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3,79

sur 996 notes
Alerte tornade coup de coeur !
Et une nouvelle fois, ce sont les éditions Gallmeister qui nous offre un premier roman fascinant mettant en scène une jeune héroïne, après les soeurs Nell et Eva de Dans la forêt , après Turtle de My Absolute darling. Je suis béate d'admiration face à la capacité de cette maison d'éditions à dénicher des trésors qui sortent des sentiers battus et rebattus de la littérature américaine.

Fin fond de l'Alaska, Tracy, donc, 17 ans, en colère, rebelle, renvoyée de son établissement scolaire pour s'être battue avec un camarade, mère décédée, un père qui tente de la canaliser en lui interdisant ce pour quoi elle vit : prendre soin de ses chiens de traineau, faire du mushing, sortir dans les bois, chasser. Ce n'est pas seulement une envie d'être à l'extérieur, elle en a organiquement besoin.

«  J'ai senti quelque chose de sauvage monter en moi. Un puissant désir de courir aussi loin que je pouvais, jusqu'à ce que la tête se vide intégralement et que ma peau s'arrête de bourdonner que que je sois capable de me concentrer suffisamment longtemps pour poser un collet et attendre qu'une petite bête se pointe, et alors là je pourrais m'abandonner complètement quelques instants, mes yeux et mes oreilles cesseraient de m'appartenir, ce seraient ceux d'une marte ou bien d'un écureuil. »

J'ai rarement rencontré une héroïne aussi marquante. Car Tracy - comme souvent les jeunes personnages de Stephen King - a un « don », un don surnaturel ( que je tairai absolument, quelques billets de retour le dévoilent, fuyez pour avoir le privilège d'être surpris, horrifié, esbaudi, mal à l'aise. Un don qui est surtout une façon pour elle de faire vivre la mémoire de sa mère décédée dans des circonstances mystérieuses, de comprendre ce legs, de grandir avec et d'accepter sa nature profonde.

Que signifie être sauvage ? Jusqu'où va aller Tracy avec ce « Wild inside » ( titre original ). L'auteur sème des péripéties sur la route de Tracy : une agression dans la forêt, un agresseur en liberté, un jeune homme mystérieux qui s'installe chez elle et son père, une compétition de mushers ... J'ai vibré à mesure que la tension s'installe, monte, se tord jusqu'à la paranoïa, jusqu'à cette fin imprévisible et pourtant si cohérente et superbe. J'ai aimé que Jamey Bradbury laisse beaucoup de place à l'imagination du lecteur. Jamais ou quasi elle ne décrit ces personnages mais son écriture dense et riche sonde au plus près les émotions de Tracy. On est viscéralement avec elle dans les paysages grandioses de l'Alaska.

Entre thriller psychologique, conte initiatique avec une pointe de fantastique. Un incroyable roman , original, intense et hypnotique qui palpite encore une fois ses pages refermées. Une bombe !


Lu dans le cadre de l'US Book Challenge
Lire un livre avec une couverture rendant hommage aux paysages américains.
https://www.facebook.com/groups/294204934564565/
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Tracy a dix-sept ans et, depuis la mort de sa mère, vit avec son père et son plus jeune frère dans leur maison isolée en plein coeur de l'Alaska. La jeune fille, dotée d'instincts étrangement sauvages, ne vit que pour les grands espaces enneigés, la chasse, et ses chiens de traîneaux qu'elle entraîne pour la grande course annuelle de l'Iditarod. Sa vie bascule lorsqu'elle est victime d'une agression dans la forêt, suivie de l'arrivée chez eux d'un jeune employé qui cache sa vraie identité et ne leur sert que mensonges quant à son passé.


Doutes et suspicion s'installent alors dans l'esprit de Tracy, qui va en secret se préparer à défendre sa famille et son territoire. Les péripéties s'enchaîneront dans un lourd climat d'angoisse, la jeune fille affrontant à sa manière les menaces diffuses qui semblent peu à peu se préciser, dans un crescendo plein de surprises qui la mènera à une issue imprévue et inéluctable.


Le récit entretient l'angoisse et la curiosité dans un suspense réussi : impossible de lâcher cette histoire à l'atmosphère très particulière, où les instincts sauvages de Tracy prennent vite une dimension fantastique, dépassant la simple proximité avec la nature et les capacités de survie dans les conditions extrêmes du Grand Nord. Si j'ai parfois eu un peu de mal avec certains de ses aspects sanglants et peu ragoûtants, je me suis au final laissée emporter avec plaisir par ce roman palpitant, à l'écriture efficace et rythmée, qui plonge le lecteur dans la tête de Tracy et dans un univers bicolore de neige et de sang. le tout est paradoxalement plutôt crédible, en dehors des capacités particulières de Tracy, qui font par ailleurs penser à certaines croyances chez quelques peuples et tribus aux origines anciennes.


Le roman fait la part belle à la nature, au travers des paysages, de la faune et des conditions climatiques de l'Alaska, dans une évocation très dynamique de ses beautés et de ses dangers. On en entend presque le silence, entrecoupé des aboiements des chiens de traîneaux…


Thriller teinté de fantastique et d'horreur, Sauvage est un roman addictif à l'atmosphère étrangement prégnante, qui pourra parfois dérouter, mais qui ne laissera personne indifférent. Coup de coeur.


Prolongement sur l'Iditarod, la plus célèbre course de traîneaux à chiens, dans la rubrique le coin des curieux, à la fin de ma chronique sur ce livre sur mon blog :
https://leslecturesdecannetille.blogspot.com/2019/06/bradbury-jamey-sauvage.html

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un roman qui sort avec une frénésie sauvage des sentiers battus, où nature writing et fantastique tiennent la vedette, où l'héroïne, extraordinaire de maîtrise de soi, tourmentée, ressent des besoins et des pulsions qui la conduisent vers son destin flamboyant.

L'Alaska est l'immense territoire dans lequel une action brute va s'installer avec des moments d'extrême délicatesse ce qui peut rendre le lecteur indécis entre partager la soif de Tracy ou se contenter d'observer d'un oeil neutre les déchirements multiples de cette oeuvre magistrale.

Tracy vit une adolescence exceptionnelle, hantée par le souvenir de sa mère qui lui a transmis un gène fantastique dont elle ne peut se défaire mais qui la perturbe tout en la rassasiant. Ses rencontres sont mystère, sa relation avec son père pleine d'amour et de détestation, ses amours le plus souvent solitaires, encore qu'elle va connaître la chaleur d'une relation spéciale où la découverte du pressenti va la subjuguer.

L'ensemble donne un cocktail de sensations, avec une place de choix pour la nature, ses animaux, la chasse, les pièges de Tracy, les courses de chiens de traîneaux, l'amour de l'héroïne pour eux qui lui donnent tout et l'emportent au-delà de ses fantasmes. Partager la communion sauvage de Tracy, c'est entrer dans le wild wild pour boire ces pages dans un défilé scintillant d'émotions.

Je n'ai pas souhaité, dans cette critique, aborder le contenu détaillé de l'histoire, dont la fin peut ouvrir de multiples interprétations, j'espère qu'elle peut susciter l'envie de se lancer à la poursuite de Tracy sachant que nul ne la rattrapera mais que les plus aventureux pourront sentir ce goût métallique et sauvage de la substance qui la nourrit.
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Tracy Petrikoff, à 17 ans, vit au fin fond de l'Alaska avec son père, Bill, et son jeune frère, Scott, sa maman ayant été renversée par une voiture deux ans auparavant. Entourée d'immensités sauvages, de forêts la plupart du temps recouvertes de neige, la jeune fille se passionne depuis toute petite pour les chiens de traîneau, que la famille a toujours eu en nombre conséquent, et pour la chasse. Elle a presque un don pour cette activité qui l'emmène bien souvent loin de la maison. Mais depuis qu'elle s'est fait virer de l'école, son père lui interdit d'entraîner les chiens et de s'éloigner, lui imposant des tâches domestiques. Malgré cette interdiction, Tracy s'enfonce dans la forêt pour lever ses collets. Soudainement, elle se fait attaquer par un homme. Lorsqu'elle reprend connaissance, une vive douleur à la tête, elle se rend compte que son couteau est taché de sang séché. Aurait-elle blessé ou pire tué son adversaire ? Un événement que l'adolescente ne peut raconter à son père, d'autant que, peu après, elle découvre, par hasard, un sac à dos avec une grosse liasse de billets...

Sauvage, animale, solitaire, vive, un don inné pour les chiens et la chasse et un autre don transmis par sa mère, la jeune Tracy s'épanouit pleinement au coeur des forêts de l'Alaska et au coeur de ces immenses étendues enneigées. Son quotidien auprès de son père musher dont elle suit les traces et de son frère va quelque peu se trouver bouleversé suite à son agression et à l'arrivée d'un jeune homme, Jesse, un nouveau locataire du cabanon. Roman initiatique, oscillant entre le nature writing, le polar et le fantastique, Sauvage est avant tout un magnifique portrait d'une adolescente terriblement attachante qui cherche à comprendre aussi bien les choses qui la dépassent que ce qu'elle est véritablement au fond d'elle-même. Un portrait fouillé, complexe, inattendu. Autour d'elle, son petit frère, son père qu'elle vénère, sa maman toujours présente dans son coeur et un hôte empli de mensonges. Une galerie de personnages dépeinte au coeur d'une contrée rude et grandiose. Jamey Bradbury, de par son écriture sensible et dense, nous fait voyager au pays des mushers et nous plonge dans une atmosphère envoûtante et saisissante.
Un premier roman surprenant et remarquable !
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Grand.
Grand  espaces, grands bois, grand Nord, grand froid.

Chiens.
Chiens de traîneaux, chiens de meute, chiens courants, chiens de tête, chiens de garde, chiens de chasse. 

Sang.
Hérédité,  filiation, legs, ADN. Féminité, menstruation. Chasse, prédateur, crime.  Scarification, estafilade, blessure, hémorragie. Vampire.  

Adolescence.
Désir, trouble,  identité, genre , sexe.

Sauvage,  c'est un peu tout cela. 

C'est un premier roman, et on se dépêche de lui trouver des parrains et des marraines , à cet enfant trouvé,  pour essayer de lui coller une étiquette rassurante. ...

Bien sûr,  Into the wild,   à  cause du titre -The Wild Inside  est le titre anglais de Sauvage-  , pour le" wild" incontestable du décor et des personnages. La ville est loin, la forêt dicte sa loi, et c'est la loi du sang.

Peut-être un zeste de  Dans la forêt?  mais dans Sauvage on est plus dans une sorte de fantastique poétique, métaphorique  et discret  que dans un roman post apocalypyique plus ou moins lourdingue. 

Une pointe de My absolute Darling , alors, pour l'adolescente en pleine déréliction? Tracy,  petite soeur nordique de Turtle, la californienne?  Sauf que le prédateur ici tarde à  montrer son visage..

Richard  Wagamese, donc,  à cause de la neige, de la forêt giboyeuse et des lacs gelés ?  Mais le musher a remplacé  le trappeur ou le hockeyeur. Et point de culture ni de légendes indiennes, juste le souvenir de Curwood, le chasseur de loups ou de grizzly.

Sauvage...avant tout,  un livre  inclassable.
Et bourré de qualités !

Formidablement écrit ,  grâce au pouvoir magique du sang, du sang "bu" -ah ce verbe "boire" employé absolument comme pour une grande addiction alcoolique !- qui permet mieux qu'une focalisation interne de "voir" et de "sentir" avec les yeux , la sensibilité d'un autre.

Il suffit de boire le sang et Je est un autre...Rimbaud n'est pas loin,  et ses Voyelles en couleurs!

Fascinant par les images qu'il fixe sur notre rétine.

Maman au bout de l'allée, immobile dans son manteau rouge qui vole au vent du soir.

Jesse , rat androgyne, discret, fureteur, l'oeil et l'oreille aux aguets, rompu à toutes les ruses, tous les mensonges.

Papa, sévère et tendre. Rassurant et naïf.  Papa si fort et si fragile.

Scott le casanier, petit garçon d'intérieur, tendre et solidaire qui dessine sa vie plus qu'il ne la vit. Scott l'imagier, le chasseur d'images.

Et Tracy, surtout - dite Trace-  comme ces traces qu'elle suit pour relever ses pièges. Trace-Hécate, Trace-chasseresse, Trace la louve, la trappeuse, la musher, la surineuse, Tracy-messer sans gants blancs. Tracy la Sauvage.

Et les chiens, les chiens partout, dans le chenil, la cour, le traîneau, le panier, le canapé,le lac..

Je ne vous raconterai pas Sauvage.

Je voulais juste vous le faire humer un peu, comme on flaire une piste fraîche et qu'on part au petit trot derrière son fumet encore accroché aux brins d'herbe, aux cailloux, aux branches basses, et qu'insensiblement on accélère,  avec le coeur qui bat plus vite, qu'on couche les oreilles et qu'on devient aveugle et sourd à tout ce qui n'est pas cette odeur, cette tension, cet appel impérieux.

Laissez-vous happer, envoûter, entraîner par ce premier roman coup de maître, puissamment original et dérangeant; laissez-vous imprégner par ce livre chaud  au goût  de fer, comme le sang.


Sauvage? Attention, chef d'oeuvre!
 
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Les nombreuses critiques très positives voire dithyrambiques m'ont donné l'envie de lire ce livre mais hélas, il n'a pas fonctionné pour moi.
Je reconnais que l'histoire est originale même si elle m'a fait beaucoup pensé au livre de Jean Hengland "Dans la forêt".
Le résumé de l'histoire : Tracy Petrikoff, 17 ans, habite près de la forêt avec ses parents. Elle est très douée pour la chasse et les pièges. Elle est comme en dit le titre "Sauvage". Elle s'est fait virée de l'école et vit avec son frère et son père, sa mère est décédée brutalement. Elle a une certaine violence en elle qu'elle assouvie en courant très vite et en chassant d'une manière particulière.
Malheureusement je l'ai abandonné, car quand "je me force à finir" ce n'est pas bon signe. J'ai quand même été assez loin dans le roman (j'en ai lu les trois-quarts), à certains moments j'ai éprouvé beaucoup d'intérêt et à d'autres moments (plus nombreux) je trouvais qu'il y avait beaucoup de longueurs et de répétitions.

Ce qui m'a plu : l'histoire est originale avec un mélange de roman d'aventures, une pointe de fantastique (même si je ne suis pas fan).

Ce qui m'a moins plu : L'écriture n'est pas très élaborée ce qui donne une certaine lourdeur au récit, beaucoup de longueurs et de répétitions qui m'ont fait ressentir cette pénibilité de lecture. La cruauté envers certains animaux m'ont pesé également.
Voilà mon ressenti sur cette lecture pas comme les autres.

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Sauvage, comme cet Alaska glacial, sauvage comme cette vie au coeur des forêts enneigées, sauvage comme Tracy, jeune fille de 17 ans qui vient de se faire renvoyer de son lycée pour violence contre un camarade. Son père les élève seul, elle et son frère Scott, depuis la mort accidentelle de sa femme. Mais Tracy est un électron libre qui supporte mal l'enfermement, elle est heureuse quand elle court dans la forêt, quand elle guette à l'affût, quand elle chasse ou quand elle conduit son traîneau.
Tracy a un don, que seule sa mère connaissait, un don étrange qui la rend fascinante autant qu'il dérange. Tout au long de ce roman j'ai oscillé entre ces deux sentiments, parfois j'aurais aimé la prendre dans mes bras, l'aider, l'apaiser, et parfois je me cachais, moi aussi dans ces bois enneigés pour qu'elle ne me trouve pas… Elle est touchante, émouvante lorsqu'elle tombe amoureuse, lorsqu'elle se veut protectrice pour ceux qu'elle aime. Lorsque le danger rode elle devient inquiétante et dangereuse…
Jamey Bradbury a réussi, pour ce premier roman, à capter complètement mon attention jusqu'à l'issue finale. Son écriture est agréable et son intrigue tient vraiment bien la route. Si vous aimez les choses un peu mystérieuses, la neige, le grand froid, le vent violent qui fouette les joues, les grands espaces, les forêts sauvages… allez-y, ce roman est pour vous !
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Sauvage a été pour moi un gros coup de coeur, dans cette double rencontre, avec l'auteure Jamey Bradbury pour son premier roman, et avec le personnage principal Tracy adolescente de dix-sept ans. C'est un roman publié aux éditions Gallmeister, qui savent si souvent nous révéler de belles pépites.
Nous sommes en Alaska, nous découvrons ici le milieu du mushing, c'est-à-dire les courses en traîneau avec plusieurs chiens et parfois se déroulant sur plusieurs jours.
La narratrice, Tracy, nous fait découvrir son univers insolite, parfois onirique. Tracy vit avec son père Bill et son frère Scott, ce dernier est solitaire, silencieux et taciturne, son univers est fait de livres et d'une passion pour la photographie. Il s'entend peu avec Tracy. Le père est musher et transmet peu à peu son amour des courses en traîneau à sa fille unique. D'ailleurs, une quarantaine de chiens de traîneau peuple leur habitat en pleine campagne de l'Alaska, la famille se préparant pour la grande course annuelle de l'Iditarod.
Lorsque j'ai fait la rencontre de cette fameuse Tracy, je me suis dit, dès les premières pages, que je la connaissais déjà. Elle ressemblait étrangement à d'autres jeunes filles du même âge que j'avais déjà côtoyées en d'autres livres, ne serait-ce que Dans la forêt ou My Absolute Darling. Ainsi je me suis souvenu de ces personnages Nell et Eva, et aussi de Turtle... Il y avait comme un air de famille...
Ce sont toujours des jeunes filles secrètes et tourmentées, bousculées, parfois de manière violente, mais qui survivent dans une nature sauvage et hostile...
Comment vous parler de l'histoire ? Elle est singulière et inquiétante, présentant à certains moments une once de fantastique. La nature très présente y est un personnage à part entière.
La narratrice nous invite à découvrir l'intimité troublante de sa personne, au fil des pages elle se penche et questionne comme des respirations sa nature secrète et profonde. Dans ce voyage intérieur, elle convoque souvent sa mère. Celle-ci est décédée accidentellement il y a deux ans, fauchée par une voiture, elle était partie un soir comme tant d'autres fois marcher dans la nuit noire au bord de la route.
Tracy a une obsession pour le sang et les couteaux. Peut-être que cela lui vient de sa mère.
Le souvenir de sa mère, qui la nuit partait avec son manteau rouge flottant dans le noir, lui revient sans arrêt comme un écho insatiable.
La nature est presque un personnage à part entière de ce livre. J'ai aimé ces pages qui évoquent des paysages grandioses et magnifiques.
Des arbres emmitouflés de givre, les bois silencieux écrasés de silence. La terre brusquement tangue, craque, s'effondre sous le blizzard qui arrive sans prévenir. Il y a l'émerveillement devant ces espaces sauvages faits de montagnes, de rivières, de forêts et de vallées., façonnée par la neige à perte de vue qui recouvre l'espace infini. Ce sont des kilomètres de terres impossibles à connaître. C'est comme un vertige brutal.
Et brusquement il y a le sentiment que l'on peut arpenter ce territoire de part en part toute une vie sans jamais en voir le bout, comme seuls les élans et les ours savent peut-être le faire.
Alors il y a quelque chose d'animal et de sauvage qui s'éveille dans le récit et ce ne sont plus les bêtes ni la forêt qui y sont pour quelque chose.
Un esprit de liberté souffle sur ce livre et j'ai trouvé cela merveilleux, puissant.
Tracy joue avec cette nature comme dans une complicité farouche et brutale. Elle relève des pièges, capture des écureuils, des hermines, des martes qu'elle achève en les égorgeant, non pas par plaisir, mais comme s'il fallait survivre. Elle a le couteau facile et une obsession du sang qui revient comme quelque chose de vital.
Son côté chasseuse, elle l'a hérité de sa mère.
Elle a aussi un rapport incroyable avec les chiens comme si elle savait lire dans leurs pensées.
Mais brusquement des événements insolites vont venir bousculer ce voyage intérieur. Des rencontres fortuites, violentes...
Les personnages ressemblent parfois à des animaux, se mouvant comme des oiseaux, ou comme des proies traquées.
C'est un livre empli de secrets et sans doute que la mère en a emporté plus d'un lorsqu'elle est partie ce soir-là marcher le long de la route.
Des secrets et des mensonges. C'est comme si Tracy ne savait pas vivre autrement, ou qu'on ne lui avait pas appris à vivre autrement...
Parfois elle reconnaît que les secrets permettent aussi de ne pas faire de mal aux personnes que l'on aime.
Un secret plus fort qu'un autre va alors porter le livre. La forêt devient peu à peu un lieu de résignation.
On se demande où va l'histoire, on est pris à la gorge, on retient son souffle dans le silence blanc et étouffant qui nous entoure. Le climat est lourd, oppressant d'angoisse. Et brusquement tout finit par s'emboîter.
J'ai trouvé le personnage de Tracy fascinant, déroutant, quelque chose de chamanique la fait se dresser au milieu des pages, on pourrait en être presque révulsé à certains moments, mais elle m'a pris par la main et je l'ai suivie dans le dédale de son histoire, comme si j'étais entré dans son champ magnétique, emporté dans ce vertige et ne pouvant plus faire marche arrière.
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Chez Gallmeister, on avait déjà Lucy, Fay, Nell et Eva, ou plus récemment Turtle. Dans la famille des adolescentes littéraires inoubliables, s'ajoutera désormais Tracy.

Difficile d'ailleurs de lire Sauvage de Jamey Bradbury – traduit par Jacques Mailhos – sans avoir en résonance les livres de Hegland et Tallent, même si Sauvage est très différent. C'est peut-être ce qui m'a gêné dans ma lecture à plusieurs reprises.

Parce que pour le reste, ce premier livre atypique dont l'originalité de la trame est distillée au compte-goutte, est particulièrement réussi. On a froid pour Tracy lorsqu'elle se lance dans ses sorties hivernales nocturnes dans le blizzard de l'Alaska ; on savoure le bonheur de Tracy dans sa relation fusionnelle avec ses chiens ; on doute avec Tracy lorsqu'elle tente de comprendre les phénomènes qui impactent son existence ; on tremble avec Tracy lorsqu'elle redoute les intentions de Hatch ou de Jesse.

Mais plus que tout, on aime avec Tracy, sauvageonne éprise de liberté mais remplie d'amour : pour son père, sa mère, Scott ou Jesse ; pour sa forêt et ses animaux ; pour la vie tout simplement. Une envie de vie qui explose constamment dans l'écriture élégante et précise de Jamey Bradbury. Une auteure douée dont on n'a pas fini d'entendre parler…
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Un premier roman qui est très prometteur car il présente une histoire étonnante.
Pour moi l'Alaska c'est le froid la neige et la nature hostile. Pourtant l'auteure nous en fait une présentation plus agréable en décrivant une nature exaltée et sauvage tant par ses animaux que par ses arbres et ses rivières. Je vous rassure le froid et la neige sont toujours là.
C'est à travers les yeux de Tracy, une jeune fille différente et très sensible à la forêt environnante que cette forêt prend tout son essor et sa dimension sauvage. Tracy vit en communion avec cette nature et semble s'y mouvoir comme si c'était son seul environnement compatible.
Un livre avec un soupçon de fantastique qui n'est pas pour me déplaire, avec juste ce qu'il faut pour être passionnant et dynamique.
L'auteure nous fait aussi découvrir le travail de musher et leur implication avec leurs chiens.
De plus le roman, vers la fin, prend une tournure inattendue qui m'a ravie. Il est t ellement plaisant de lire un livre dont on ne devine pas la fin ou les grandes lignes.
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