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En Géorgie, le fleuve Altahama et ses multiples bras forment un vaste labyrinthe marécageux avant de se jeter dans l'Atlantique en un immense delta. Il alimente une zone de nature préservée, riche d'une formidable biodiversité incluant des espèces rares, ainsi que d'impressionnantes créatures comme de gigantesques poissons-chats, des brochets-crocodiles, des alligators, des serpents venimeux, et même, selon la légende, un monstre semblable à celui du Loch Ness, l'Altamaha-ha. le marais n'abrite que peu d'humains : autrefois de pauvres familles ruinées par la Grande Dépression, de tout temps des marginaux et des hors-la-loi fuyant le monde, tout un petit peuple survivant de la chasse et de la pêche et logeant misérablement dans des habitations flottantes.


Le pêcheur de crevettes Hiram Loggins était l'un de ces habitants. « Etait », parce qu'il est mort voilà un an, dans d'obscures circonstances qui font s'interroger ses deux fils, Lawton et Hunter. Les deux frères se sont lancés dans la descente du fleuve en kayak, un voyage de quatre jours avant l'océan où ils comptent disperser les cendres paternelles. le trajet est pour eux un pèlerinage sur les lieux de leur enfance et sur ceux où leur père acheva sa vie en vieux solitaire, mais aussi, espèrent-ils, l'occasion d'en savoir un peu plus sur l'accident qui lui fut fatal. Car l'homme connaissait le fleuve et ses dangers comme sa poche. Brutal et attaché comme il l'était à son marais, il aurait aussi bien pu gêner quelque braconnier, pêcheur à l'explosif, ou encore récupérateur des « mérous carrés » largués par avion par les narcotrafiquants colombiens...


Dès lors, la narration ne cesse d'alterner entre trois récits, vibrants de la même tension addictive : les investigations contemporaines, teintées d'aventure et de nature-writing, des deux frères ; la vie du père, toute entière dédiée au fleuve et réservant bien des surprises ; enfin, dans une mise en perspective éclairant l'histoire du marais et l'origine de ses légendes, la dramatique installation au 16e siècle des premiers colons français sur ces terres inhospitalières et leur confrontation violente aux amérindiens Timucuas. Trois époques, trois tableaux, mais un théâtre unique : une « cathédrale marécageuse » dédiée au culte d'une nature sauvage, splendide et impitoyable, qui, jusqu'ici, mais pour combien de temps encore, s'est toujours montrée plus puissante que la convoitise humaine.


Réaliste dans ses moindres détails et proposant même quelques-uns des dessins du cartographe et membre de l'expédition de 1564, Jacques le Moyne de Morgues, le roman se construit autour de personnages croqués au plus près de leur psychologie et de leurs ambivalences. Epique, violent, sans concession, il emmêle, dans un fil narratif qui n'a rien à envier à la puissance du grand fleuve, L'Histoire, l'aventure, le mystère et le nature-writing. Bousculé dans les rapides du récit ou suspendu à la majesté de ses évocations, jamais le lecteur ne sent fléchir sa fascination pour cette contrée envoûtante, dont la magnificence n'a d'égale que son inhospitalité. Une dualité qui imprègne tout le livre, puisque capable d'autant de mal que de bien, la nature humaine y apparaît elle aussi d'une complexité pleine de contradictions.

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Voilà déjà quelques jours que j'ai terminé ce livre et pourtant encore maintenant, j'y pense souvent. Véritable épopée le long du cours du fleuve de l'Altamaha River, c'est une quête très personnelle qui sert de point de départ à ce livre, à savoir un hommage à leur père disparu pour Lawton et Hunter, deux frères que beaucoup de choses opposent.

Taylor Brown offre un livre d'une très grande qualité aux lecteurs. Au travers d'un triptyque original, on parcourt ce fleuve sauvage de Georgie, dont les eaux renferment de nombreuses légendes. Pourquoi je vous parle d'un triptyque ? Parce que c'est aux travers de trois époques bien différentes que l'on remonte son cours.

D'abord, bien entendu, la plus récente est celle de ces deux frères qui souhaitent répandre les cendres de leur père dans l'océan, mystérieusement décédé dans ces eaux. Ensuite, l'histoire même de ce père, entourée de mystères comme le fleuve qui a baigné toutes les périodes de sa vie. Et puis pour finir, on effectue un grand bond dans le passé pour se retrouver au XVIème siècle lors de l'arrivée et de l'installation des premiers colons français sur les terres indiennes du Nouveau Monde.

Alternant ces différentes périodes, c'est à la fois fortement passionnant et instructif. En ce seul livre, j'ai énormément appris sur ce coin des Etats-Unis, qu'est la Georgie et ce fleuve, ô combien sublimé par cette superbe plume. J'ai beaucoup apprécié la façon dont a l'auteur de raconter ses terres à la fois sauvages et inhospitalières. Difficilement classable, ce livre est à la fois une ode à la nature, aux liens humains, à la nécessité de préserver notre terre.

Quel merveilleux voyage que j'ai pu faire grâce à ce bouquin ! Malgré souvent des thèmes difficiles, comme la pollution, la violence, la drogue, il en ressort un roman noir éblouissant qui offre une très forte évasion, ce que je cherche aux travers des lectures en cette période encore assez difficile.
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Comment vous dire combien j'aime ce roman magistral qui prend l'allure du cours du fleuve américain Altamaha en Georgie.

Le fleuve des rois et sa légende ont ce côté merveilleux qui fait briller les yeux et nourrit les rêves enfouis au plus profond des âges.
Le roman de Taylor Brown s'ouvre comme un triptyque que sont trois périodes alternées mais dont les évènements ont tous lieu sur Altamaha River.
J'ai appris tellement de choses en lisant ce livre, emportée que j'étais par la plume épique de Taylor Brown.

J'ai été séduite par la richesse et la qualité des évènements historiques que je ne connaissais pas. C'est un roman éblouissant et bien documenté sur l'expédition française des Huguenots en Floride (La Nouvelle-France) en 1564. J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt leur formidable épopée à travers les yeux du cartographe Jacques le Moyne de Morgues dont nous fait bénéficier Taylor Brown à travers la reproduction des dessins dans le roman. J'ai beaucoup aimé l'histoire des habitants du Fort Caroline même si elle est tragique. Elle est auréolée d'un mystère et d'une aura dignes de l'Altamaha.

Le fleuve des rois, c'est aussi un vibrant plaidoyer à tout un environnement en péril, à la richesse et la diversité de la vie aquatique dont la menace d'extinction se fait de plus en plus sentir.
Le fleuve et ses méandres, les îles, les marais, la foret primaire et les gigantesques cyprès. Tout un vaste monde se cache derrière l'Altamaha. Les descriptions sont très détaillées, elles sont superbes sous la plume poétique de Taylor Brown.

Dans cette odyssée outre-Atlantique, l'intime rejoint le cours du fleuve en nous faisant entrer dans l'histoire contemporaine de deux frères que tout oppose. A la mort suspecte de leur père, Hunter et Lawton descendent l'Altamaha en kayak pour disperser ses cendres.
Leur parcours au fil de l'eau prend le cours de l'histoire présente et passée, l'époque du temps des conquérants français et des endroits fantômes.
Le milieu du triptyque est l'histoire de Hans à l'époque où les frères étaient encore enfants. La vie de Hans est marquée par la vie du fleuve et de ses maisons flottantes. Il délivre à nous seuls son secret.
J'ai vécu la descente du fleuve comme un lent rapprochement entre les deux frères mais aussi comme un véritable enfer avec la dure réalité du fleuve aujourd'hui.

Taylor Brown est un aquarelliste du détail et des couleurs du fleuve que le soleil comme un Dieu rend tous les jours changeant. Sur le fleuve, rien n'est sûr ni persistant. A défaut de preuve, subsiste le mythe.

Je remercie infiniment Léa du groupe FB PicaboRiverBookClub et les éditions Albin Michel pour m'avoir fait découvrir ce très beau roman nord américain.
Un grand merci au traducteur Laurent Boscq.
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Taylor Brown s'est imposé, en l'espace de quelques années, comme un écrivain majeur de la nouvelle génération d'auteurs américains. « le Fleuve des Rois« est son troisième roman à paraître en France, le second aux éditions Albin Michel dans la collection Terres d'Amérique. Un roman foisonnant, puissamment évocateur et envoûtant, s'embarquant dans deux histoires distinctes, à quelques siècles d'intervalle, mais ayant pour point commun de suivre les méandres de l'Altamaha River, un fleuve de Géorgie aux Etats-Unis. Profondément ambitieux et même vertigineux tant dans sa forme que sur le fond, « le Fleuve des Rois » ne nous perd jamais en route. le récit s'écoule tel ce fleuve, limpide et les chapitres alternent d'une histoire à l'autre sans que l'intérêt du lecteur ne fléchisse. de nos jours, deux frères, Lawton et Hunter décident de descendre l'Atamaha River en Kayak afin de disperser les cendres de leur père, Hiram Loggins, mort dans des circonstances mystérieuses, un an plus tôt, sur ce fleuve qu'il aimait tant. Lawton est nageur de combat dans l'Us Navy et Hunter étudie l'histoire à l'université. Leur père était un homme colérique, violent avec ses enfants et sa femme, un pêcheur de crevettes raté qui détestait l'océan mais adorait ce fleuve qui l'avait vu grandir. Quels secrets cachait donc ce père ? de quel puit sans fond venait cette rage contre tous ou presque ? Un roman qui aborde aussi la question de la relation fraternelle, comment se construit-on, quel homme devient-on lorsque l'on a subit un tel déchaînement de violence physique ? Taylor Brown décrit magnifiquement les paysages de cette région fluviale. Il est au plus près des sentiments, de la psychologie des deux frères qui sont des personnages très attachants. le manichéisme n'a pas sa place ici. Chacun des protagonistes à ses zones d'ombre et de lumière. Car l'Altamaha River est un endroit propice aux légendes notamment celle du premier fort européen construit sur ses berges au XVIème siècle, ce qui donne lieu à un second récit aussi violent, qu'hypnotique, un flash insensé à l'ADN d'un Terrence Malick absolument indéniable. On y raconte le destin de Jacques le Moyne de Morgues, dessinateur et cartographe du roi de France Charles IX qui prit part à l'expédition de 1564 au coeur de cette Nouvelle France comme ils l'appelaient alors. La découverte de ce monde, la relation aves les amérindiens, ce choc entre deux perceptions de la nature, de ses richesses, la guerre enfin inévitable… Une histoire magnifique, pleine d'aventure, de souffle, de violence mais aussi de moments de grâce comme autant d'instantanés d'un monde qui se corrompait déjà. La question du bien et du mal transcende les époques et les sortes d'hommes. Comparé à juste titre à Cormac Mc Carthy et Ron Rash, Taylor Brown signe un roman épique, ambitieux, magnifiquement écrit. le tragique et le sublime se conjuguent au passé, au présent et on l'imagine au futur. Les hommes et les époques peuvent passer, les terres être ravagées ou bien repeuplées, seul au fond le fleuve poursuis indistinctement son chemin vers l'océan. Nous ne sommes que poussières, même les rois ne sont que de passage mais le seul souverain en ces terres est le fleuve lui-même : l'Altamaha River. Taylor Brown est un auteur à découvrir absolument. « le Fleuve des Rois » fait partie de ces romans que l'on n'oublie pas de sitôt. Un énorme coup de coeur !
Je remercie très chaleureusement les Éditions Albin-Michel et sa collection « Terres d'Amérique » pour cette lecture et leur confiance !
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Voilà un triptyque qui n'est pas banal et qui n'est jamais arrivé à me faire vibrer totalement.

Pour les incultes du fond de la classe, un triptyque n'est pas un vélo à trois roues, ni une partie de jambes en l'air à trois.

Les trois récits se déroulent à des époques différentes, dont une bien distincte.

Le premier met en scène le périple de Lawton et Hunter, remontant Altamaha River (Géorgie) en kayak pour disperser les cendres de leur père à un endroit précis.

Le deuxième va nous parler de la vie de leur père, un homme ténébreux, mystérieux, qui avait des multiples secrets, quant au troisième, il nous plongera dans le passé, en 1564, avec le récit de Jacques le Moyne de Morgues.

C'est instructif, je ne le nierai pas. C'est très bien écrit, je ne pourrai pas le reprocher à l'auteur. Les décors sont très bien décrits, l'auteur ne lésine pas sur les descriptions sans que cela ne devienne lourd, les personnages sont travaillés, réalistes, avec leur part d'ombre, leurs qualités, leurs défauts, jamais manichéen.

Quant aux atmosphères, elles ont des vraies gueules d'atmosphère ! Nous sommes sur des terres à la fois sauvages et inhospitalières, où une légende parle d'un monstre marin, l'auteur nous parle aussi de préservation de la Nature, de l'exploitation exagérée par l'Homme des différentes ressources du fleuve, de leurs cochonneries qu'ils laissent trainer partout, de la pollution, de trafic de drogue, de l'installation des premiers colons français (Huguenots)…

Oui, une fois de plus, il y avait tous les ingrédients pour me plaire. Non, l'auteur ne s'est pas dispersé dans ses multiples sujets puisque tous se recoupent, se rejoignent, sont approfondis…

Où le bât a-t-il blessé ? Je cherche encore pourquoi j'ai ressenti de l'ennui à un certain moment, pourquoi j'ai décroché du récit et que la suite ne fut qu'une longue lecture dont je ne voyais pas la fin, comme un repas dont vous avez du mal à terminer.

Ce n'est ni la première, ni la dernière fois que je navigue à contre-courant (c'est le cas de dire, ici) des autres critiques et que je passe à côté d'un roman qui me tentait fort et qui possédait tout pour me faire vibrer.

Hélas, aucun personnage n'a réussi à m'émouvoir, à recevoir mon empathie, mon amitié. Malgré une belle écriture, du réalisme dans les décors, dans les personnages et dans l'histoire, je suis ressortie de cette lecture avec un sentiment mitigé. C'est le seul sentiment qui est ressorti de ma lecture.

Dommage…

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Je viens de terminer un livre merveilleux, d'une beauté, d'une sauvagerie, d'une ampleur éblouissantes. C'est une incroyable épopée, sur plusieurs siècles.
Je dois dire qu'au premier abord (puis au deuxième, au troisième, etc) j'ai trouvé que la couverture ne rendait pas du tout hommage aux merveilleux, au mystérieux, à l'or des conquistadors, et l'argenté des armures des conquérants français de la même époque, et le rouge du sang versé. Les armures, les indiens, ce fleuve sombre et mystérieux, ces créatures légendaires... et le présent du fleuve, ses habitants, et ses particularités, tous ces méandres.
Et les deux frères, à notre époque, qui descendent l'Altamaha River avec les cendres de leur père. La couverture aurait dû être flamboyante....
Alors, futurs lecteurs, enlevez la jaquette et embarquez, il faut juste un kayak, ou un bateau de pêche pas très gros, ou un trois-mâts des années 1564 qui a fait le chemin depuis la France jusqu'à cette partie inconnue du Nouveau Monde,, la Nouvelle France, qui deviendra la Géorgie.
Et plus particulièrement à l'embouchure d'un fleuve presque inconnu : l'Altamaha River.

Un an après le décès de leur père, Lawton et Hunter entreprennent de descendre l'Altamaha River en kayak pour disperser ses cendres dans l'océan. C'est sur ce fleuve de Géorgie, et dans des circonstances troublantes, que cet homme ténébreux et secret a perdu la vie, et son aîné compte bien éclaircir les causes de sa mort. Il faut dire que l'Altamaha River n'est pas un cours d'eau comme les autres : nombreuses sont ses légendes.

On raconte notamment que c'est sur ses berges qu'aurait été établi l'un des premiers forts européens du continent au XVIe siècle, et qu'une créature mystérieuse vivrait tapie au fond de son lit. Et on y croit encore, actuellement, ce monstre est réputé comme Nessie, dans le Loch Ness. D'ailleurs, il lui ressemblerait .
Remontant le cours du temps et du fleuve, on est à la fois en 2017 avec Lawton et Hunter, deux frères que tout séparent : l'ainé fait partie des Forces Spéciales des Navy Seals, Hunter quant à lui, est encore étudiant, en Histoire. Ce qui les rapproche, par contre, c'est leur père, Hiram, qui leur a fait connaitre ce fleuve, avec ses incroyables méandres et recoins, affluents, criques, où l'on trouve de tout pour peu qu'on connaisse les itinéraires, et qu'on aie un bateau. Ou un kakak, assez grand pour des provisions d'eau, et des rations de l'armée. Eux ont en plus un sac contenant les quatre kilos de cendres de son père. Ils doivent descendre le fleuve, et disperser ces cendres à l'embouchure de l'Altamaha River avec l'Océan.
En retraçant les jours et les nuits de leur épopée sur le fleuve, on comprend la complexité des relations entre les deux frères et leur relation avec leur père, et tous les secrets. On est aussi à la fois avec Hiram en 1970, en 1980'.....

On est en même temps avec Jacques le Moyne de Morgues, dessinateur et cartographe du roi de France Charles IX, qui prend part à l'expédition de 1564 au coeur de cette région mythique. Sur des bateaux à voiles, des navires de guerre de trois cents tonneaux. Trois navires qui ont appareillé au Havre, avec trois cents colons à bord, des marins, des soldats et des aristocrates, tous des Huguenots, qui fuient les guerres de religions et les catholiques. Les bateaux accostent à l'embouchure de l'Altamaha, et rejoignent le Fort Caroline, au bord du fleuve, pour reprendre main sur le territoire, après la désastreuse expédition de 1562. Il reste quelques survivants, devenus interprètes avec les Indiens. le Moyne va raconter ce qui arrive, et dessiner ces cyprès géants, encombrés de ces toiles grises qui pendent, la "mousse espagnole". Il va dessiner les indiens, leurs coutumes, les batailles, et le monstre qui vit au fond du fleuve, l'Altamaha-ha. .

Et là j'ai immédiatement les images d'"Aguirre et la colère de Dieu" de Werner Herzog, de Apocalypto de Mel Gibson, de "Mission" de Roland Joffé, et même parfois de "La Forêt d'Émeraude" de Boorman. Cette atmosphère verte, humide, violente d'une forêt traversée par un fleuve, de la violence, des conquérants du "Vieux Monde" essayant de s'adapter à une région, un nouveau monde, soit pour installer la suprématie de leur pays, soit pour évangéliser les indiens, soit les deux.
J'ai passé un temps infini sur Wikipédia et sur les divers liens qui parlent du fleuve, de sa géographie, de son passé, de sa cryptozoologie. J'en ai appris, des choses intenses, en lien avec ce livre, qui est flamboyant, épique, douloureux et fort. Et bien sûr, je le recommande, c'est une vraie découverte, des moments intenses, des aventures, c'est presque magique !

Je remercie les éditions Albin Michel, et leur collection Terres d'Amérique pour leur confiance, et pour ces heures passionnantes passées en lisant ce livre de Taylor Brown.



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Une très belle lecture une fois encore grâce à la collection Terres d'Amérique, je découvre peu à peu cette littérature américaine et j'aime infiniment...

Quel livre ambitieux et quelle jolie réussite ! Autour de l'Altamaha River en Georgie se déclinent deux histoires bien distinctes.
0n descend le courant avec deux frères unis dans le deuil et on remonte le temps jusqu'au XVIe siècle au moment des grandes explorations, un voyage autant géographique que temporel. Des destins qui se forgent, des histoires qui s'écrivent au bord de ce fleuve majestueux et immuable sur et autour duquel se concentrent des légendes et bien des passions humaines.

Hunter et Lawson en kayak portent les cendres du père, décédé un an plus tôt, pour les disperser dans l'océan mais aussi pour faire la lumière sur cette mort étrange. de deux tempéraments différents, l'aîné est nageur de combat et porte avec lui le spectre de la guerre et le second étudiant à l'université, ils entretiennent des relations fortes faites de connivence, de confiance, d'entraide et de sourde rivalité. Ce lien prend sa source dans le rapport au père, figure autoritaire dont la présence reste prégnante, un homme de silence, un homme de terrain mais aussi un homme de passions qui cache bien des secrets et dont la forte ascendance sur ses fils perdure au delà de la mort... Les frères sont unis autour d'une éducation et de souvenirs communs qu'ils ne peuvent partager avec personne d'autre, une part d'enfance qui n'appartient qu'à eux. J'ai été très touchée par ces deux hommes qui, entre souvenirs et révélations, doivent faire le deuil du père, deuil physique mais aussi moral. Un voyage périlleux qui peut tout autant raffermir les liens que les défaire....

Jacques le Moyne de Morgues est dessinateur et cartographe du roi Charles IX, il accompagne l'expédition de 1564 qui vient implanter le Fort Caroline dans le nouveau monde.
Il est le témoin privilégié de l'arrivée des colons et des difficiles relations avec les autochtones. Un moment d'Histoire passionnant ! Installation, enthousiasme, alliance, pacte, trahison, bataille, famine, rébellion, lâcheté mais aussi courage, il y a un véritable condensé d'humanité dans cette fantastique épopée. Ses dessins d'époque enrichissent le récit et lui donnent une dimension supplémentaire, une réalité plus tangible.

Le fleuve reste le point commun de ces deux histoires, cours d'eau majestueux, auréolé de mystères (ne dit-on pas qu'il abrite une bête monstrueuse aperçue plusieurs fois au fil des ans...), il s'étire le long des berges en réservant parfois des surprises, en occasionnant des rencontres insolites, souvent dangereuses... Tantôt rassurant, tantôt menaçant, il déploie ses multiples facettes au fil des pages,

L'écriture somptueuse magnifie le récit (merci au traducteur pour la grande qualité de son travail), une plume absolument magnifique, sensible qui donne à voir, à sentir, à entendre, qui offre des moment suspendus, des moments de grâce et d'autres effroyables toujours avec justesse. Les descriptions pleines de poésie sont un véritable hymne à la nature trop souvent malmenée, qu'il faut préserver...

Mais ne vous y fiez pas, rien d'idyllique dans tout cela, les hommes déchainent les passions, le danger omniprésent et la mort jamais bien loin font glisser le récit doucement mais sûrement vers le roman noir ! Une réussite !

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L'Altamaha River en Georgie.
Un même lieu à trois époques différentes.
Ce genre de découpage a le vent en poupe dans la littérature actuelle.
Parfois cela fonctionne. Parfois c'est indigeste.
Pour moi, le recit historique avec ce cartographe français du XVIe S qui cherche un monstre dans le fleuve et se bat contre les indigènes, aurait pu être un roman à part entière.
Ici, c' est un intrus.
Il n'apporte rien au roman et au contraire, il en casse le rythme. Même si l'auteur avait voulu faire du fleuve le personnage principal de son roman, cela n'aurait pas fonctionné car ce qui se passe autour du fleuve est bien plus signifiant que ce qui se passe sur le fleuve.

Par contre, l'histoire de Lawton et Hunter qui viennent répandre les cendres de leur père dans le fleuve, tout en menant l'enquête sur sa disparition mystérieuse s'articule parfaitement avec le récit de sa vie passée et de ses mésaventures sur ce fleuve.
Les relations entre les deux frères et avec le père, un homme brutal mais généreux, sont dans la veine de cette littérature d'aventure et de nature-writing, certes intéressante mais assez viriliste, tant la place donnée aux femmes reste anecdotique.
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Deux frères décident de descendre en kayak l'Altamaha, un fleuve mythique de l'Etat de Géorgie « luisant dans la terre comme un long muscle noir », dans l'intention d'y disperser les cendres d'Hiram, leur père, qui « était un homme du fleuve [et qu'il] le protégeait.

Homme complexe et troublé, qui toute sa vie a « ressenti l'appel avide des ténèbres », Hiram est devenu pêcheur mais a joué de malchance, perdant par deux fois ses crevettiers, dont un parce qu'il avait rapporté dans ses filets des paquets de marijuana jetés d'un avion par un trafiquant.

Avant d'entreprendre ce périle, les deux frères soupçonnaient la mort de leur père de ne pas être un accident, mais ils sont abasourdis quand la vérité éclate et leur donne accès à des informations qui vont redéfinir leurs souvenirs comme leur avenir.

Cette fresque familiale qui nous entraine sur les rives du fleuve l'Altamaha River mêle la vie des hommes à la la nature et aux mystères de la nature est l'occasion d'explorer le thème universel de l'homme qui cherche à trouver sa place dans la nature aussi majestueuse que peu hospitalière.
Parrallèlement à son récit contemporain, Taylor Brown embrasse le destin véridique de l'établissement par les Français de Fort Caroline en 1564, et de leur expédition sur le fleuve, raconté par l'artiste de l'expédition, Jacques le Moyne de Morgues, dont les dessins de l'époque sont reproduits dans le livre.


Parallèlement à son récit contemporain d'inspiration très "nature writing", Taylor Brown embrasse le destin véridique de l'établissement par les Français de Fort Caroline en 1564, et de leur expédition sur le fleuve, raconté par l'artiste de l'expédition, Jacques le Moyne de Morgues, dont les dessins de l'époque sont reproduits dans le livre.

Dans la lignée d'un Ron Rash, Taylor Brown raconte les tâtonnements des Français et les inscrit dans le parcours et la quête des deux frères sur la clé du mystère paternel.

Âpre et profondément élégant, le Fleuve des rois est un roman complexe à l'intrigue tortueuse et virtuose qui nous raconte l'histoires d'hommes bercés par les fleuves depuis la nuit du temps.

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le roman s'intitule le fleuve des rois, mais j'aurais presque eu envie de le renommer le roi des fleuves. Il se dégage, en effet, une certaine majesté de l'Altamaha River, un fleuve de Géorgie que, pour ma part, je ne connaissais pas, mais dont j'ai découvert l'emprise qu'il a pu avoir et qu'il continue d'exercer sur les hommes. Est-ce habité par son esprit que l'auteur s'est lancé dans cette épopée ambitieuse ? Peut-être, l'important étant que les lecteurs se retrouvent très vite subjugués par ce fleuve, personnage à part entière du roman.

Un personnage auréolé de mystères et de légendes, empli de créatures dangereuses, un personnage inspirant et exigeant qui saura se montrer dur et implacable, tout en se retrouvant, paradoxalement, à la merci des hommes. Des hommes pas forcément respectueux de tout ce que cours d'eau spécial à leur offrir… D'une plume acérée, brutale parfois, mais d'une précision quasi chirurgicale, l'auteur nous permet d'appréhender les contours, les dangers et les richesses d'un cours d'eau qui a été le témoin silencieux de drames humains, comme celui vécu par des colons français du XVIe siècle.

On découvre ainsi plus particulièrement le destin de Jacques le Moyne de Morgues, dessinateur et cartographe au service de Charles IX, qui va prendre par à l'expédition de 1564 en direction du Nouveau Monde et de la Nouvelle France. Une terre d'espérance dont il est chargé de dessiner la flore, la faune, de cartographier les cours, les rivières et de restituer, à travers ses dessins, l'expérience vécue par lui et ses camarades… Mais les choses ne vont pas se dérouler comme prévu !

Entre des erreurs stratégiques ayant entraîné la méfiance, puis la défiance des autochtones pourtant accueillants de prime abord, une faune locale difficile à dompter, une mutinerie, une faim tenace et entêtante, l'arrivée d'autres conquérants… le Moyne va devoir sortir de son rôle d'observateur et d'artiste non pas pour conquérir, mais simplement pour survivre. Il pourra heureusement compter sur une certaine capacité d'adaptation, une bonne intelligence des situations, et des appuis parmi les autres colons, ce qui ne l'empêchera pas de vivre, comme les autres, des moments extrêmement durs.

À ma grande surprise, c'est probablement le destin de cette colonie qui m'a le plus captivée ! Mélange de rêve et d'espoir, et de bêtises humaines, motivées comme toujours par l'appât du gain, cette aventure tourne progressivement au cauchemar, enseignant à des conquérants sûrs de leurs bons droits une dure et implacable leçon d'humilité. Dans une ambiance différente, bien qu'également assez sombre, nous suivons, dans le présent, deux frères réunis pour disperser les cendres de leur père, Hiram, et découvrons, en parallèle, des bribes du passé de cet homme taciturne, violent et renfermé.

Alors qu'il a eu à subir ses coups et sa rage, Lawton, l'aîné des deux frères, semble étrangement conserver une sorte de respect irrationnel pour ce géniteur mort, il y a un an, dans des circonstances étranges. D'ailleurs, l'expédition en kayak sur le fleuve afin de disperser les cendres de leur père dans l'océan, se transforme, du moins pour Lawton, en une quête de vérité, destinée à faire toute la lumière sur ce décès soudain. Mais si finalement, toutes les vérités n'étaient pas à bonnes à découvrir, et qu'à trop remuer la vase, les quelques lambeaux de bons souvenirs risquent de se désagréger ?

Alternant entre le passé du père et le présent des deux fils, l'auteur nous dépeint des relations familiales complexes, entre un père incapable de se détacher d'une vie qu'il rêve, mais que le fleuve ne semble pas prêt à lui donner, et deux fils avec lesquels il n'a jamais réussi à communiquer, du moins autrement que par fleuve interposé et par coups. Hiram, homme peu sympathique, arrive toutefois à susciter une certaine compassion, non par pour l'homme qu'il est devenu, mais pour l'être blessé qu'il a été. de fil en aiguille, on découvre ainsi chez lui une certaine fragilité tenue à distance par les excès de violence et le refus de se laisser bercer par les sentiments. Seul une femme, qui ne sera jamais la sienne, et l'Altamaha River semblent arriver à le renvoyer à sa propre humanité.

La relation entre Lawton et son cadet Hunter, quant à elle, oscille au rythme de leur avancée entre provocations, moments de complicité fraternelle, silence, non-dits et questionnements… Bien qu'unis par une même enfance compliquée auprès d'un père qui n'en a jamais vraiment été un, il semble y avoir une certaine distance entre eux, distance renforcée par le fantôme de leur père, par des personnalités diamétralement opposées et des vies très différentes. L'un est ainsi devenu soldat d'élite, et a fait de l'horreur son quotidien, quand l'autre est un étudiant qui se pose encore des questions sur son avenir et devenir. Cette expédition en kayak sera pour les deux, l'occasion, peut-être la dernière, de mettre les choses à plat ou, du moins, d'avancer et de tourner une page.

En résumé, mêlant plongée dans les terres du Nouveau Monde, d'autant plus fascinante que basée sur des faits historiques réels, et exploration de l'âme humaine et de ses égarements, le fleuve des rois nous propose une épopée historique, familiale et humaine ambitieuse, fascinante, poignante et exigeante. Une épopée, alternant entre présent et passé, dont le véritable héros est un personnage silencieux, mais bruyant à la fois, un personnage sur lequel on peut naviguer, mais dont on ne connaîtra jamais tous les secrets, et qui se trouve ici sublimé par la plume de Taylor Brown. Un auteur au pouvoir d'évocation immense qui arrive à faire renaître de ses cendres le passé et qui, avec brio, lie inextricablement nature et trajectoires humaines.
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la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3212 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

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