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Nina Bouraoui, confrontée aux derniers jours de la vie de son père, a réussi à confier ses sentiments et ses souvenirs pour faire vivre à ses lecteurs ces moments si difficiles. Au travers de ces lignes, elle réalise un magnifique et émouvant hommage à cet homme entré en soins palliatifs le 28 mai 2023.
J'avais déjà lu Nina Bouraoui dans Tous les hommes désirent naturellement savoir et je retrouve son homosexualité assumée dans Grand Seigneur. Ce Grand Seigneur, c'est bien sûr son père qui, malgré ses absences longues et fréquentes à cause de ses responsabilités, a su accepter sa fille telle qu'elle est pour qu'elle vive heureuse et qu'elle s'épanouisse.
Proche de la fin de sa vie à cause d'un cancer généralisé, son père se trouve dans la maison médicale Jeanne-Garnier, dans le XVe arrondissement, à Paris.
Le nom de cet établissement dont je n'avais jamais entendu parler me permet d'apprendre que Jeanne Garnier (1811 – 1853) est la pionnière dans le domaine des soins palliatifs. C'est à Lyon où, à 24 ans, elle vient de perdre son mari et leurs deux enfants, qu'elle a fondé les Dames du Calvaire, une association de femmes. Animée par une foi et un amour sans pareils pour l'humanité, elle a décidé de s'occuper des malades incurables, délaissés. Plus tard, d'autres femmes, comme Aurélie Jousset, à Paris, en 1874, ont poursuivi son oeuvre.
Je reviens à ma lecture de Grand Seigneur pour indiquer que Nina Bouraoui ne cache pas que l'argent n'est pas un problème dans cette famille qui a quitté Alger alors qu'elle n'avait que 14 ans. Si sa mère est française, Rachid, son père, haut fonctionnaire international pour l'Algérie, voyait sa sécurité menacée. Celui-ci lui avait appris que Bouraoui signifie le conteur en arabe… tout un programme pour Nina devenue une écrivaine qui compte.
Alors, l'autrice écrit encore remarquablement, réussit une impressionnante plongée dans ses sentiments, ses souvenirs, avec beaucoup de très justes et de très émouvantes réflexions.
Entre ses visites et le temps passé auprès de son père, elle rend hommage à son Amie précieuse et, surtout, elle rappelle l'existence de celle qu'elle nomme A et qu'elle aime. Au passage, elle n'oublie pas une certaine Hélène avec laquelle les relations n'ont pas été simples. J'ajoute qu'elle ne néglige aucunement sa mère et sa soeur ainsi que d'autres relations.
Ce qui m'a le plus touché dans ce récit, c'est l'amour entre ce père et sa fille : c'est énorme et la qualité de l'écriture de Nina Bouraoui permet d'aller au-delà des apparences pour cultiver ce monde des souvenirs souvent enjolivés mais quelle importance ?
Dans Grand Seigneur, l'autrice réalise une recherche approfondie sur son père, ses origines, ses goûts, son enfance et sa jeunesse. Si les phrases sont longues, elles sont parfaitement maîtrisées. Au passage, beaucoup de questions essentielles sur la mort sont posées et méritent que nous y réfléchissions, ce que Grand Seigneur m'a permis.

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Il y a les souvenirs qui reviennent, les souvenirs de l'enfance, de celle de son père, les moments racontés et ceux dont on ne se souvient plus vraiment alors on brode, on invente les parties oubliées.
Il y a les moments de bonheur qui reviennent, et aussi ces instants plus tristes.
Il y a les derniers mots que l'on glisse au creux de l'oreille, les derniers mots avant de partir, les derniers mots avant qu'il ne soit trop tard. Les confessions que l'on ne veut pas oublier de chuchoter pour ne pas avoir de regrets.
Ces très belles pages, sont les derniers jours d'un homme, d'un père raconté par sa fille. Ces derniers jours avant de dire adieu. Ces derniers jours accompagnés de toute sa palette d'émotion, de la tristesse à la colère, du rire aux larmes, de l'espoir au déni.
Au fil des pages, le passé et le présent s'entremêlent. Les souvenirs d'enfance se juxtaposent au dernier instant dans cette chambre, le dernier lieu. Une chambre dans un quartier parisien, au milieu des arbres et des fleurs. La vie qui continue à l'extérieur. La vie entre deux dimensions temporelles. Une partie qui est suspendue dans cette chambre, pour les derniers jours. Une partie qui continue à vivre lorsqu'on franchit la porte. La vie en sursis s'oppose à la vie en mouvement.
Le portrait d'un homme. Un père, à la carrure imposante, au regard fier, à la volonté tenace. Un père face à la maladie. Un homme plus faible. Les membres frêles, la fragilité se ressent dans ce corps diminué. Un corps que l'on veut à la fois envelopper pour protéger et en même temps que l'on ose toucher de peur de faire mal.
Un roman aux mots doux et sensibles.
De la tendresse tout le long des pages.
Les mots pour faire son deuil, pour chasser sa tristesse, pour apaiser sa peine.
Une force de l'écriture et de très beaux mots pour conter le lien qui unit un père et sa fille.
Une magnifique déclaration d'amour d'une fille à son père.

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La douleur s'exprime de différentes façons en fonction des individus, cela est propre à chacun. Pour Nina Bouraoui, mettre des mots sur ce sentiment pénible lui permet de réaliser que son Grand Seigneur n'est plus. L'autrice décrypte et analyse ses souvenirs l'aidant à cheminer vers l'absence de celui qui pour elle est une figure paternelle unique et un modèle d'admiration. Un joli témoignage du lien et de l'amour qui unit une fille à son père.

Une écriture tendre, précise mais hélas je n'ai pas été aussi émue que je l'aurais voulu. Je le regrette vraiment car le sujet de la perte d'un proche m'intéressait beaucoup. Nina Bouraoui en abordant sa jeunesse et son homosexualité a cassé le récit qui gravitait autour de son père. Je ne doute pas ces périodes de vie soient intéressantes mais celles-ci n'auraient pas dû être traitées dans ce roman. Je garderai donc en mémoire une jolie déclaration d'amour d'une fille à son père.

http://www.mesecritsdunjour.com/2024/05/grand-seigneur-nina-bouraoui.html
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Hommage posthume.

Nina Bouraoui prend la plume suite à la mort de son père.

Ce livre est un hommage. Un hommage au père de Nina Bouraoui. Alors que son père vit ses derniers jours dans une maison de santé, l'auteure se réfugie dans l'écriture pour faire face à la douleur. Souvenirs et présent s'entremêlent dans la narration. La plume poétique de Nina Bouraoui rend ces moments aériens, hors du temps.

Le père de l'autrice a eu une vie tumultueuse. Haut-fonctionnaire algérien, il a côtoyé de nombreuses personnalités et échappé à un attentat. Nina Bouraoui imagine également les secrets que son père aurait pu garder.

Ce livre est très touchant. L'émotion est présente de la première à la dernière page. J'ai ressenti toute l'admiration et la gratitude de l'autrice pour ce père extraordinaire. Élevée comme un garçon, Nina Bouraoui aura eu une place à part dans la vie de son père. Place qui ne changera pas à l'âge adulte avec la découverte de son homosexualité. Les dernières pages sont magnifiques, le plus bel adieu qui soit.

Bref, ce livre est un très beau témoignage, celui d'une vie et d'une très belle relation père-fille.

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE 2024.
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Grand Seigneur de Nina Bouraoui



Premier livre que je lis de Nina Bouraoui, auteur très médiatique, invitée des plateaux à chaque parution d'un de ses nouveaux ouvrages. le livre, plutôt un récit qu'un roman ou un essai, relate avec émotion sa relation intime avec son papa en fin de vie, admis dans une maison de soins palliatifs à Paris.
Premier livre pour moi et première déception. J'ai trouvé le livre mal construit, très décousu et maladroit dans sa rédaction et son propos, avec un style d'écriture certes de qualité, mais où la patte de l'écrivain professionnel est trop voyante. Si je comprends parfaitement qu'elle ait eu besoin de coucher sur papier sa relation, ses impressions, sa terreur de voir partir son père, de donner un grand coup d'oeil dans le rétroviseur de sa vie, mon sentiment est que son récit, mal cadencé, mal rythmé, part dans plusieurs directions successives. Si la place du père est centrale, une partie non négligeable du propos est lié à son homosexualité, comme si elle-même ne l'avait pas complètement intégrée, avec « le presque besoin » de faire accepter sa « singularité » par son père, si cela n'était pas déjà fait. J'ai été très surpris par sa démarche. Beaucoup de détails concernant le reste de sa famille (sa maman, peu présente au fond) et d'autres personnes intimes déconstruisent une part de son histoire au fond peu captivante pour le lecteur. Ce qui aurait dû nous émouvoir, les derniers jours de son père, dont finalement on apprend peu de choses sur la biographie, la place des soins palliatifs et sa façon de les vivre, de les ressentir et d'en témoigner est très peu abordé. L'émotion n'est pas au rendez-vous, pour moi lecteur, et j'ai refermé le livre avec le sentiment d'avoir lu par erreur une histoire familiale privée qui ne me concernait pas. Je suis resté étranger à un livre trop personnel et trop égocentré, et je le regrette, à un propos, qui n'a rien d'universel ce qu'il aurait dû être et donc, dans lequel on ne peut ni s'identifier ni même se retrouver. Dommage.

PS : Cela ne m'empêchera pas de faire, un jour, une autre tentative avec cet auteur.
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Bien que la qualité de l'écriture de Nina Bouraoui soit indéniable...j'ai eu du mal à lire son livre jusqu'au terme. J'ai trouvé que son histoire était beaucoup trop personnelle, presque nombriliste pour qu'elle arrive à me captiver et à la partager.
Cependant pour l'avoir aussi vécue, la fin de vie d'un être cher en soins palliatifs est réaliste.
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Le père de Nina Bouraoui est sur le point de mourir d'une très grave maladie. Dans ces derniers instants, sa famille l'entoure et Nina se retourne sur ses souvenirs avec son père, ce grand seigneur.
C'est un texte emprunt de tendresse.
C'est un témoignage d'amour d'une fille pour son père.
Elle essaye de faire face à la perte de son père au mieux.
En revanche, même si c'est très bien écrit. Je me suis perdue dans les phrases très longues. J'ai eu le sentiment que l'auteure prennait de la distance avec ses souvenirs pour mieux les analyser, sans se perdre dans l'émotion. du coup, je n'en ai pas ressenti autant que je m'y attendais.
Bref, c'est un roman digne et tendre.
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Au moment où son père décède, notre autrice raconte ce qu'elle a partagé avec cet homme-modèle, sa vie politico-diplomatique secrète aussi. Et surtout comment elle envisage cette future perte. Comment on fait, dans quel état on est quand il s'agit de choisir le dernier costume ? Comment on dit au-revoir quand on envisage l'inévitable. de belles phrases, mais globalement un témoignage très personnel. Voilà voilà !
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Pourquoi ai-je eu envie de lire ce texte ? Ayant manqué d'une figure paternelle petite, je suis avide de vivre cette relation si particulière par procuration. Epaulant, ces derniers temps, ma vieille maman qui perd de sa force et s'étiole, semaine après semaine, j'ai eu envie de découvrir comment d'autres percevaient ce changement de statut, ce passage de l'enfant à l'adulte aidant.

Parce que, quoi qu'on en pense, on reste un enfant tant que nos parents sont encore là ; leur fin constitue un nouveau passage à l'âge adulte. C'est aussi ce que nous explique Nina Bouraoui dans ce roman : elle nous parle de son père, certes, mais elle nous parle surtout d'elle (et donc de nous), de cette peur qu'elle a de perdre une partie de son « toit », d'avoir à se reconstruire une maison sans LE patriarche qui a fait d'elle ce qu'elle est.

J'ai aimé les remontées, très désordonnées, dans les souvenirs d'enfance, qui donnaient une image éclatée de cet homme présenté davantage comme une idole que comme un papa-gâteau. J'ai moins aimé les retours sur certaines relations de la jeunesse de l'autrice, relations avec lesquelles elle a apprivoisé son homosexualité. Je conçois cette souffrance passée, ce besoin de rendre des comptes (on en vient encore à se dire que la disparition des parents fragilise, remet en question beaucoup de notre construction et de nos choix passés, oblige à un recul sur ce qu'on a vécu), mais je trouve que ce livre, bel hommage au père et, à la fois, au corps médical qui accompagne, n'était pas le lieu.

Mais c'est mon humble avis et je m'en veux de juger cela : on sent que Nina Bouraoui a traversé une étape difficile de sa vie, que ce roman l'a aidée, qu'il lui a permis de dire ce qu'elle n'a pas forcément su dire au père. Forcément, la complexité des sentiments ressort et ne peut pas toujours être cadrée dans un tel moment. Comment le vivrais-je, moi ? M'en sortirais-je aussi bien?
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En mai 2022, le père de Nina est admis en soins palliatifs au centre Jeanne-Garnier, dans la chambre 119 ; il est entouré de sa femme et de ses deux filles et il va y séjourner pendant une dizaine de jours.

Cela va induire une réflexion de Nina sur la souffrance, la maladie, la mort, le deuil mais en parallèle les souvenirs d'enfance remontent à la surface. Elle évoque ainsi cet homme brillant et cultivé qu'est son père, l'exil, car il a dû quitter son pays natal, l'Algérie, au moment où sévissait la violence.

Elle évoque aussi ses absences, elle guettait ses retours avec impatience, car comme elle le dit si bien il était « l'homme de sa vie », et ce sera le seul en fait, celui qui l'a aidée à se construire. Elle faisait tout ce qu'elle pouvait dès le plus jeune âge pour qu'il soit fier d'elle, même s'il l'a élevée en garçon.

Nina Bouraoui parle de ce « grand seigneur » avec tendresse et respect, évoquant au passage l'exil, le déracinement, le couple qu'il formait avec sa mère, Bretonne, la double culture, et également son homosexualité et comment il la percevait.

Elle livre dans ce récit intimiste la progression vers la fin de vie, la manière dont son père est devenu l'ombre de lui-même, rongé par la maladie, ainsi que ses réactions vis-à-vis de la mort qui approche, ainsi que toutes les démarches qui accompagnent : choisir « la tenue » organiser le grand départ.

J'ai été touchée par sa pudeur aussi, quand elle n'ose pas le toucher ou quand elle lui parle, ainsi que la relation qui se noue avec Georges dont la soeur occupe la chambre d'en face et ne veut plus se battre.

J'ai beaucoup aimé ce livre qui m'a permis de découvrir la plume de Nina Bouraoui et je vais rester dans la même thématique avec « Kaddour » de Rachida Brakni.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions J.C. Lattès qui m'ont permis de découvrir ce livre et la plume de son auteure.

#GrandSeigneur #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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