1917. Un matin, à cinq heures, une vieille femme, Léonie, se rend discrètement dans sa cave, située à plusieurs ruelles de sa maison. En raison des restrictions, personne ne doit savoir qu'elle cache de la nourriture. Elle constate que le cadenas de son local est ouvert et accuse son étourderie. Une terrible odeur l'accueille et elle bute sur un obstacle : le corps de T.S Sorel. Il a été égorgé.
Comme beaucoup d'habitants de Haut-de-Coeur, elle se réjouit de ce décès. Matthias Lavau est chargé de l'enquête. Formé à Paris, puis à Lyon, son principal atout est sa mémoire : il connaît, par coeur, des milliers de fiches répertoriées grâce à l'anthropométrie judiciaire. Lui aussi détestait le défunt, avec qui il a grandi à l'orphelinat. T.S. avait peu d'amis. Il était haï par une grande partie des villageois : les suspects sont nombreux. Dans ses investigations, l'inspecteur est secondé par l'énigmatique
Esther Louve. Sur son corps, cette dernière porte les stigmates d'un passé douloureux, qu'elle s'évertue à camoufler. Son histoire semble lourde et, parfois, irrationnelle dans sa manière de l'évoquer.
L'assassinat de T.S. fait remonter de nombreux secrets dont beaucoup semblent avoir pour origine un couvent mystérieux. En effet, nombreux sont les habitants à y avoir été élevés et peu d'entre eux ont pu s'en éloigner. le lien qui les unit au lieu de leur enfance semble indéfectible. Les évènements présents sont une extension des tentacules du passé.
Différentes ambiances se mélangent dans ce roman noir. Il contient une part qui s'approche du fantastique, du suspense et, à travers la naissance de l'anthropométrie judiciaire, de la criminologie. Matthias a été formé par le créateur de la méthode : Alphonse Bertillon. Hélas, il m'a manqué la part historique que j'attendais : la quatrième de couverture indique que les faits se déroulent pendant la Première Guerre mondiale. Or, peu d'éléments permettent de le confirmer. J'ai eu l'impression de lire une histoire du Moyen Âge, transposée au début du XXe siècle.
De plus, même si le mystère est plaisant, je n'ai ressenti aucune adrénaline. Pour moi, il y avait trop d'intrigues mêlées et je ne m'attardais sur aucune. Tous les personnages sont torturés, mais tous ont des choses à se reprocher. Aussi, je ne me suis attachée à aucun, alors que j'aurais aimé, en raison de leurs épreuves, éprouver de l'empathie. Enfin, la première partie m'a paru lente. Heureusement, elle est rattrapée par la deuxième dans laquelle le rythme s'accélère. Malgré ces éléments qui m'ont manqué, le livre est agréable à lire, mais mon sentiment final est mitigé.
Je remercie sincèrement les Éditions Seuil et Babelio pour cette masse critique privilégiée.
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