- Boris, ce pornographe américain, Vernon Sullivan, c'est toi, n'est-ce pas ?
- Pas du tout, Raymond, quelle imagination.
- Ah ah ! Allons, la rumeur court dans tout Saint-Germain. C'est excellent comme pastiche. Bravo !
- Mais puisque je te dis que ce n'est pas moi !!
- Tu ne me la feras pas ! En tout cas, c'est très drôle tout ça. À la tienne.
- Admettons que ce soit moi. Je dis bien admettons... Tu as aimé la façon de traiter le problème noir aux USA ?
- Boris, tu es le seul spécialiste de l'Amérique qui n'y ait jamais mis les pieds.
Cher Monsieur Vian,
Jean Rostand m'a fait parvenir votre manuscrit. J'ai le plaisir de vous annoncer que qu'il m'a plu et que, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je le destine à la nouvelle collection "La plume au vent" que je dirige chez Gallimard. J'aimerais toutefois que vous apportiez quelques remaniement mineurs sur votre texte. Par exemple, "Vercoquin et le plancton, grand roman polisson en quatre parties réunies formant au total un seul roman, par Bison Ravi, chantre spécial du Major" me semble un titre un peu long, quoiqu'amusant. Contactez-Moi vite !
R. Queneau
Le coeur de Boris Vian a fini par lâcher quelques minutes après le début de la projection du film tiré de son livre, "J'irai cracher sur vos tombes". Le jour de son enterrement, au cimetière de Ville-D'array, les pompes funèbres étaient en grève. Ses amis ont dû mettre eux-mêmes le cercueil en terre.
« Je jure comme un charretier de servir le cercle légateux ! »
Tiens, c’est mon dernier roman. Encore un pour allumer la cheminée.
Regardez-moi la tête d’abruti de mes futurs collègues. Est-ce que je vais leur ressembler dans quelques années ?
- Et que diriez-vous si ces ouvrages de monsieur Vian/Sullivan tombaient entre les mains de vos élèves ?
- Je dirais d’abord qu’ils n’ont pas à tomber entre leurs mains, c’est aux parents de faire attention. Ensuite, des livres bien plus évocateurs et pernicieux peuvent tomber dans leurs mains.
- Lesquels ?
- Eh bien, je pense à certains ouvrages scientifiques sur l’anatomie, par exemple. Personne, ici, ne songerait à les faire interdire.
« Dans ce livre, l'obscénité est bien gratuite, pas une seconde psychologique ! L'oeuvre de Monsieur Vian est un pastiche sans fond… »