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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Tu dois être la jeune femme la plus heureuse du monde". Ce sont les mots de Marie-Ange, dans son bureau d'aide aux réfugiés, lorsqu'elle tend à Layla sa convocation pour être naturalisée. Layla va relater son parcours plus que difficile pour enfin "devenir française" ; mais cela veut dire quoi "devenir française" ?

Layla vit dans un hôtel, le "Dorothy", où elle vit en communauté avec d'autres réfugiés, un hôtel social plus que douteux, un peu à l'abandon, mais tellement vivant. Layla cohabite avec des personnalités hauts en couleurs, où chacun a sa propre personnalité, sa propre histoire, ses propres malheurs, où tout le monde aimerait devenir français.

Leila Bouherrafa ne passe pas par quatre chemins pour nous donner sa vision des lois françaises en matière d'accueil et de naturalisation des réfugiés. Elle nous livre un roman avec des thèmes forts, d'actualités et pas toujours facile en France : les réfugiés, l'Islam, les hébergements, les sans-abri, la précarité, la pauvreté..

Ce roman est un mélange de poésie, d'humour et d'émotion, on ne peut qu'être charmé par le style atypique de Leila Bouherrafa. Un style d'une grande pertinence qui fait que l'auteure détaille et écorche le système française avec bon sens.

Bref, un roman très contemporain, où Leila Bouherrafa dénonce à travers l'humour et la triste réalité des choses, les différents dysfonctionnements et la vraie vie, de jeune comme d'ancien réfugié ou non, des laissés-pour-compte, qui rêvent uniquement d'une vie simple en France, sans pour autant être le parfait petit français comme l'Etat le voudrait. Un vrai roman d'aujourd'hui à recommander !
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Un livre magnifique que je regrette de ne pas avoir ouvert plus tôt
Merci à ma libraire qui me l'avait conseillé parmi les livres de la rentrée littéraire d'Aout où il est passé quasi inaperçu
Tous les problèmes d'émigration sont traités d'une façon originale.
Une caricature gentillette de l'administration française.
Une écriture très poétique dont on a envie de recopier des passages.
Lisez le livre facile à lire , une bonne peinture de notre société.
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Ce roman aborde des thématiques humaines essentielles de manière habile, drôle et subtile au détour d'une fausse candeur. Ce roman c'est un peu le miel qui viendrait s'enrouler autour du bonbon tout en ayant un coeur coulant. Je ne vais pas vous en toucher un mot mais plusieurs car oui « en France on peut toucher les mots ».
Elle s'appelle Layla et va obtenir la nationalité française. Tel un totem, une carapace dorée qu'on pourrait ériger en talisman. Pourtant, être français relève pour certains du fantasme, pour d'autres une honte. Au détour de personnages secondaires singuliers et possédés sous la plume corrosive de Leïla Bouherrafa, la narratrice avance à pas feutrés avec cette voix qui tourne dans sa tête, sacrée anguille.

Moi aussi " j'ai senti ma peau se sillonner, se craqueler, se fissurer, doucement » à sa lecture. Il y aurait beaucoup à dire sur ce roman subjuguant qui frôle avec affront les délices de thématiques sociétales parfois taboues. Nul doute que quiconque lira cet ouvrage ne restera pas indifférent à ce langage, à ce souffle nouveau dans une littérature parfois trop raisonnable. Tu mérites un pays. Tu mérites aussi des lecteurs car tu rayonnes par ta fougue et ton absence de filtre. Fais l'anguille Leyla, continue de faire jaillir l'électricité qui est en toi.

Elle loge dans l'hôtel social Dorothy où l'on met les gens pas encore français qui ne pouvaient aller nulle part. Elle nettoie les toilettes du café de Madame Cheng qui évite aux gens de déféquer dans la rue, croise Momo au regard tendre et à la longue barbe vilipendée par la mairie de Paris mais aussi la Dune qui vend des fleurs d'une grande mocheté, alors que son immeuble vient de s'effondrer. Cette galerie de destins de vie m'émeut pendant que j'écris cette humble chronique. Sas tomber dans un marasme criant de bons sentiments, sans jamais faire pleurer dans les chaumières, Leïla Bouherrafa écrit vrai et juste. J'ai beaucoup souligné, entouré, encoeuré dirais-je même, un peu comme dans un classique qu'on redécouvre des années après. Car oui j'ai pensé à Romain Gary, Boualem Sansal ou Albert Camus à la lecture de ces phrases répétitives entrant dans la tête comme dans le coeur.

Chacun d'entre nous connait sa « déformation professionnelle », celle des hommes est particulièrement mise à mal, on sent ainsi une immense déception dans la langue de Layla. Avec des anaphores sur chaque titre de chapitre comme s'il s'agissait d'un traité, le personnage principal vient vous accrocher au cou et ne vous lâchera plus. Contrairement à l'administration française qui ne connait « ni poésie ni sentiment », Layla est une poète malgré elle tant ses punchlines viennent percuter nos mirettes. À la fois décisif et incisif sur l'identité et ce qu'elle devient au moment d'une naturalisation, de ce passé que l'on doit enfouir sans en perdre l'essence, ce roman revêt toutes les qualités d'un livre qu'on ne peut oublier.

Quand je vous disais que j'avais beaucoup souligné et vous n'aurez que le bout de l'iceberg mais je ne peux m'empêcher d'en partager une dernière avant de vous quitter. Tout en parlant du langage et de sa transmission, de cette faculté à mettre un mot sur un animal entre le serpent et le poisson, au doux nom d'anguille, de la difficulté d'entrer en contact avec autrui lorsque les codes d'apprentissage sont brisés. Vous allez penser que j'exagère. Même pas car ce roman est aussi celui d'une critique sociétale, d'une satire de certains préjugés de l'étranger, tout du moins de celui qui ne nous ressemble pas. Celui qui doit connaitre les ministres de son gouvernement ou devenir français uniquement par un dictionnaire en abandonnant l'humanité et la culture qui est la sienne. Ne lisez pas Renaud Camus, lisez Leïla Bouherrafa.

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Une vraie réussite, du choix du titre à l'épilogue ! J'ai été happée par l'histoire dès les premiers mots du récit. Des chapitres courts, une écriture concise, une galerie de personnages attachants que l'on découvre à travers le regard de Layla, et qui par leur vie nous font passer par une myriade d'émotions.
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La bonne nouvelle vient juste de tomber dans ce petit bureau d'aide aux réfugiés, Layla a reçu sa convocation pour être naturalisée Française. Une très bonne nouvelle pour cette jeune femme réfugiée. Mais celle-ci ne cesse de s'interroger et d'interroger le monde qui l'entoure en apprivoisant une langue qui doit devenir la sienne dans un pays auquel elle va enfin appartenir.
Sous son regard, les choses et les êtres qu'elle côtoie prennent une autre dimension. Il y a Momo qui fait tourner son manège mais donc la longueur de barbe ne semble pas être réglementaire, Sadia sa colocataire de chambre si belle et si fragile, la Dune qui vit dans la rue en vendant ses fleurs fanées. Avec sensibilité, humour et beaucoup de pertinence elle détaille, égratigne, raille notre système et nos fonctionnements. Telle une Amélie Poulain version douce amère, elle tente de donner du sens à ce qu'elle observe.

Sans prendre parti, ni politiser le sujet mais avec beaucoup de finesse l'auteure de « Tu mérites un pays » » nous livre ici un petit bijou dans une langue magnifique et poétique. On est sous le charme.
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Superbe roman, le style d'écriture est magnifique et nous emporte. C'est un livre très humain, qui parle d'immigration bien sûr, mais aussi de l'amitié, de la violence, des réalités que l'on n'imagine pas quand on n'a pas eu besoin de changer de pays. Texte très juste et très touchant que je recommande pour les personnes qui s'intéressent au sujet.
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"Tu mérites un pays", c'est l'histoire de Layla, qui va peut-être être naturalisé française. On regarde cette société que l'on croit connaitre... Et on la redécouvre à travers ses yeux ingénus, qui relèvent les absurdités de notre pays. Mais aussi les injustices, et toutes ces "normalités" qui sont en réalités intolérables.
Mais Layla ne juge pas : elle ne fait que s'interroger, s'insurger parfois, et surtout, subir ce quotidien d'étrangère... Et de femme. Elle est attachante, touchante même, pleine de poésie et de sensibilité.

Leïla Bouherrafa a nourri ce roman de son expérience professionnelle et associative, et c'est tout bonnement magnifique. Elle prête sa voix à ceux dont on parle beaucoup, mais que l'on écoute généralement pas. Et ça donne un livre d'une sublime humanité, à lire absolument indispensable.
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Layla est en France depuis cinq ans. Elle vit en foyer dans un hôtel social miteux. Elle prépare son entretien en vue d'une nationalisation française. Elle est accompagnée par Marie-Ange, par le Docteur Bailleul, par Sadia et les autres, par la vie et toutes ses péripéties avec ses belles et moins belles rencontres.
Il est des romans sombres qui deviennent lumineux mais là, nous sommes plutôt dans le schéma inverse... Layla passe d'une certaine candeur voire naïveté à la violence : violence de la prise de conscience... violence de l'espoir qui s'étiole... violence de la vie...
Un roman dans lequel l'autrice joue avec les mots, les fait danser dans une danse aussi émouvante qu'envoutante.
Un roman de perspectives qui montre à quel point tout est question de perspectives, de prisme par lequel on voit un évènement, une personne.
Un roman qui ouvre des perspectives : "tu dois mériter la France"... "tu mérites un pays" et nous rappelle que "le mérite implique la réciprocité" (p.265).
Malgré un côté très sombre, c'est un coup de coeur pour cette lecture qui m'a laissé un énorme poids sur le coeur.
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Si vous cherchez une voix singulière et forte, il vous faut lire Tu mérites un pays de Leïla Bouherrafa.
La voix en question est celle de Layla. Migrante et réfugiée dans un hôtel de Paris qui ferait bonne figure dans la liste des marchands de sommeil, Layla espère être naturalisée. Aussi s'applique-t-elle à devenir une bonne française.
Sauf qu'apprendre à être français dans un livre ne donne pas forcément les bonnes clés et qu'essayer de se sentir française est un peu renier ses origines trop fortement.
Alors Layla patauge et angoisse.

Ce récit, presque témoignage, teinté de colère mais également d'humour et d'optimisme est touchant et surtout il m'a confrontée à une réalité que je méconnais totalement. Loin des clichés auxquels on s'attendrait, les réflexions de Layla, ses questions, sont d'une naïveté déroutante mais légitime sans doute pour quiconque se retrouve apatride.

« Mériter un pays ». Cette formule, et il n'existait pas meilleur titre pour ce roman, m'a heurtée. Mériter un pays. Devoir être suffisamment bon, quelqu'un de suffisamment bien pour mériter un pays. Mais qu'est-ce que ce bon ? Comme savoir si c'est assez bien ?
Ce sont ces questionnements qui martèlent l'esprit de Layla et qui résonnent et raisonnent le mien comme ils pourraient le faire avec le vôtre !

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Qu'est-ce qui rend heureux ? Pour Layla, c'est censé être le moment où elle reçoit sa convocation à son entretien de naturalisation. Il faut alors qu'elle travaille pour être une bonne française.

On suit cette jeune femme un peu naïve, qui pourtant comprend mieux certaines situations que ce que l'autrice voudrait nous faire croire. Naïve mais pas crédule sans doute. Elle gravite au milieu d'une galerie de personnages entre le loufoque et le désespoir. D'un hôtel miteux à une place de manège, il est question des sujets brulants : l'islam, les sans-abris, les réfugiés, les hébergements d'urgence... La France se mérite.

Mais très vite, on bascule dans une écriture très poétique, presque musicale. Chaque titre de chapitre commence par Sur... révélant une litanie qui berce la lecture. Puis on arrive à ce fameux entretien et ses questions un peu farfelue et sur cette fin ouverte.

J'ai vraiment apprécié ma lecture. Ce roman m'avais tapé dans l'oeil lors de sa présentation à la journée Page des libraires et finalement c'était pour une bonne raison. Je suis vraiment passé par plusieurs émotions allant jusqu'à parfois vouloir sortir le personnage du roman pour lui dire d'aller plutôt là, de faire plutôt ça. J'ai vraiment vécu avec elle pendant ma lecture !

Je recommande ce titre à 200% !
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