L'Archipel des Numinées, tome 1 : Arachnae

Tout s'annonçait pourtant bien: un monde hérité de l'Italie de la Renaissance, de bonnes critiques, un bel ouvrage soigné d'une nouvelle collection. Eh bien non, je l'ai lâché au bout de trois jours et du quart du livre; décision que je prends très rarement, avec un pincement de douleur.
Je ne pense pas qu'Arachnae soit intrinsèquement mauvais; il ne me convient pas tout simplement. Il m'a été impossible de me projeter dans ce monde sans cartes, limité à quelques salles de palais et des ruelles sordides. Impossible d'appréhender ces multiples personnages à qui l'on n'accorde au mieux qu'une page pour s'exprimer avant de passer au suivant (l'héroïne exceptée; j'admets qu'elle a du potentiel). J'ai hésité, senti par moment une étincelle, suis retombé dans la déception et ai finalement abandonné. Trop d'autres livres à lire m'attendaient, pourquoi perdre mon temps sur celui-ci alors que je dois me forcer?
Peut-être aurais-je dû m'accrocher... Tant pis.

Dans ce roman, deux intrigues principales vont se croiser : Une future assassin bisexuelle va chercher à détruire un réseau de tueurs en série/pédophiles, et le prince de l'archipel d'Arachnae fait tout ce qu'il peut pour contrecarrer les complots destinés à mettre fin au règne de sa famille.

C'est un roman de "dark fantasy", mais le côté sombre ne vient pas d'une violence crue décrite explicitement, plutôt des thèmes abordés comme la pédophilie, la torture, le meurtre de sang froid et le cannibalisme. Parfois le résultat de tels crimes est décrit, mais jamais les actions elles-mêmes. Et quand elles sont utilisées, les descriptions restent concises. Sans être nécessairement bon ou mauvais, je pense que ça participe à une certaine perte de capacité à choquer.
Il y a aussi un air de roman policier, mais sans l'être vraiment - les prémonitions magiques sont utilisées pour tout résoudre de manière bien pratique...
Je dirais que ça tire plus du côté du "Thriller", avec un rythme rapide, des opposant que le héro doit battre à la chaine, et une victoire finale dont on sait d'avance qu'elle va arriver.

Sans avoir l'expérience pour critiquer l'écriture elle-même, j'ai trouvé le langage plutôt sophistiqué. J'ai du à plusieurs reprises ouvrir un dictionnaire (pas que je m'en plaigne).

Un commentaire rapide sur la construction du monde : ça pourrait être intéressant mais c'est plutôt court. Basiquement, c'est une société féodale matriarcale, marquée par une religion tournant autour d'une trinité composée d'une vierge, une mère, et une vieille femme. Et c'est à peu près tout, on en sait pas plus en fin de compte.

Ensuite il y a la caractérisation, et c'est là, je crois, que ça commence à mal tourner. Pour un roman, il est plutôt court, pourtant il y a entre 20 et 30 personnages. Développer chacun d'entre eux est évidement impossible. Je me rends compte que la plupart d'entre eux sont juste là pour être utiles à l'intrigue, cependant je me serais attendu à au moins connaitre les personnages principaux, mais même ça n'était pas faisable.
Le rythme est soutenu, les points de vue alternent rapidement entre les personnages principaux, les secondaires et les "méchants" à peine qualifiables de personnages. Il y en a trop et ça va trop vite. Il devrait y avoir moins de quantité et plus de qualité, quitte à ralentir le rythme ou rallonger le livre.

À cause de ça, l'histoire perd de son intérêt. C'était censé être sombre et choquant. Hélas, je n'ai pas été horrifié par quoi que ce soit car je n'étais attaché ni aux personnages ni à l'intrigue.

J'ai lu le premier tome de la trilogie dans son édition originale. le prologue donne de nombreuses informations sur le passé de deux personnages. Tout au long du roman, on suit différentes enquêtes et personnages, qui finalement se rassemblent pour donner le dénouement de ce roman. Théodora est téméraire. Elle m'a donné envie d'aller toujours plus loin dans la lecture. Ornella est une actrice et une courtisane. Elle est fade et peu intéressante malgré sa place dans l'histoire. Quand j'ai lu la quatrième de couverture, je ne m'attendais pas à ce que la relation du capitaine avec Théo évolue ainsi. Tout tourne autour des vices de cette cité et je le regrette un peu. Tellement prise dans l'enquête sur les enfants, j'ai bien cru que le roman se terminerait avec la résolution de cette énigme, pour laisser plus de matière au tome deux. La magie est présente un peu par-ci par-là, cela donne un goût de pas assez. L'histoire reste bien écrite et cohérente, avec des complots quant il faut et une ambiance sombre, pour ne pas dire sinistre. C'est un bon roman, sans plus, mas il est français !
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