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3,56

sur 423 notes
Lu en 2021. Ma seconde rencontre avec l'auteure.
Une histoire assez triste, certes, mais un récit introspectif pertinent, qui fait réfléchir à propos de ce qu'on appelle la charge mentale et sur les traumatismes affectifs (plus ou moins inconscients) qui engendrent la frustration, la colère, la solitude et la violence, voire la folie... L'écriture à la fois épurée et percutante de Nina Bouraoui avait encore fait mouche, même si je garde une préférence pour "Beaux rivages".
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Sylvie, la narratrice, est cadre dans une petite entreprise. Sa vie est faite de routine : l'usine, ses enfants, son mari. Un quotidien qui semble lui convenir jusqu'à ce que tout se dérègle, qu'elle perde pieds et passe à l'acte en séquestrant toute une nuit son employeur, un sale type, lâche et manipulateur.
Otages, c'est l'histoire d'une femme qui s'est oubliée, broyée par le vide, le silence, par une existence dont le sens se délite, dans laquelle on se noie et on s'éloigne des gens qu'on aime un peu plus chaque jour.
C'est un texte dense, poignant, dont on ne sort pas tout à fait indemne ; la souffrance exsude de chaque phrase et l'immense lassitude qu'éprouve la narratrice finit par être contagieuse. Otages au pluriel, parce qu'on l'est tous un peu : otages d'une place assignée, d'un quotidien qui étouffe le désir, d'un monde laborieux qui broie jusqu'au plus profond, d'un épisode traumatique qui plombe toute possibilité de s'autoriser le bonheur. Bref, un peu secouée par cette lecture.
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Livre très prenant.
Histoire très poignante pour ce portrait d'une femme ordinaire (Sylvie), d'une vie banale (mariage, maison, enfants, métro-boulot-dodo...).
Sous ses aspects de quinqua très consensuelle, Sylvie porte tapie en elle, et de longue date, une blessure sommeillante, couvante, profondément enfouie, mais qui n'a eu de cesse de prendre de plus en plus de place jusqu'à ce qu'un ensemble d'événements ne la fasse exploser.
D'ailleurs, le lecteur ressent parfaitement l'ascension de la violence qui se révèle peu à peu sous cette blessure; et perçoit très bien la tension de Sylvie, qui va crescendo, jusqu'au point de non retour.
Le texte, rédigé à la première personne, donne une grande puissance à la narration.
Ce roman se lit rapidement.
L'écriture est solide.
Toutefois, je suggère de prendre son temps pour le découvrir, afin d'apprécier le choix des mots, la manière dont ils sont posés, ainsi que les tournures de phrases.
Je ne connaissais pas l'écriture de Nina BOURAOUI, j'ai beaucoup apprécié.
Belle découverte littéraire !
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Il n'y a rien de plus dangereux qu'une femme qui n'a plus rien à perdre.
Cette femme, c'est Sylvie, une cinquantenaire mère de deux enfants, qui travaille à la Cagex, une entreprise de caoutchouc.
Au premier abord, elle a le profil d'une femme banale, sans histoire.

Le roman, écrit à la première personne, nous explique au fur et à mesure tout ce qui l'a poussée à commettre un acte grave.
La tension monte crescendo sans moment de vide.
Bien que son acte soit condamnable, il lui a permis de se sentir enfin libre, après toutes ces années à obéir et à subir dans le silence.

J'ai été complètement happée par ce livre, la narration à la première personne est un plus pour que le lecteur puisse s'imaginer à la place de Sylvie et l'aider à comprendre son geste.
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Ce livre est bouleversant car il décrit parfaitement le renoncement de beaucoup de femmes à leurs désirs personnels car, emportées par la famille et le travail, leur quotidien est parfois réduit à ça. Non pas que ça soit déplaisant mais il y a peu de place pour soi... aujourd'hui les choses changent beaucoup et les femmes s'émancipent de ce rôle de plus en plus. Sylvie, qui a subi un traumatisme à l'adolescence, en plein burn-out, disjoncte pour se libérer de ce trop gros fardeau. Ce burn-out la conduit au bord du gouffre et la fait basculer dans la solitude. Belle écriture, profonde, les mots justes, une très belle lecture.
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Une transgression. Un jour de novembre, les vaisseaux, artères, veines et autres capillaires de Sylvie Meyer, 53 ans, ont convergé pour former une vague monstrueuse, un tsunami vengeur, une lame de fond si puissante qu'elle ne l'arrêterait pas.
Rien que de très ordinaire chez cette mère de deux fils, cadre dans une entreprise de caoutchouc. le quotidien, la succession ininterrompue de tâches, devoirs, injonctions. Si peu de respirations. Et, derrière la façade policée, les fissures qui s‘agrègent : le mari enfui, le patron geignard se rêvant loup capitaliste, la longue litanie de jours identiques, éreintants, et la perspective de lendemains identiques.
Quand son patron lui demande, nécessité fait loi, d'établir des listes, des niches, des viviers séparant bons et mauvais travailleurs en vue d'un plan de licenciement, Sylvie s'y atèle avec professionnalisme. Elle va même y trouver la saveur grisante du pouvoir. Elle a franchit le pas de trop, celui qui fracasse l'image en elle de celle qu'elle voulait être. Sa flamme intérieure, cette femme à l'intérieur, si ténue et fragile, ce rêve d'autre chose. Et le destin bascule.
Pendant une nuit, elle séquestre son patron. Ivresse d'une force nouvelle, rédemption au forceps par l'acte transgressif. Enfin la vie qui la pénètre avec la violence d'une tempête.
88 pages de monologue. Au départ écrit pour le théâtre, le texte de Nina Bouraoui fouaille, dénude, dissèque les rouages intimes qui mènent à ce paroxysme. C'est un texte fort, brut, sans artifice, impitoyable. Certaines critiques y ont vu et encensé un texte féministe. C'est aussi juste. Mais s'il est vrai que le « secret » dévoilé dans les dernières pages corrobore cette thèse, il m'a paru comme une facilité narrative justifiant une transgression qui ne le nécessitait pas. Cela n'était pas nécessaire. La vie rétrécie de Sylvie, la mienne, celle de mes voisins, menée au rythme injonctif d'une société débilitante qui occulte le temps perdu, la saveur des paresses, la jouissance de l'inutile suffisait pleinement à ce « pétage de plombs ». Otages, le titre est écrit avec un S. Et ce S vaut pour tous, hommes ou femmes, coincés sur les rails qu'on nous trace. J'ai pensé furieusement au film The Wall, et ce morceau musical a été la bande son lancinante de ma lecture.
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J'avoue ne pas avoir été convaincue par l'écriture. Les phrases ont la particularité d'être très longues (plusieurs lignes). On y suit la pensée de Sylvie, qui a tendance à tergiverser et à s'éloigner du sujet initial, ce qui me dérange fréquemment.

Très introspectif, je pense que ce roman aurait pu me plaire, par la thématique abordée et grâce au personnage de Sylvie, si la narration avait été différente.

Bon, ça ne m'empêchera pas de lire à nouveau Nina Bouraoui mais je reste un peu sur ma faim.
Lien : https://carnetdelecture1.wor..
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Sylvie, la cinquantaine, divorcée, mère de deux enfants, travaille depuis des années dans une entreprise de caoutchouc. Elle passe sa vie à faire en sorte que les évènements passent sur elle, sans l'atteindre, jusqu'au jour où elle ne tient plus, le vase à débordé d'un trop plein refoulé depuis longtemps et qui touche plusieurs aspects de sa vie... Sylvie commet alors l'irréparable, mais pourtant elle se sent libérée, vivante.

Un portrait de femme qui s'est battue toute sa vie pour rester forte et digne et qui craque sous la pression. L'histoire me plaisait beaucoup et j'avais hâte de découvrir la vie de cette femme et de comprendre les évènements qui l'ont poussé à commettre un tel acte. Au final j'ai été assez déçue. le livre est très court et se lit très vite. J'ai aimé l'écriture mais j'ai trouvé que l'histoire tournait en rond et ai eu du mal à me mettre dans la peau du personnage principal. J'aimerais lire un autre livre de l'auteure parce que j'ai aimé sa façon d'écrire, mais le thème de ce livre ne devait pas me correspondre...
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Sylvie Meyer a 53 ans, 2 enfants et est séparée de son mari depuis 1 an. Elle est droite, loyale, fidèle mais son mari l'a quittée. Elle sait pourquoi. Elle sait qu'ils se sont éloignés au fil des années, de l'habitude. Elle ne sait pas montrer ses sentiments. Quelque chose est bloqué à l'intérieur de Sylvie.
Depuis sa séparation, son travail représente presque toute sa vie mais un jour elle se sent trahie par son patron pour qui elle travaille depuis 21 ans. Elle sent bien qu'il use et abuse de son pouvoir, lui met la pression pour qu'elle fasse des listes d'employés à surveiller.
Soudain elle ne le supporte plus et commet la faute, la séquestration. Elle veut le punir à la place de tous les hommes qui abusent de leur pouvoir.
Elle était au pied du mur et ce geste la libère enfin, et libère la violence bloquée en elle depuis si longtemps.
Nina Bouraoui raconte comment une douleur enfouie peut prendre le contrôle d'une vie qu'on pense maîtrisée et ordonnée.
On plonge au coeur d'un moment de révolte libérateur. On passe un moment dans la tête de Sylvie pour la comprendre et cela nous donne envie de la protéger.
Un récit comme un souffle, une confession.
Otages me réconcilie avec l'écriture de Nina Bouraoui.
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L'histoire d'une femme d'un peu plus de cinquante ans qui décrit son existence.
Elle vient de vivre une séparation tiède, sans cri et sans larme et parle en toute simplicité de la fadeur de ses relations aussi bien avec son passé que dans son travail ou dans son couple moribond.

En général je referme au tout début les romans qui "nombrilisent" mais je pense que ce court texte mérite qu'on le lise avec délicatesse.
Le fait qu'il soit édité chez Lattès, réputé pour la qualité de ses éditions, y est aussi pour beaucoup
Outre la qualité de l'écriture, le ressenti de cette femme est remarquablement structuré et fouillé avec calme et sereinement.
Un livre triste mais il faut se dire que la vie n'est pas pour tous une fête, un livre profondément engagé dans la féminité, un livre qui m'a ému par la lucidité de ses propos et la fouille introspective à laquelle se livre Sylvie Meyer.


Voilà ce qui se lit dans les premières pages comme une introduction :
" Je ne connais pas la violence et je n'ai reçu aucun enseignement de la violence, ni gifle, ni coup de ceinture, ni insulte, rien. La violence que l'on porte en soi et que l'on réplique sur l'autre, sur les autres, celle-là aussi m'est étrangère. "
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