Un canyon entre deux monts. En son milieu, une rivière ravine des rochers blancs depuis la nuit des temps. Lorsque l’automne est propice aux grosses pluies, son gazouillement enchante le village, on la repère à sa végétation verdoyante et aux alignements de cyprès géants éternellement verts, aiguisés vers les cieux. Ils survivent aux mois de sécheresse sans trop de mal, en attente des pluies qui finissent par arriver avec la fraîcheur de l’atmosphère. Les hauteurs sont réservées aux plus audacieux. Ne dit-on pas que les mauvaises herbes poussent le mieux.
Elle est un cyprès au fond du gouffre.
Un peu plus de soleil l’aurait aidée à faire des feuilles tendres, à se réchauffer les pieds. Patient cyprès qui a pris son temps pour pousser, grignotant la bonne terre, s’accrochant aux rocailles. Malgré tout, ses racines prenaient leurs aises en se laissant tourmenter par les prédateurs installés sur ses fondements, agrippés à son tronc. Ils se régalaient de ses épines devenues terreau où les champignons y trouvaient grâce. La nature est ainsi faite.
Récolter chez les autres ce qui est utile à sa survie, sans trop d’état d’âme.
Lorsque le cyprès malingre a fini par prendre de la hauteur, il a forcément obturé la vue des plus petits, fait de l’ombrage. Alors sans gène, ils lui ont coupé la tête, écourté les bras. Les mutilations provoquent une courte torpeur puis les blessures cicatrisent. Elle a résisté, résisté…, formé de nouvelles branches plus vigoureuses encore, contourné les obstacles. Et elle est devenue toute tordue.
Jusqu’au jour où son corps sectionné a servi à la flambée de Noël.
Noël massacré.
Arbre martyr.
Excellent , un style frais et travaillé, c'est l'histoire d'un manipulateur qui détruit sa famille.
Facile à lire dans les transports.