Grâce au concours magasin U/Llivre de poche, j'ai reçu des livres que je ne connaissais pas, et je suis reconnaissante pour cela.
Je découvre également des auteurs ou des autrices, dont
Zoé Brisby qui m'a émerveillée avec ses "Mauvaises épouses". Gros coup de coeur ! Quelle chance d'avoir eu ce petit trésor entre les mains.❤
Je suis entrée dans l'histoire dès les premières phrases. Et ce n'est rien de le dire, puisqu'on rentre vraiment dans l'histoire du monde, avec, en ce mois d'avril 1952, une garden-party dans une banlieue chic de Las Vegas, ayant pour décor de fond l'explosion d'une bombe atomique ! Oui, oui, une vraie ! 😵
Il est évidemment toujours plus facile de rire d'une situation avec le recul des décennies. Mais j'ai halluciné et bondi, en comprenant que ces femmes et ces hommes étaient tout heureux, habitant dans un proche périphérique d'une base militaire, de se réjouir de recevoir des particules plein la tête ! le problème c'est qu'il n'était pas du tout conscients de cela.
L'histoire :
Dans un décor qui ne dépareillerait pas dans la série Desperate Housewives, Summer est une jeune femme, mariée à Edward, le directeur scientifique du NTS, le Nevada Test Site, tout fier de profiter des travaux de
Robert Oppenheimer, et de faire péter des bombes à tout va, pour évidemment contrer les Russes... 1952 = pleine guerre froide !
Summer se croit stupide et idiote, mais il faut dire que dans cette banlieue, personne ne lui laisse le choix d'être autre chose. Ni son mari, ni Lucy qui fait office de cheffe des femmes au foyer, insupportable et méchante.
Elle n'a plus ses parents, n'a pas d'enfants, car elle a fait plusieurs fausse-couches, saigne du nez régulièrement à chacune des explosions. Et son mari de lui expliquer que cela n'a rien à voir avec les radiations qui bien sûr s'arrêtent avant la base !... en 1986, on a été aussi naïfs. 🤨
Mais Summer va faire connaissance avec sa nouvelle voisine, Charlie, une femme magnifique qui paraît indépendante, et qui ne fera rien comme les autres. Très vite on comprend que c'est une femme battue, et on espère qu'elle s'en sortira avant que son mari ne frappe trop fort.😪
Summer rencontre Charlie, Charlie rencontre Summer, et assez vite elles comprendront leur plus grande différence avec les autres... elles s'aiment !
J'ai adoré leur liberté, j'ai adoré leur rencontre et leur émerveillement, même s'il faut bien imaginer qu'elles devaient sans cesse se cacher de tout le monde, pour pouvoir vivre leur amour.
Charlie va apporter à Summer bien plus que son amour, elle va lui permettre de se sentir fière et plus forte, ce qui va lui donner des ailes.
Elles envisagent de s'échapper au Mexique pour vivre dans un ranch, mais la vie en décide autrement, avec ses surprises.
Autour de l'héroïne :
Zoé Brisby est historienne de l'art, et j'ai beaucoup aimé me retrouver avec elle dans les années 50 qui, comme elle le dit ne sont pas du tout idylliques.
La guerre froide, la désinformation, les radiations pour ces gens habitant si près des bases (il faut savoir que dans ce périmètre elles sont toujours importantes de nos jours), les contraintes familiales et bourgeoises, l'impossibilité de vivre différemment des autres, la non-liberté pour les femmes, tout ça non, ne fait pas rêver.
J'ai beaucoup aimé les personnages secondaires de Penny, secrétaire, jeune femme libre ne voulant pas se marier, et de Mrs Burns, veuve d'un ancien du centre, refractaire aux explosions, qui seront des amies précieuses pour notre héroïne.
Une écriture fluide, qui m'a littéralement emportée, un bel amour, un décor pas banal, un éclairage contemporain sur cette période riche malgré tout. A quand mon prochain Brisby ?! 😄