion, sans prendre le temps d'étudier à fond la vie de la personne à cause de l'accumulation des dossiers.
Virginie est à bout. « Voilà un moment qu'elle ne laisse plus prise à la misère du monde… Il n'y a pas marqué assistante sociale, ni avocate, ni infirmière. Il y a marqué police. » Mais cet homme décrit comme de « la viande à passeur », menotté puis, un peu plus tard, scotché, velcroté complètement, de la tête aux pieds, est terriblement émouvant car pris dans une machine infernale.

Sans rien révéler de plus, je dois saluer aussi la scène extraordinairement palpitante de l'aéroport, cette description incroyable des passagers, prouesse réalisée par Hugo Boris qui fait de Police, un roman riche d'enseignements sur notre société dite civilisée…


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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D'Hugo Boris j'ai lu et beaucoup aimé l'an dernier Trois grands fauves, et j'ai été ravie de trouver à la bibliothèque ce roman dont on parle sur les blogs (et non, je n'ai pas pu attendre, pour une fois).

D'abord, chapeau à Hugo Boris qui semble se renouveler à chaque titre, explorer des univers vraiment différents, c'est déjà assez remarquable pour être souligné. Après les trois fauves historiques, il met en scène trois gardiens de la paix dans le huis-clos étouffant d'une voiture de police, un soir de canicule où les services sont perturbés par l'incendie au centre de rétention de Vincennes. C'est la mission inhabituelle qu'on leur confie qui va déclencher une série de remises en question fondamentales pour Virginie, Aristide et Eric.

En même temps que se déroule la mission (reconduire un retenu à l'avion qui le refoulera dans son pays d'origine où il est voué à une mort certaine), Hugo Boris trace le portrait et la carte des relations entre les trois protagonistes, leurs ressorts, leurs valeurs, leur fatigue, leur désir, leurs désillusions. Et quel sens très fin de la psychologie… une étude qui se mêle à une histoire où, somme toute, il ne se passe pas grand-chose mais où l'auteur maîtrise l'art du crescendo et du decrescendo, la montée en tension jusqu'à des moments haletants et le reflux, le retour à un calme tout relatif. Cette maîtrise est servie par l'écriture d'Hugo Boris, qui sait aussi, à merveille, doser ses effets stylistiques (ah la magnifique description de l'approche de Roissy…).

Une fois de plus avec cet auteur, une très belle lecture.
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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Virginie, policière, est mariée et mère d'un jeune enfant. Il lui est difficile de concilier travail et vie de famille.
Rude journée : elle se prépare à un avortement le lendemain, elle est appelée pour sécuriser une prison incendiée, puis doit accompagner un immigrant vers l'avion qui le ramènera dans son pays. Ne conduit-elle pas ainsi un homme à la mort ? Cette mission pourrait être la goutte d'eau qui fait déborder un vase plein de tensions, de rancoeurs et de frustrations, entre autres. Que va faire Virginie, partagée entre sa conscience et son devoir professionnel ? Est-elle capable de garder le contrôle d'elle-même ? Quoi qu'elle fasse, elle n'en sortira pas indemne…

Dans un style vivant, l'auteur expose les difficultés du métier de policier (horaires imprévisibles, risques, bêtise de collègues, et missions contraires à ses valeurs…) et ce qui peut les motiver (bêtise, lâcheté, esprit de groupe, forme d'idéalisme, générosité, altruisme…). Il invite aussi le lecteur à réfléchir, au sujet de l'immigration mais aussi au sujet de lui-même. Que ferions nous personnellement si nous devions expulser un être humain vers un pays dans lequel il risque sa vie ?

Une lecture à la fois dérangeante et passionnante.

• 4.5/5
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Court roman qui se lit d'une traite. Pendant quelques heures, le lecteur partage le cas de conscience de policiers ordinaires qui accompagnent un retenu à l'aéroport dans le cadre d'une opération de reconduite à la frontière.
Chacun verra son existence bouleversée par cette expérience.
Le style de l'auteur est vif. Il nous fait entrer dans les contradictions de chaque personnage, partager ses élans, ses doutes. Je les ai visualisés, j'ai vu les paysages qu'ils traversent, j'ai ressenti leur détresse, leurs rires, leur gravité.
On est loin des clichés, loin des profils de policiers des romans du genre. L'auteur nous plonge au coeur de leurs difficultés quotidiennes, qu'elles soient professionnelles ou personnelles.
Ce roman est indispensable à l'heure des caricatures présentées par les media, à l'heure où beaucoup se sentent capables de prendre la parole sur des sujets dont ils ignorent les détails du quotidien et méprisent de fait l'humanité de certains acteurs de notre système judiciaire.
Ce roman est une ode à la générosité qui s'ignore, à l'opposition parfois du droit et du devoir, à la sincérité qui surgit de nos coeurs malgré les règles et les codes.
Je remercie les Editions Grasset et Netgalley de m'avoir permis de découvrir ce roman loin du manichéisme ambiant.
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Quelques heures qui vont décider du sort d'un homme raccompagné à l'aéroport en vue de son expulsion. Quelques heures qui vont décider du sot d'une femme flic Virginie et de ses deux collègues Aristide et Erik. Quelques heures dans l'étroitesse d'un véhicule de service et dans l'immensité des pensées de chacun de ces flics. Pas d'emphase, des mots justes, des phrases poignantes qui mettent en exergue du dégoût, des peurs,de la haine, mais aussi de l'empathie, de la tendresse et de l'amour. Un tadjik au sort perdu semble cristalliser toutes les émotions, cet homme a la capacité de redonner espoir à ceux qui gravitent autour de lui quand lui ne semble plus en avoir.
Un roman percutant comme un calibre 9. Un coup de coeur.
(SP)
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Police est un roman qui s'ajoute à cette fameuse liste de livres percutants où la tension est plus que palpable.

Dès les premières lignes, l'auteur, Hugo Boris nous embarque dans une lecture puissante. le personnage central est Virginie, l'auteur nous propose de la suivre pendant quelques heures, elle est gardienne de la paix, mais avant tout une femme mariée et jeune maman.

Rapidement on ressent de l'empathie pour Virginie qui doit se faire une place dans ce monde d'hommes.

On la retrouve pour une soirée de travail compliqué avec ses deux collègues, Arisitide et Erik. En effet, ils doivent reconduire un homme à l'aéroport car, ce dernier est en situation irrégulière.

Mais l'histoire de cet homme est beaucoup plus complexe et Virginie ne va pas être insensible à cette situation.

Elle n'est pas bien, on apprend qu'elle souhaite avorter rapidement suite à une relation extra conjugale avec Aristide.

Quelle soirée...

L'auteur a vraiment réussi à retranscrire le quotidien complexe des policiers dans un texte court et percutant.

J'ai hâte de lire d'autres livres de cet auteur, impossible de ne pas penser au livre Je me suis tue de Mathieu Ménégaux lors de cette lecture qui fait écho à ce style d'écriture direct que j'aime tant.
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Quel roman ! Quelle ambiance, quelles émotions ! (oui, j'aime bien les points d'exclamation, et si je pouvais, je les ferai même à l'envers, na !)

Un roman court, une action qui se déroule sur peu d'heures, mais des souvenirs cuisants émaillent la soirée. Des images d'un quotidien de policier qui en voit des vertes et des pas mures : la société française de fond en comble.

Les trois personnages principaux sont attachants, plus vrais que nature.

Une langue qui va à l'essentiel, mais qui sait suggérer un arrière-plan tout aussi important de banlieues dortoirs et de chaînes de magasins uniformes.

Une réalité noire qui m'a émue.

L'image que je retiendrai :

Celle du Tadjik reconduit à la frontière qui, ne comprenant pas la langue, réagi à contre-temps.
Lien : http://alexmotamots.fr/?p=2198
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