Citations sur June (29)
À d’autres moments, elle sait que les hommes ne lui donneront jamais ce supplément d’âme, ce plaisir d’être avec une semblable, comme avec elle-même, lorsqu’elle s’est masturbée pour la première fois dans sa chambre de jeune fille, et qu’un orgasme l’a submergée, un sursaut de vie venu de ce petit bouton qui ne paie pas de mine mais qui contient l’énergie de l’univers, celle des commencements, des planètes, des tremblements de terre.
Nous tenons chacun une extrémité et nous débattons quelques secondes pour stabiliser le tableau et l’équilibrer. Ensuite, Pierre se recule pour observer le résultat. Je me demande quelle parade je vais pouvoir trouver pour échapper à cette plongée au cœur du désespoir. « Parfait. »
Nous ne voulions jamais le contrarier. Nous nous pliions à la moindre de ses exigences. Il a fini par croire qu’il pouvait se servir librement, nous prendre des bouts de nos vies, partir et revenir quand ça lui chantait. Jean m’a appris à vivre seule. C’est une chance. Je me contente de continuer.
C’est drôle comme il suffit de quelques jours – tout juste deux – pour que notre ancienne vie, celle qu’on vient tout juste de quitter, nous paraisse si lointaine.Penser à mon studio, à Marseille et à Jean me donne l’impression de ressasser de très vieux souvenirs.
L’ectoplasme n’a pas réellement forme humaine. Il n’a pas de visage, ni yeux, ni bouche, ni aucun trait visible. Pourtant, quelque chose dans sa lumière exprime un désespoir lancinant. Une souffrance sans limite. J’en ai le cœur qui palpite.
Elle boude le réalisme, ne respecte pas toujours les proportions. Ses coups de pinceau sont vifs et acérés. Ses personnages ont des contours pointus, ou simplement trop carrés, comme s’ils souffraient en permanence. Un mélange de romantisme noir et de modernité. Un style à part.
De la mythologie grecque. Calypso est une nymphe de la mer. Elle a séduit Ulysse, puis l’a retenu prisonnier pendant sept ans dans sa grotte, par amour. Mais ça n’est pas tellement la partie de son histoire qui m’intéresse. L’étymologie de son nom est plus intéressante. Calypso vient du verbe kaluptein, “recouvrir”, “cacher”. Calypso est celle qui vit cachée, hors du monde, hors du temps… »
Il ne faut pas oublier le titre donné par l’artiste : Le Cauchemar. N’est-ce pas le propre du cauchemar que d’être irrationnel ?
Comme des murmures. Il me faut quelques secondes pour comprendre qu’il ne s’agit pas de voix qui chuchotent mais plutôt de râles, comme des soupirs. Je tends l’oreille et l’idée s’impose : quelqu’un, de l’autre côté de la cloison, prend du plaisir.
Ici, ils sont nombreux, les veufs et les célibataires sur le tard qui paient pour avoir l’illusion de rajeunir au bras d’une de ces taxi dancers capables de les regarder autrement, de les flatter. Il y a des Portoricains, des Chinois, des Juifs, des Européens, des riches et des fauchés. June est leur reine.