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Citations sur Mourir et puis sauter sur son cheval (9)

Le calme. Le calme. Il en cimente toute la maison, avec cette gravité qu'il jette comme du sable sur les départs de feu : fous rires, chagrins, enthousiasmes, trop fortes joies. Que ça puisse déborder, exploser, sortir de ses limites... il veille à l'empêcher avec un savoir-faire d'infirmier des asiles.
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Des Eves noires à la hanche fleurie. Un chevalier à pourpoint d'oiseau et tête de chardon rouge. Les adorateurs d'une fraise des bois, nus, adorablement. Cohue qui sort de l'eau pour régresser dans l'oeuf blanc dont on se demande bien qui le refermera, et comment. Cabrioles d'amour, le poirier ventre à terre, et les orteils là-haut en colloque muet. Le paradis ne peut être que miniature, ou plutôt le lieu d'une inversion des échelles.
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Seul me porte vers les livres le désir d'y trouver ce que je ne soupçonnais pas, et c'est pourquoi je déteste les faiseurs de bouquins, les romances ficelées, cousues d'astuces, farcies de diables à ressort, de pièges à souris.
p. 32
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- Dis, c'est un miroir ou un trou de serrure ?
- Hein ?
- Dans ton bouquin, tu regardes vivre les autres ou tu ne vois partout que toi ?
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"À l'aube, les arroseuses mouillent la poussière des rues ; elle reviendra avant midi cet empêchement de voir et de respirer que l'on croyait à demeure chez les porteurs de babouches et de sombrero. Poudre de briques, plâtre des murs et des plafonds ; on dit que trois cent mille bombes sont tombées sur la ville.
Un gamin d'une quinzaine d'années est assis dans la vitrine crevée d'un marchand de livres d'occasion. Le bâtiment menace ruine, il a perdu son toit et son dernier étage, les occupants ont été évacués. Dans son costume de laine, avec une cravate qui ressemble à la ceinture d'un vieux peignoir, le bonhomme est en pleine lecture. Il a le pied sur une pile bien ordonnée - son premier choix - tandis que tous les autres livres, au sol et jusque sur le trottoir, s'étalent, se chevauchent et font les écailles d'un dragon terrassé. Il y a là comme une sécession et la guerre s'en trouve repoussée à mille lieues, au diable.
- Dis, c'est un miroir ou un trou de serrure ?
- Hein ?
- Dans ton bouquin, tu regardes vivre les autres ou tu ne vois partout que toi ?"
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Ceux qui attendent ne manquent rien , par ce que attendre ce n'est pas différer. C'est jouir non seulement de ce qui est donné ( c'est à dire tout, toujours et simultanement, c'est à dire presque rien ) , mais aussi de ce qui , peut etre, ne le sera jamais , et à quoi l'on ouvre en soi un espace.
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Si l'on a vécu son enfance dans une absolue liberté et que l'entrée dans l'age adulte ne s'est assortie d'aucun harnais, d'aucune obligation ni désir de servir, de consacrer les bonnes heures du jour au travail, aux soins des enfants ou des animaux, alors, la faim de liberté se déplace, elle mute, elle trouve aussitôt d'autres murs à quoi se heurter, d'autres insuffisances : la société, bien sur, la liberté qu'on n ' a pas de faire ceci, d'etre cela, mais aussi la limitation du corps et la limitation de l'esprit.
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Sentir l'écoulement et nom l'accumulation des jours.
Le poisson ouvre la gueule face au courant et se laisse traverser. L'eau s'enfuit par ses ouïes. Il respire. Les poumons , comme l'estomac sont un organe exemplaire.
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De loin, on dirait une grange. Sous la charpente, ce sont de forts râteliers munis de crochets où pendent les carcasses en attente d'enlèvement. Demi-porcs, demi-génisses demi-moutons sans pieds ni tête. La chaîne de levage pour la mise à mort est à l'entrée, à l'aplomb du portique. Soulevée par une patte, la bête vient d'être frappée au front avec un lourd maillet qui ne l'assomme qu'à demi. Elle tremble, se tord comme un épileptique quand le couteau lui plonge dans la gorge. (Ce maillet, est-ce par dérision que les Français l'ont appelé merlin?) L'œil de l'animal s'imbibe, aspire le plus possible, se révulse et s'éteint. Ca n'est pas la mort qui est abominable ici c'est la moisson. C'est d'avoir fait vivre et se multiplier, c'est d'avoir élevé des êtres-pour-la-mort. Que l'on a portés au monde pour les tuer.
La main ouverte, le bras tendu, j'arrête les hommes qui me regardent vomir : ne me touchez pas.
Une porcherie est un cristal politique. Il n'y a d'avilissement des espèces animales qu'à proportion de celui des hommes. Et c'est à dessein que l'industrie alimentaire nous prive de la prédation, de la dévoration : l'homme est nourri comme sont nourris les animaux de boucherie.
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