C'est un métier (brocanteur) que l'on choisit par goût de l'indépendance, et les gens indépendants aiment l'improviste. De plus, la boutique d'un brocanteur accueille les passants comme ils viennent et le hasard lui-même y est invité en permanence. (p.71)
Il est toujours agréable à l'antiquaire d'accompagner l'objet d'art-meuble ou tableau- qu'il a vendu, chez eux qui l'ont adopté. Cela lui permet d'abord de discerner le sort qu'on lui réserve et, plus tard, de pouvoir le situer par la pensée dans le musée imaginaire que, dans notre métier, chacun de nous construit avec ses souvenirs professionnels. (p.15)
D'où vient que les plus intelligents (les collectionneurs), les plus réservés même, se racontent eux-mêmes, à propos d'un objet ou d'un autre ? Qu'ils mettent à nu devant nous- des inconnus- leurs manies, leurs phobies, leurs passions même ? (p.111)
L'ambition de tous les antiquaires, de tous les collectionneurs, ce serait de pouvoir repousser les murs à l'infini. Jules de Goncourt, qui était un amateur passionné d'antiquités, en était réduit là. Alors, il suspendait au plafond des sièges qu'il affectionnait. (p.96)
Mon cœur d'antiquaire bat plus fort et plus vite quand je "baguenaude" dans certains vieux quartiers de Paris où l'insolite, le mystérieux, l'inconnu vous attendent à chaque tournant des rues étroites et silencieuses. (p.53)
Antiquaire ou brocanteur, c'est toujours une manière de terre-neuve acharné à sauver les épaves des temps anciens. L'un comme l'autre recueille où il peut les miettes du passé. (p.74)