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sur 180 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Juste après la seconde guerre mondiale, un couple d'américains, oisifs et riches, et leur ami, se retrouvent pour un voyage en Afrique. Ils partent de l'Algérie pour aller jusqu'en Afrique subsaharienne. Très vite, ce voyage devient une errance, une fuite, qui va très mal se terminer. Les lieux, les gens, sont décrits souvent minutieusement, dans ce qu'ils ont de différent avec l'occident. Tout semble hostile. La saleté, l'insécurité, la misère ambiante les rebutent, mais ils continuent leur périple en s'enfonçant toujours plus vers le sud, vers le désert. Mais l'Afrique n'est que le révélateur de leur mal-être. Il y a une volonté de se perdre, de se confronter à l'inconnu. Ce voyage physique est tout aussi intérieur. C'est un questionnement sur le sens de leur existence. On assiste peu à peu à leur déchéance physique et mentale. Ils vont perdre tous leurs repères, jusqu'à la folie.
Comme il est écrit sur la quatrième de couverture, il y a quelque chose de D. H. Lawrence dans ce roman. Dans ces trois personnages qui se disputent et se questionnent, englués dans un environnement qui les dépassent totalement.
Je me suis retrouvé dans ces personnages en quête d'eux-mêmes. C'est le genre de voyage qui me correspond parfaitement. J'ai lu ce livre très rapidement. L'écriture est précise et claire. Quelques relents de racisme de la part des protagonistes pourront en dérouter certains. Mais, dans l'ensemble, c'est un livre que je recommande.
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"Ce qui ne peut pas être exprimé doit rester silencieux" a déclaré Wittgenstein. Alors n'essayez même pas; laissez-tout à la merci de la dyslalie.

De même, la folie tend à modifier les informations qui entrent dans le cerveau, et si vous y pensez, alors le monde que nous percevons ne semble être rien de plus que les chaînes de l'esprit. Selon Bowles, tout ce qui dépasse la compréhension rationnelle inhérente à la pensée humaine n'est rien de plus qu'une "Horreur stellaire". Dans l'un des romans d'Andrei Bely, un personnage mourant s'est agrandi à la taille de l'univers l'absorbant en lui même. le cadre a disparu; il est devenu tout, et le monde a fusionné avec son esprit ne faisant plus qu'un. Pour Bowles, quitter le monde, disparaître, signifie se perdre. Ses personnages vont si loin sur ce chemin qu'ils ne peuvent plus en revenir .. Accepter de vivre dans un monde et ses règles visant à une
certaine forme de conformisme, c'est ressentir une douleur profonde tout en étant sous l'emprise de sa personnalité ainsi formatée. Et puis rien n'aidera ..

Trois américains voyagent en Algérie; Port et Kit, un couple, accompagnés de leur ami Tunner. Ce dernier semble amoureux de Kit, mais sa fascination pour ce duo, leur singularité à ses yeux l'emporte sur le reste. de leur côté les deux amants semblent rester hermétiques à la société dans laquelle il évolue; la fascination n'est pas réciproque, et personne ne perçoit l'âme de l'autre malgré que Port et Kit ne sont pas aux antipodes et que leurs esprits soient en quelque sorte incroyablement similaires. Tunner, leur compagnon de voyage montre une certaine forme de fidélité au couple, car assez sensible, il a su en saisir certaines valeurs qui lui seraient peut-être proches. Cela le rend non moins important que les deux principaux protagonistes.

Le pire n'est pas tant que nous ne savons pas. le pire est en ce que le mécanisme même de comprendre quelque chose de manière rationnelle ne veut pas fonctionner; il échoue. Pas du tout destiné à expliquer le sens de la vie, de sorte que nous ayons souvent recours à cette forme d'intuition que peut être la folie; à n'importe quoi, juste pour éviter les pièges de l'esprit.

Et ce mysticisme glissant entre les lignes, les techniques de la fin cinématographiques sont le signe évident du désir de l'auteur de rejoindre le vague mystère ressenti dans un espace désert, autant que possible dépourvu de toute présence humaine.
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Paul Bowlès est un sacré filou! Avec son titre qui procure des envies de voyages et qui nous donne des images du désert plein les yeux avant même de commencer la lecture de l'ouvrage, il nous trompe et nous envoie dans une mauvaise direction. Si vous vous attendez à un livre exotique qui respire et qui aspire au voyage, passez votre chemin. J'aurais même tendance à dire qu'il a été écrit pour vous dégoûtez de voyager. Mais que font donc ces trois jeunes riches, complètement à la dérive dans ces pays ensoleillés ? A vrai dire, pas grand chose, à la limite, ils s'ennuient. Au final, cela donne un roman plutôt psychologique assez déroutant mais qui est certainement le reflet d'une certaine classe bourgeoise en mal d'aventures. C'est intéressant à lire et ça nous renvoie l'image de cette catégorie de voyageurs qui passent à côté de leur périple car ils ont du mal, même dans un pays lointain et exotique, à s'extraire de leurs problèmes quotidiens.
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"Plonger dans l'inconnu pour trouver du nouveau" : ce pourrait être le leitmotiv du roman, qui voit le trio de personnages (un couple et son ami) s'enfoncer toujours plus avant dans le Sahara. Longtemps, on ne verra pourtant pas grand chose du désert, lieu infini et silencieux : il sera surtout question de villes labyrinthiques, de ruelles étouffantes et de chambres d'hôtel malpropres. le lieu devient alors une métaphore de la psychologie des personnages, sans cesse ramenés à leur solitude, à leur angoisse, à leur incompréhension mutuelle. Ce thème de l'incompréhension est central, au sein de l'impossible triangle amoureux, comme dans les rapports entre touristes et indigènes.

La plongée s'opère en trois temps, assez distincts, et se clôt sur la maladie, la mort, la folie. Dans un va-et-vient constant entre l'immensité du désert et l'oppression des villes muettes, entre la chaleur insoutenable et les frissons de la fièvre, Bowles fait profondément ressentir au lecteur à la fois quelque chose de ce Sahara qu'il connaît bien, et du malaise sans remède de ses personnages. Éclatent alors quelques éclairs particulièrement acérés et douloureux, comme cette phrase qui en dit long sur le roman : "Dans une minute, il sera douloureux de vivre".
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Kit et Port, un couple d'américains sont arrivés en Afrique maghrébine, avant de partir pour le sud, traverser le Sahara et partir toujours plus au sud. Qui sont-ils ? Des touristes ? Sûrement pas ! Des voyageurs ? Pas vraiment… Car l'homme et la femme semblent fuir, la civilisation mais surtout eux-mêmes. Port, un misanthrope colérique et jaloux, qui passe certaines nuits auprès de prostituées qui ne le satisfont pas, Kit restant son unique port d'attache. Kit, quant à elle, est un concentré d'angoisses, justifiées ou non, qu'elle soigne par une consommation excessive d'alcool et de médicaments. Elle a de plus une brève liaison avec Tunner, un homme qui accompagne le couple et qui régulièrement sera leur bouée de sauvetage. Ce couple en crise, d'étape en étape, plonge dans un monde de plus en plus éloigné de leur civilisation, avec une population qu'ils méprisent et qui les répugne (il est étonnant de lire certains extraits à notre époque du politiquement correct tant l'attitude des personnages occidentaux est colonialiste !). Une attitude autodestructrice et une fuite vers l'inconnu effrayante.

Paul Bowles a écrit ce livre qui fit sa renommée peu après la Seconde guerre mondiale, vivant depuis plus de 10 ans à Tanger. Un film de Bernardo Bertolucci en fut adapté et Sting chanta "A Tea In The Sahara" en référence à ce livre. Mais l'homme fut également un novelliste de talent et un compositeur renommé. Il travailla également à recenser les musiques traditionnelles berbères.

"Un thé au Sahara" est un grand roman, loin d'un exotisme orientaliste de façade. L'auteur nous y montre des personnages en marge de la civilisation occidentale (comme souvent dans ses livres), mais surtout deux sociétés vivant côte à côte mais sans se connaître, ni vraiment se côtoyer. Kit et Port, sans être vraiment sympathiques, nous emmènent loin vers des destinations inconnues et l'on ne peut s'empêcher d'être inquiets pour eux !
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Kit et Port Moresby sont mariés depuis 12 ans. La Seconde Guerre s'étant récemment achevée, le couple décide de s'éloigner de l'Amérique survoltée et de traverser le Sahara. « le paysage était grandiose et hostile. » (p. 76) Accompagnés de Tunner, un ami mondain un rien parasite, les Moresby sont brutalement confrontés à la vacuité de leurs existences et à la déliquescence de leur mariage. « Et tout amour, toute possibilité d'amour avait disparu entre eux depuis longtemps. » (p. 102) Cette triple compagnie est composée de membres qui s'agacent mutuellement, et le voyage perd progressivement de son charme. Port est profondément mélancolique, pour ne pas dire dépressif, et il se complaît dans cet état. « La certitude d'une tristesse infinie stagnait au coeur de sa conscience, mais cette tristesse était rassurante, parce qu'elle seule lui était familière. Il n'éprouvait nul besoin d'une autre consolation. » (p. 11) de son côté, Kit, voit des présages de mort ou d'échec en toute chose. Superstitieuse et angoissée, elle ne sait à quoi se raccrocher pour trouver l'apaisement. « Je ne crois pas être faite pour vivre, dit-elle avec désespoir. » (p. 81) À mesure des étapes, alors que les trois Américains s'enfoncent au coeur de l'Afrique et vont d'hôtels sordides en terres inhospitalières, la perspective même du retour semble chimérique. Reste à savoir si disparaître est vraiment possible.

J'ai vu le film, il y a quelques années, pour la belle gueule de John Malkovitch. J'en gardais le souvenir d'un désespoir intense, mais je voulais lire l'oeuvre originale. Forme m'est de constater que Bernardo Bertolucci a fortement édulcoré le texte. Il a cependant parfaitement retranscrit la beauté inquiétante des dunes interminables et du soleil impitoyable. « C'était une entité trop puissante pour que l'on ne fût pas tenté de le personnifier. le désert ! » (p. 257) Ce roman n'est pas une histoire d'amour, si ce n'est une passion unilatérale pour le Sahara qui se moque bien des sentiments humains. Au fil des pages, j'ai souffert avec Kit, surtout avec Kit. J'ai évidemment revu le film, dès ma lecture achevée : il m'a autant émue que la première fois.
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Je recommande fortement ce roman à tous les francais qui aiment la littérature américaine. Il est un des derniers chef-d'oeuvre du mouvement des Expats; c'est-à-dire; le cercle des écrivains américains qui fréquentaient le salon de Gertrude Stein à Paris pendant les années 1920 et 1930. Dans le groupe, il y avait Ernest Hemingway, Scott Fitzgerald et Kay Boyle. (On inclut normalement l'espagnol Pablo Picasso qui était tous le temps là). Il y a dans "The Sheltering Sky / "Un thé au Sahara" des personnages typiques des romans des Expats. Ils vivaient à l'étranger parce qu'ils peuvent mener une vie bohémienne et libertine qu'il leur sera impossible chez eux. Ils regardaient la population locale parfois avec admiration parfois avec mépris.
Ce qui est différent chez Bowles est que ses personnages ont fui Paris pour l'Afrique du Nord où ils auront encore du mal à se sentir chez eux. Leurs aventures amoureuses ont des conséquences imprévus qui tournent en désastre. Afin de ne pas fréquenter l'amant de sa femme, l'héros fait un voyage à un ville loin dans le désert où il meure d'une maladie que l'on aurait pu traitement facilement dans un hôpital moderne. Sous le choque, sa femme qui l'avait accompagné fuit dans le désert où elle se fait violée et séquestrée.
Bowles raconte cette histoire sordide et tragique avec une maitrise hors du commun. de nos jours, on reproche à Bowles d'être raciste. C'est peut-être vrai mais je suis de l'avis que Bowles décrit plutôt avec justesse une société coloniale ou les autorités francais ont beaucoup du mal à s'imposer à la suite de l'occupation allemande de la deuxième grande guerre. On reproche aussi à Bowles de se livrer à des fantaisies males au sujet de la sexualité féminine. Il y a un peu de vrai dans cette critique mais je préfère dire que Bowles était l'enfant d'une époque profondément phallocrate.
"The Sheltering Sky / "Un thé au Sahara" dérange beaucoup mais il représente très bien la littérature américaine de son époque.
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Port et Kit est un couple d'Américains aisés, vivant dans l'oisiveté et le désoeuvrement. le binôme ne respirant pas une franche concorde, il traverse l'existence en voyages. Quoi de plus indiqué, pourrait-on penser, que l'immuable insaisissabilité des sables du désert Africain - des côtés du Maghreb aux dunes du Sahara ? Une ambiance lourde de présages inquiétants se met en place, faite d'image de misère, de mort et d'ordure, d'amitiés de rencontre guère plus fiables que les inconnus aux formes fuyantes croisés le long des ruelles enténébrées, avec leur regard insondable et hypnotique.

Un roman dont l'intérêt repose donc sur une atmosphère pesante. L'exotisme, la perte de repère spatio-temporelle, la maladie, les dangers inhérents à l'aventure, la précarité foncière des personnages, due à la barrière de la langue et des traditions, soumis qu'ils sont à l'hostilité des éléments et ce, malgré leur aisance relative, prépare le lecteur à la prévisible catastrophe. L'oeuvre sent un peu son exotisme facile, avec des relents de colonialisme, mais ça ne nuit pas globalement à la qualité de cette dernière.
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Le début de l'histoire : Catherine-Kit et Port Moresly, un couple pas très uni d'Américains, parcourt l'Afrique du Nord et la marge du Sahara par différents moyens de transport, avec un ami, Tunner. Kit a, dans un train, une brève aventure avec ce dernier. Au passage, on croise et recroise une mère américaine et son fils (ou au moins se font-ils passés pour tels), qui sillonnent le même secteur en Mercédès. Port meurt de la fièvre typhoïde en une lente agonie dans un poste du désert... Je vous laisse découvrir la suite (même si la quatrième de couverture vous en dit un peu plus, au moins jusqu'aux trois-quarts du livre).

Mon avis : l'histoire se passe en Afrique du Nord colonisée, rendue par de merveilleuses petites touches descriptives. Ce roman m'a beaucoup plu, je regrette de ne pas l'avoir lu plus tôt, heureusement qu'il y a cette réédition !
Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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