PAR LE PETIT BOUT DE LA LORGNETTE
Une magnifique patère en or datant de la fin du IIIème siècle (que l'on peut admirer à la BNF à Paris) et qui fut sauvée grâce au chapitre de la cathédrale, près de laquelle elle fut découverte parce que ses membres décidèrent de l'offrir au roi Louis XV, tandis que les officiers de la Monnaie, eux, voulaient... la fondre !
Deux gredins condamnés à mort subitement pris de ferveur religieuse libérés par l'intercession de St Melaine tandis que la dépouille du saint homme était ramenée en ville : la tour où ils étaient enfermés s'écroula sans les tuer et ils se mêlèrent pieusement à la procession.
Des lieux où le futur Connétable du Guesclin fit ses premières armes, à commencer par une joute où, jeune chevalier inconnu, il refusa l'ultime combat, le dernier adversaire lui permettant de remporter le tournoi n'étant autre que... son père !
Un bon curé, l'Abbé Chaupitre, dont les potions étaient très recherchées en ce tournant des 19 et 20ème siècles, condamné pour pratique illégale de la médecine et de la pharmacie, pour ses inventions de médications préfigurant notre homéopathie.
La main de la statue de la Vierge de l'église St Sauveur qui se dirige vers le sol, après que les cloches de l'église se fussent mise en branle sans raison, en ce frais matin du 8 février 1357, indiquant la position d'une "mine" que l'armée du Duc de Lancastre était en train de construire afin de pénétrer dans la ville tandis que ses troupes anglaises l'encerclaient depuis quelques temps...
Une terrible femme, bonne à tout faire de son état et originaire de Plouhinec en Morbihan, répondant au nom de Hélène Jégado, qui fut jugée à Rennes puis exécutée place du Champ de Mars le 14 décembre 1851, convaincue d'avoir été à l'origine d'une longue série de meurtres par empoisonnement à l'arsenic : très probablement trente-six victimes - dont des enfants ! - et qui fait de cette femme l'une des premières "sérial killer" avérée de notre histoire !
S'inscrivant dans la lignée des fameux "guides noirs" Tchou (repris plus tard par les éditions Sand), cette étonnante petite collection de "guides secret" des Editions Ouest-France, consacrée à un site (le Mont-Saint Michel, la Forêt de Brocéliande, les Châteaux de la Loire, etc), une ville (Rennes, Saint Malo, Rouen, Lille, etc) ou de régions plus vastes (Le Nord-Pas-de-Calais, l'Anjou, la Bretagne, etc) n'en finit pas de nous dévoiler mystères et intrigues, lieux de magie ou emprunt d'actes de piété bizarres, étranges, aujourd'hui oubliés, plus loin des sites historiques aux conséquences parfois surprenantes ou originaires de contes ou de légendes.
D'une présentation agréable dans son format poche avec sa couverture joliment désuète et reliée, rappelant les ouvrages d'antan, ses photographies ou gravures reproduites dans des nuances bistre du meilleur effet, ce genre d'ouvrage souffre surtout d'être tellement foisonnant que l'on achève parfois de s'y perdre, entre époques différentes, thématiques plus ou moins confuses, personnages de l'histoire ou grands oubliés du temps. Mais n'est-ce pas cela, l'invite qu'il nous propose : déambuler dans les rues et les archives d'une ville, en l'occurrence Rennes et quelques bourgs des alentours, sans véritable but sinon que celui de la surprise, du plaisir de la découverte ou de la confirmation de ce que, habitant averti, l'on avait déjà entendu, su ici ou là au fil du temps ?
Gilles Brohan nous invite donc, en grand connaisseur de la capitale régionale, à sortir des sentiers battus, des images toutes faites et de la géographie que nous en connaissons aujourd'hui, tout en respectant un cahier des charges strict (avantage et inconvénient de ce genre de série) afin que le lecteur s'y retrouve au mieux, quel que soit le titre qu'il a entre les mains.
Un parfait petit ouvrage pour l'amateur éclairé (mais pas trop spécialisé) aussi bien que pour une charmante idée de cadeau.