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EAN : 9782864329190
90 pages
Verdier (02/03/2017)
3.75/5   12 notes
Résumé :
Enfants de rois, de paysans ou de bourgeois, les personnages de ces quatre récits ont ouvert sur le monde des yeux de premier homme : l'ordre des choses, ils entendent l'éprouver, en restant sourds aux "vérités éternelles". Ce sont alors des assauts et des ruses, des solidarités intempestives et de soudains dégagements. Liberté, égalité, fraternité : les vieilles lunes sont décrochées avec tout le décor, et les voici qui se rallument, fragiles, toutes neuves, à haut... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Quatre histoires, quatre époques, quatre hommes pour illustrer ce qui est écrit au fronton de nos mairies : Liberté – Egalité – Fraternité.
Farid Imperator, alias Frédéric II, empereur des Romains à qui l'on a fait le cadeau empoisonné, suite à la mort de ses parents, de la liberté.
« Comme Frédéric, pupille du pape, est intouchable, il prend le parti de le délaisser. Il lui fait l'infamant cadeau de la liberté (car personne n'en veut, à cette heure, et le mot lui-même ne fait rêver que les fous. ».
Il vit en Sicile, à Palerme ville arabo-normande « On y aimait tant les différences qu'on en inventait quand, faute de vent, il en venait moins ». « Frédéric choisit ses maîtres parmi les Arabes et les Gréco-Syriens ; son appétit de connaissance les enchante, sa vivacité les émerveille ». Il n'a que huit ans. Sa vie fut un long combat contre la papauté. Il a su « conquérir la moitié du monde sans jamais tirer l'épée ».

Avec son armée et sa bande, il fonde, devant Palerme, au lieu d'un camp, une ville qu'il baptise « Victoria »
Frédéric, parti à la chasse, Victoria est détruite par les Parmesans. Basta ! « L'empire s'effondrera bientôt.
« Quelle importance ? Il n'était fait que d'un jeu d'écritures. »

Saut dans le dix-huitième Siècle. Honoré Mirabel, est un homme heureux
« Quand les branches des cerisiers sont lourdes de cerises, quand je vais boire mon pot de vin sur la Veaune, après la cueillette des azeroles, je suis heureux. »,
mais, il ne s'appartient pas.
« Tout me plait en ce monde et il ne me va pas Je voudrais que tout change sans que rien ne se perde. »
valet de ferme, issu de serfs, il annonce qu'il a trouvé un trésor et… Que la fête commence. Il fera bombance sans débourser un liard, embobinera le bourgeois, pour finir aux galères.
« Au vrai, je n'ai pas volé grand-chose, mais je crois que j'ai fait pire à leurs yeux : j'ai blasphémé l'argent. »
Son comparse, Auquier sortira de prison, mais la leçon de Mirabel n'est pas perdue
Pour la troisième nouvelle, je rencontre Miguel Samper, jeune espagnol qui va s'enrôler dans l'armée populaire combattre Franco, pour l'égalité (il y croyait) pour ne pas rester chez lui et risquer de faire des saloperies comme
« Les vainqueurs se livraient aux saloperies. Et même les pauvres diables, pour peu qu'on leur ait donné un fragment de pouvoir. Alors, pour faire face au salaud que l'on porte en soi, pour étouffer le porc tout au fond de son ventre, mieux valait retourner au front, fusil contre fusil, ou la pelle à la main. du moins, c'était encore ce que je croyais ».
Il subit, des républicains, les mêmes vilénies qu'il dénonce chez les phalangistes. Il trouve toujours le moyen de s'évader, de retrouver une certaine liberté. En fin de compte, il se retrouve dans un camp à Argelès alors qu'il voulait lutter
« pour les copains, pour le matin du monde, pour l'égalité »
« L'égalité est à la fois le passé et l'avenir de notre histoire. Il finira le temps des caciques, de ceux qui possèdent davantage que leur regard ne peut embrasser, même s'ils montent sur le toit. Il finira le temps de ceux qui font le tour en auto de terres dont ils ne sauront rien, sinon le rendement l'hectare. »
Désolé Miguel, mais cela n'a pas beaucoup changé, peut-être même un peu empiré.

Denis, l'onagre du quatrième récit, fabrique et colle des stickers à hauteur du coeur
« Il dit que s'il imprime petit, c'est, en quelque sorte, afin de choisir les lecteurs ; si une personne s'arrête, se penche, sort ses lunettes, c'est qu'elle a encore de la curiosité, et aussi l'espérance que quelque chose d'important peut lui être donné par un semblable, sans puissance ni relais ni porte-voix ».
C'est un anar, qui prend d'assaut, avec d'autres comparses, un bateau-restaurant amarré dans le port de Marseille, offre un feu d'artifice aux prisonniers des Baumettes. Il est à part, il a toujours été à part, dans la meute, dans le groupe. Jamais il ne renonce à sa liberté, son indépendance… qu'il battrait bien en brèche pour Mathilde, s'il arrive à la sortir du groupe.
Le point commun à ses quatre hommes est leur besoin d'indépendance, de liberté. Faire plutôt qu'attendre.
Ils décident de leur vie, du bon ou mauvais côté, veulent vivre leurs aventures intensément. Ce sont des rêveurs, mais pas de doux rêveurs car ils ont en eux un jusqu'auboutisme qui les poussent à aller, à ferrailler, à titiller jusqu'à ce que la pirouette les transportent ailleurs
Lorsque je lis un livre de David Bosc, je vois un tableau se confectionner avec ses mots, sous mon regard. Son écriture est lourde du sens qu'il donne aux mots. Elle me fait penser à ses vignobles caillouteux qui donnent un vin qui tient en bouche et qui, une fois dans la gorge exprime sa vitalité, sa rondeur et dont on se souvient.
Je me dis qu'en ces périodes électorales où nous dépassons les cinquante pour cent d'abstention, ce serait une bonne chose que de faire circuler ce livre. A bon entendeur….
Les éditions Verdier m'ont permis de redécouvrir David Bosc. Je les remercie de leur politique éditoriale exigeante. J'y ai fait de belles lectures qui me donnent l'impression d'être moins sotte.
Livre lu dans le cadre d'une opération Masse Critique de Babelio. Merci à eux pour cette lecture.


Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Ce livre est constitué de quatre nouvelles : Farid imperator (9 pages), Mirabel (18 pages), le Grelot (21 pages) et Un onagre (26 pages). Il est important de noter qu'en dehors de la nouvelle Mirabel, ces récits ont déjà paru dans des revues ou des journaux.

Ces nouvelles ont la particularité d'avoir pour cadre des environnements très différents : le XIIIième siècle, le XVIIIième, la guerre d'Espagne et Marseille dans les années 2000. J'aurais bien du mal à trouver une unité parmi ces récits (et cela ne me dérange pas le moins du monde). Les atmosphères et l'écriture de David Bosc varient d'une nouvelle à l'autre et cela mérite d'être souligné selon moi.

Dans Farid imperator, on suit Frédéric (fils d'Henri VI) et en particulier sa campagne à Parme. On trouve dans cette nouvelle beaucoup de personnages, l'histoire est rythmé par des phrases assez courtes mais l'ensemble est beaucoup trop court (et rapide dans l'écriture) pour que je sois emporté.

Dans Mirabel, qui est un valet de ferme dans les environs de Marseille, le héros trouve un trésor grâce à un fantôme. le développement qui s'en suit m'a paru un peu flou et l'écriture m'a semblé un peu vieillotte. le style est aussi particulier, l'auteur recourt à beaucoup de parenthèses pour évoquer les pensées de Mirabel (ce genre d'effet de style me pose problème).

Dans le Grelot, on suit Miguel aux alentours de la guerre d'Espagne. Encore une fois, le récit est trop elliptique, surtout pour qui ne connaît pas bien cette guerre (comme moi...). On a ici vraiment affaire à un rendu d'atmosphère plus qu'à un récit.

Enfin dans Un onagre (la nouvelle qui m'a la plus conquise), on suit Denis et sa bande d'anarchistes dans Marseille à l'époque où Nicolas Sarkozy était au ministère de l'Intérieur. L'ambiance et les personnages prennent plus d'ampleurs dans ce texte (on pourra quand même regretter les nombreuses mentions des rues, quartiers, bars marseillais qui surchargent le récit selon moi).

Finalement, j'ai lu dans ce court recueil quatre histoires complètement différentes dans leurs développements et leurs écritures (ce qui est une prouesse), les trois premières histoires m'ont paru lointaines (par leurs contextes) et trop floues pour véritablement m'emballer, la dernière m'a convaincu et aurait mérité d'être plus travaillé, voir transformé en roman plus ample.

Merci aux éditions Verdier et à Babelio pour ce cadeau via l'opération Masse Critique.
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"Relever les déluges" est un recueil de quatre nouvelles d'une écriture limpide, poétique, qui font voyager à travers le temps pour découvrir un peu de la folie des hommes. Folie de puissance, folie d'argent, folie d'idées.
David Bosc semble plus à l'aise pour introduire les histoires passées que le récit du présent, mais dans tous les cas c'est bien l'humanité des personnages qui l'emporte dans la balance des récits, et les rend chacun inspirants de manière différente.
Ce "Relever les déluges" est au final un ouvrage court, qui transmet son discours humaniste avec élégance. Dont on n'a aucune raison valable de se priver finalement.
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Ce livre avait tout pour me plaire: son titre tiré d'un poème de Rimbaud et son éditeur qui sous ses couvertures jaunes nous livre des textes ciselés comme des diamants.
Et je ne suis pas déçue car les quatre récits qui composent ce livre ont une écriture dont la singularité et l'intelligence marquent le lecteur.

Chaque texte trace le portrait d'un homme dans une langue réinventée pour le narrer.
Il souffle dans ce petit livre un vent de liberté et d'humanité.

Merci aux éditions Verdier et à l'opération Masse Critique de Babelio de m'avoir fait découvrir cet auteur.
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Quatre hommes contre l'ordre du monde, pour leur liberté, l'égalité ou la fraternité. Quatre nouvelles somptueuses.

Les personnages de David Bosc apparaissent comme des rêveurs démesurés ou des fous, épris d'un idéal ou d'une liberté qui souvent se refusent.
Après la vitalité enfiévrée et généreuse de Gustave Courbet dans «La claire fontaine», le geste illuminé et inexplicable de Sonia Araquistáin dans «Mourir et puis sauter sur son cheval», David Bosc orchestre, avec sa densité coutumière, dans ce court recueil paru en mars 2017 aux éditions Verdier, les portraits de quatre hommes qui ne se laissent pas abattre en dépit des déluges. Trois de ces quatre textes placés sous le signe des «Illuminations» d'Arthur Rimbaud étaient déjà parus en 2015 dans L'Humanité, Décapage et La couleur des jours.

La suite sur mon blog ici :
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
L’égalité est à la fois le passé et l’avenir de notre histoire. Il finira le temps des caciques, de ceux qui possèdent davantage que leur regard ne peut embrasser, même s’ils montent sur le toit. Il finira le temps de ceux qui font le tour en auto de terres dont ils ne sauront rien, sinon le rendement à l’hectare.
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Et pour qui, le bûcher ? Pour le tyran, le curé, le facho, le colon. Mais surtout, pour le bourgeois. Pour cet être égoïste, prévaricateur, accapareur et parasite, nourri de la sueur et du sang des opprimés - cet être auquel on doit l'invention de l'individu, le miracle de la solitude, la mélancolie, la floraison et la défense des arts, cet être dont la disparition imminente va nous précipiter dans un vacarme de chenil ou de porcherie. Décidément, ça n'est pas simple.
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En écrasant le petit mégot de la troisième cigarette, en me tournant vers la paroi branlante, en remontant mon col contre mes joues, j'ai enfin pu laisser cet homme dans son couloir, celui de sa vie, avec toutes les portes qu'il était libre d'ouvrir ou de laisser fermées, et dont une au moins donnait sur le vide - dans quoi il pouvait sauter après s'être noué, comme une écharpe, tout le couloir autour du cou.
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Devant les murs de Parme, Frédéric a bâti une ville au lieu d’un camp. Il est la Stupeur du Monde et ne doute pas, quand viendra le printemps, de pouvoir écraser ce nouveau nid de Guelfes. Il a cinquante-trois ans, il est heureux, il vient d’échapper à une nouvelle tentative d’assassinat, et qu’elle ait été organisée par le pape ajoute à son plaisir.
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Passant ses doigts épais dans les cheveux du gosse, la femme, à voix basse, sans colère, semble dire à la vie ses quatre vérités.
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Vidéo de David Bosc
Dans le cadre du banquet d'automne "Le travail de la langue" qui s'est déroulé à Lagrasse du 29 au 31 octobre 2016, s'est déroulé une table ronde avec les écrivains David Bosc, Maylis de Kerangal et Hélène Merlin-Kajman : Comment je travaille la langue.
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