L'intégrisme religieux est incompatible avec le droit des femmes. Dans toutes les religions, sous toutes les latitudes.
Dans le regard de ces hommes, les femmes incarnent le pêché, la souillure, la fornication, l'impureté.
Elles possèdent ce qu'ils ne pourront jamais posséder, la capacité à donner la vie. Et ce qu'ils ne peuvent posséder, il faut qu'ils le soumettent, l'assujetissent.
" Affublé d'un penis, il doit prouver" dit la jeune fille à propos de son père. Prouver qu'il domine. Et pour cela, il n'adresse plus la parole à sa fille depuis qu'elle est souillée par le sang de la puberté. Il la maintient cloîtrée pour empêcher que sa sensualité ne s'éveille sous le regard des hommes. Il est son maître jusqu'à ce qu'il puisse la donner à un mari qui l'enfermera à son tour pour qu'elle ne connaisse que la domination.
Et la mère est complice, toutes complices ces mères meurtrières à qui on a répété que c'est la tradition. Elles se soumettent à la parole des hommes, qui leur assènent jour après jour que c'est Dieu qui l'exige. Elles jalousent leurs filles qui pourraient connaître un sort plus enviable et répètent, générations après générations, le sacrifice de leur vie.
Avec lyrisme et colère,
Nina Bouraoui évoque la violence contenue de ces jeunes filles condamnées dès la naissance à un regard passif sur le monde.