AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,33

sur 136 notes
5
7 avis
4
3 avis
3
7 avis
2
1 avis
1
2 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Son seul tort est d'être née fille.
Son destin est fait d'ennui, de soumission, de solitude et de claustration.

Terrible chant d'une jeune femme prisonnière, enfermée au sens propre comme au figuré, recluse, séquestrée, otage des traditions ultra-religieuses.

Nous sommes en Algérie, en plein coeur des absurdités de la religion musulmane qui bride au maximum la liberté des femmes et les empreint de la honte de leurs corps, de la souillure que représentent leurs seules existences.
Mais ne nous y trompons pas, il ne s'agit pas ici de décrier une religion déjà trop sujet de polémiques en nos temps troublés. Ce serait oublier que toutes les religions sont disposées à de tels fanatismes, que les moeurs patriarcales de nombreuses civilisations non monothéistes font également de même. La liberté de la femme est un danger pour l'homme semble-t-il, c'est à se demander quel est vraiment le sexe fort.

Dans ce court roman, il ne se passe rien, le temps n'existe plus. La vie est absurde et vaine. C'est cela qui rend ce récit percutant et oppressant.

Nous avons là le premier roman de Nina Bouraoui, son meilleur selon moi, le plus puissant et le plus lyrique.
Il entre en résonance avec d'autres textes que je vous recommande vivement :
"Au commencement était la mer" de Maïssa Bey
"Syngué Sabour" d'Atiq Rahimi
"Mille soleils splendides" de Khaled Hosseini
"Bilqiss" de Saphia Azzeddine
"La Muette" de Chahdortt Djavann
"Le palanquin des larmes" de Chow Ching Lie
"La servante écarlate" de Margaret Atwood



Commenter  J’apprécie          400
« le corps est le pire des traitres, sans demander l'avis de l'intéressé, il livre bêtement à des yeux étrangers des indices irréfutables : âge, sexe, féconde pas féconde ? Pubère, il m »a rendue inapprochable, dans le royaume des hommes je suis la souillure, sur l'échiquier des dames, le pion en attente caché derrière une reine hautaine qui choisira seule le bon moment de se déplacer. »
« Nous, filles, étions sa douleur, nos visages, nos corps lui rappelaient sa faiblesse, notre sexe, son sexe amputé, et si elle avait toujours l'air triste c'est parce qu'elle savait l'absurdité de notre existence à part qui nous éloignait un peu plus des hommes et de nos semblables »
Elle est enfermée, n'a que pour horizon la rue, juste devant sa fenêtre. Elle est pubère depuis peu de temps, doit garder intact son trésor pour celui que son père lui aura choisi. Nous sommes à Alger, début des années 70…
Quelle plume, quelle force, quelle rage, quelle violence …..
Une langue imagée, incisive, colorée, expressive, charnelle
J'ai été saisie , emportée, par cette écriture hachée, saccadée, irrégulière, rythmée par les pensées de cette jeune fille que j'aurais voulu pouvoir empoigner fermement et la tirer de cette sordide baraque où personne ne considère personne. le père viole la mère, la rabaisse faute d'avoir eu le mâle tant désiré, et qui vaut tout, alors que les filles ne valent rien. La mère violente la fille. Comment respecter sa fille quand on est soi-même considérée comme un tas de chair ?
Un père qui n'adresse plus la parole à dans fille depuis qu'elle est « mariable ».
L'enfermement, le rejet, le désespoir, l'implacable destin des filles….tout cela explose dans ce livre court mais lourd de révolte.
La révolte hurlée tout au long de ses pages.
La révolte étouffée
La femme engrillagée, emmurée
La femme prisonnière des siens, prisonnière de sa culture, de ses coutumes….
Et aujourd'hui ? Ouvrons les yeux…..
Par décence pour cette jeune fille qui aurait pu être moi, si j'avais eu la malchance de naître sous d'autres cieux, c'est un coup de coeur qui ne dira pas son nom.
Un livre coup de gueule qui donne envie de l'ouvrir encore plus grande quoi qu'il puisse en coûter.
« Il roulait, il rebondissait, se cognait contre les formes qu'il avait lui-même rendues inhumaines, sa tête enfouie sous une aisselle où pendait une dentelle rousse, s'inventait un corps plus désirable et moins fatigant. Plein d'envies inassouvies, il se vengeait sur le ventre de ma mère en lui administrant des coups violents et réguliers avec une arme cachée dont il était le seul détenteur. »


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
Commenter  J’apprécie          220
La voyeuse c'est Fikria, une adolescence algéroise vivant dans une famille traditionnelle au début des années soixante dix. L'atmosphère de la maison est austère et bien que la jeune fille ait deux soeurs aucun rire ni babillage ne raisonnent entre les murs. le père est un tyran et la mère, amère de n'avoir su enfanter que des filles ne leur porte aucun amour. L'aînée, une plante maladive, est anorexique et la petite dernière souffre d'un handicap psychomoteur, seule Fikria est " normale" et promise à un avenir tout aussi "normal". En attendant cet avenir, elle vit cloîtrée dans sa chambre ayant pour seul contact avec l'extérieur ce qu'elle voit de sa fenêtre. Elle ne peut pas sortir car les femmes qui vont dans la rue sont des **** et les hommes " chacals citadins, violeurs de conscience" sont à l'affût. Ses visions sont surtout intérieures: au travers de rêves et de fantasmes emprunts de lyrisme, elle dénonce le rôle des femmes " mères meurtrières", victimes humiliées et recluses mais aussi coupables de perpétuer la tradition.
La langue âpre et crue Nina Bouraoui nous livre un récit dérangeant où la mort et le sexe sont omniprésents. Certains passages sont violents, j'ai serré les jambes et grincé des dents. Je ne sais pas dire si j'ai aimé ou non ce roman mais j'ai apprécié l'écriture et surtout la férocité que l'auteur emploie pour décrire les femmes de sa famille.
Commenter  J’apprécie          100
Nina Bouraoui est un auteur a part dans la scéne francaise. A part parcequ'inclassable . Chacun de ces livres s'avérent une expérience qui entraine le lecteur dans un univers ou l'on ne peut pas étre soi , ou il faut toujours étre caché , avec le souçi de ne jamais laisser tomber son masque devant autrui . Et cet opus qui est l'un de ces premiers pose les bases de son style si personnel , si marqué par une mélancolie palpable que l'on ne peut qu'avancer aux cotés du personnage qui tente d'exister dans un contexte ou son existence est niée .... Que ce livre est beau et que le style de Nina Bouraoui est unique en son genre . Un gros coup de coeur qui ne s'est jamais démenti . A lire par le plus grand nombre !
Commenter  J’apprécie          50
premier livre de Nina Bouraoui ! Rarement, on a assisté à une entrée si fulgurante en littérature. Ce livre récompensé du prix du livre inter est juste fabuleux, une plongée dans le petit monde d'une jeune algérienne qui se pose déjà de grandes questions "Je relève ma chemise de nuit, un peu tremblante et suspicieuse mais bien vite, très déçue. Mon sexe intact apparait dans un nouvel éclat : l'Ironie" Elle tente d'échapper au dessèchement extérieur, se livre à regret aux traditions " Dame vengeresse contre qui je ne peux lutter". et ne peut se résoudre à ne pas espérer une certaine liberté. La voyeuse interdite est une sauterelle qui attends que la liberté vienne un jour la chercher
Commenter  J’apprécie          40
Le premier livre de Nina Bouraoui. Je l'ai beaucoup aimé.
Commenter  J’apprécie          20
En ce lundi matin direction les années 1970 et Alger. Dans sa chambre Fikria est encore fermée. Recluse, dans la pénombre, elle regarde la rue en ouvrant légèrement les rideaux. Sous sa fenêtre, le monde qui l'entoure défile. de cette ouverture de la maison familiale elle observe, silencieuse, soumise à un père violent en raison de sa puberté naissante.

Dans ce livre bouleversant Fikria quitte l'enfance pour le monde des adultes. de fille à femme, d'enfant à épouse, elle observe ce corps qui se transforme et qu'elle doit cacher.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (342) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1832 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}