Qui n'a jamais entendu parler de
la planète des singes (soit le film, soit le roman) ? Peu de monde. J'ai été un tout petit peu, juste un tout petit peu déçue. Pas parce que j'ai grand-chose à reprocher à ce roman, de bonne facture, facile à lire, etc...mais il n'est pas du tout à la hauteur de sa célébrité. Sans spoiler le début, ainsi que la fin, qui donnent le contexte général, sont absolument excellents, et en plus très différents du film, ce qui fait que le lecteur reste surpris, même si la fin du film est plus forte encore. C'est plein d'humour, y compris l'improbable éprouvette pour ramasser les messages jetés dans l'espace !
Par contre la partie centrale, le coeur du récit, le message cueillie par l'éprouvette, est terriblement vieillotte, j'ai eu l'impression de lire un texte écrit au XIXème siècle, tant par le style, que par la mentalité du narrateur. Les similitudes entre l'univers simiesque et l'univers terrestre d'Ulysse sont caricaturales et invraisemblables, l'évolution du professeur Antelle est une caricature tout aussi invraisemblable, la condescendance d'Ulysse pour les humains de
la planète des singes est imbuvable. Pourtant il y a aussi des trouvailles : la découverte d'une poupée à l'image d'un humain, les parallèles, nombreux, avec la ségrégation raciale chez les hommes. Au moins cela a-t-il l'intérêt d'obliger le lecteur à déplacer son regard : les débats entre singes ont des airs de controverse de Valladolid simiesque, les expérimentations animales sont remises en question. Mais quelle écriture vieillotte, à un point que je me suis demandée si c'était volontaire, pour rendre compte du décalage temporel entre émission et réception du message. C'est possible, mais cet aspect a plutôt mal vieilli.
Evidemment on peut y voir juste (c'est déjà pas mal) une critique de notre univers, façon
Voltaire ou
Montesquieu, très réussie, mais en même temps, il cherche à être encore plus que cela. Peut-être que c'était trop ambitieux pour un livre si court.
Un livre intéressant, très riche, mais pas un coup de coeur, ni, j'en ai peur, un vrai classique. Je lui souhaite quand même de rester toujours aussi populaire, et lu, il le mérite.