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Citations sur Le mas Théotime (46)

(Le soir) J’en étais réduit à jouir, tout seul, et bien amèrement, de l’odeur lunaire des arbres et quelquefois, au moment du coucher de la vieille planète, j’entendais le souffle d’une brise qui se déplaçait dans le doux monde des feuilles.
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Quelquefois je me mettais à genoux pour mieux tailler et je disparaissais au milieu des jeunes feuillages qui me touchaient les joues. J'aurais voulu n'en plus sortir, m'enraciner, faire corps avec les sarments.
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Je soupçonnais depuis longtemps qu'à Théotime nous menions, Geneviève et moi, une vie déraisonnable. Mais ses délices, à la fois innocentes et troubles, nous prenaient par tant de douceur et d'amertume passionnée que nous ne savions plus nous détacher de ce monde irréel, créé par nous, pour la satisfaction d'un amour étrange (chapitre VIII - page 207).
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Au bruit de mon pas, Geneviève, qui se tenait debout devant la cheminée, retourna la tête et me sourit.
Je m'arrêtai, saisi d'étonnement. Elle n'avait pas changé.
Je ne m'attendais point à cela ; et quoiqu'elle fût devant moi, pareille à celle que j'avais connue, je n'en croyais pas mes yeux. Elle avait même retrouvé quelque chose de cet air grave et convaincu qu'elle avait naturellement quand elle parlait aux arbres du jardin, dans son enfance. Et cependant elle se dressait, grande, mince, d'un seul jet ; non pas femme, mais jeune fille, tant il restait encore de fraîcheur dans ses yeux, qui s'étaient attendris en me regardant (chapitre II - pages 51-52).
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En août, dans nos pays, un peu avant le soir, une puissante chaleur embrase les champs. Il n'y a rien de mieux à faire que de rester chez soi, au fond de la pénombre, en attendant l'heure du dîner. Ces métairies, que tourmentent les vents d'hiver et que l'été accable, ont été bâties en refuges et, sous leurs murailles massives, on s'abrite tant bien que mal de la fureur des saisons (incipit).
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c'était vraiment l'été, mais un été sans ouverture sur la plaine, ni colonne d'azur, au loin, du côté du fleuve. Un été à soucis, où l'on n'entendait pas la respiration des campagnes et, au milieu duquel, tous les cinq, acharnés au travail, nous battions sur nos aires avec des visages sombres, parce que nous avions le coeur triste et que nous redoutions la puissance de la terre.

NDL : Les hommes battent le blé avec des fléaux
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(...) mais je subissais les attaques, de plus en plus ardentes, de cette jalousie qui est la force basse et orageuse de l'amour. Comme toujours, dès qu'elle frappe notre esprit, elle l'immobilise et l'enfièvre; car, tout en le fixant à une idée atroce, elle en active la subtilité au point de le rendre capable d'apporter à notre douleur ces irréfutables raisons qui nous poussent à la démence.
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Il y a ainsi des douleurs pures qui se contentent de nous faire souffrir également sur toute l'étendue de l'âme. On les apaise, pour peu qu'on en comprenne l'innocence et qu'on s'abandonne soi-même à un mouvement tendre. Mais je ne suis guère capable de tels abandons. Pour que je le fusse, il faudrait que j'eusse naturellement cette fatuité, cependant si commune parmi les hommes, et qui les porte à croire qu'on les aime.
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Geneviève était Métidieu jusqu'à la racine des ongles. Elle ne vivait pas, elle dansait Sa vivacité me déchirait le coeur. Car mon amour est lent à se poser ; il lui faut des objets un peu lourds et qui longtemps restent en place. Pour aimer j'ai besoin d'abord de m'attendrir et non pas d'admirer. Mais d'ailleurs comment admirer (du moins sans jalousie) une âme qui rit en plein vol quand on ne peut soi-même s'élever que faiblement au-dessus de la terre ?
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Il parlait trop bien, l’abbé Chichambre. Il avait l’éloquence du coeur. Elle l’emportait tout à coup si loin que jamais il ne finissait son prêche sans vous recommander, non seulement la charité chrétienne envers les hommes, mais encore (ce qui est rare à la campagne) un peu de bonté pour les bêtes.

- Mes enfants, nous disait-il, vous pensez bien que ce n’est pas simplement pour se donner un divertissement agréable que Saint François d’Assise a parlé aux pinsons et aux bergeronnettes. Si le Paradis est un jardin, il y pousse des arbres ; et s’il y pousse des arbres, comment voulez-vous qu’il n’y vienne pas des oiseaux ? Alors est-ce que vous vous voyez là-haut en train de dénicher des roitelets à la barbe des anges ? Quel affreux scandale ! Saint Pierre aurait tôt fait de vous lancer, la tête en bas, les pieds en l’air, dans le trou le plus noir du Purgatoire. S’il en est ainsi, pourquoi donc voulez-vous qu’un crime qui, au ciel, paraîtrait abominable, devienne un péché gros comme le doigt, sous prétexte que vous habitez à Peïrouré sous les platanes ?

Il n’y avait rien à répondre à cette question éloquente. C’est pourquoi, sans désemparer, l’abbé concluait d’une voix forte :
- Et maintenant que j’ai parlé, j’espère qu’on ne verra plus Antoine Toquelot faire omelette avec des œufs de rossignol à l’ormeau de la Bastidone ni Claudius Saurivère taquiner le canari de
Mme Calboutier, comme il le fait, toutes les fois qu’il passe sous sa fenêtre, rue de la Vieille-Citerne.

L’abbé se taisait.
Nous cependant nous n’avions garde de bouger, car nous savions qu’on allait entendre autre chose.
L’abbé ayant repris haleine, tiré son grand mouchoir à carreaux, reniflé, soufflé, replié lentement l’étoffe, prenait son temps pour réfléchir, puis finissait par dire :
- Hé bien ? qu’est-ce que vous attendez là avec vos grandes oreilles ? J’ai parlé, il me semble…
Allons, ouste ! … Prenez la porte !...
Comme personne ne bronchait encore, il nous regardait un moment, hochait la tête, puis ajoutait sur un ton confidentiel :
-Et maintenant, si vous voulez faire plaisir à votre vieux curé qui somme toute vous aime bien, soyez bons pour l’âne Culotte.

« L’âne culotte » : Henri Bosco
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