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EAN : 9782226437303
384 pages
Albin Michel (02/05/2019)
3.79/5   83 notes
Résumé :
Hanté par la guerre de Corée, où il a perdu une jambe, Rory Docherty est de retour chez lui dans les montagnes de Caroline du Nord. C’est auprès de sa grand-mère, un personnage hors du commun, que le jeune homme tente de se reconstruire et de résoudre le mystère de ses origines, que sa mère, muette et internée en hôpital psychiatrique, n’a jamais pu lui révéler. Embauché par un baron de l’alcool clandestin dont le monopole se trouve menacé, il va devoir déjouer la s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
3,79

sur 83 notes
Howl Mountain, Caroline du nord, 1952. Rory Docherty, après avoir perdu une jambe pendant la Guerre de Corée, revient s'installer auprès de sa grand-mère, Ma. le soir venant, il monte au volant de son coupé Ford, surnommé Maybelline, arpente les vallées et les sentiers forestiers et livre, pour le compte du vieil Eustace, le bourbon distillé aux bars clandestins, maisons de passe et bungalows miteux. Et ce n'est qu'à l'aube qu'il rentre chez Ma. Parfois, ils vont ensemble rendre visite à sa mère, Bonni, devenue muette et internée en hôpital psychiatrique depuis un terrible accident survenu trente plus tôt. Un épisode bien sombre que le jeune homme va essayer de comprendre. Mais, bientôt, les ennuis ne vont pas tarder à pointer le bout de leur nez : le trafic d'Eustace est dans l'oeil du viseur du shérif et d'un agent fédéral de Washington et un certain Cooley Muldoon cherche à se venger de la déculottée reçue par Rory...

Trois générations habitent ce roman profondément noir de Taylor Brown : Ma, la grand-mère, guérisseuse par les plantes, assise sur son rocking-chair, un fusil sur les genoux, qui a perdu son mari pendant la première guerre mondiale ; Bonni qu'un terrible drame survenu en 1930 a rendu muette et qui, aujourd'hui, dessine des oiseaux et enfin, Rory, revenu estropié de la guerre de Corée, qui va tenter de venger sa mère. Autour d'eux, Eustace, véritable baron du commerce local ; Eli, son neveu et grand ami de Rory ; l'intrigante Christine ou encore le déjanté pasteur Adderholt. Une galerie de personnages sombres, singuliers, meurtris et parfaitement dépeints, au coeur d'une Amérique rurale et désenchantée. Entre vengeance, coups bas, trahisons, trafics, secrets de famille, amour et haine, ce roman haletant, à l'ambiance oppressante et de plus en plus inquiétante, se révèle au fil des pages pour ne plus vous quitter, une fois la dernière page tournée. de sa plume riche, descriptive et travaillée, de son style remarquable, l'auteur nous plonge littéralement au coeur de ces années 50.
À la fois émouvant et éprouvant...
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«  Les montagnes semblaient planer sur l'horizon comme de la fumée , de toutes , Howl-Mountain était la plus haute et la plus sauvage » .
«  L'amour qu'ils se portaient les avait faits souverains de cette terre. Ils étaient tout- puissants , sauf pour ce qui concernait les battements du coeur de l'autre » .
Deux extraits de ce roman puissant qui aurait pu figurer dans la catégorie nature writing tellement l'observation de la nature est minutieuse, les descriptions poétiques riches de rives fraîches et ombreuses, de sentiers forestiers , de vieilles routes en lacets , d'eaux noires et d'arbres formant des voûtes , précipices Route 321, au coeur de L'Amérique rurale, en Caroline du nord , années 50.
Ici les habitants de Howl-Mountain se rappellent leur vallée , autrefois prospère, puis inondée en 1931, par certains promoteurs pour produire de l'électricité .
Les personnages de ce roman noir , haletant, aux multiples facettes ne nous laissent pas un instant de répit.
Rescapé de la guerre de Corée , où il a perdu une jambe, Rory Docherty de retour chez lui convoie , en toute illégalité le précieux tord - boyaux ,alcool clandestin : le bourbon , au volant de sa Maebelline, nom donné à son monstrueux coupé Ford, pour le compte d'Eustace Uptree , l'un des barons de la contrebande locale , amant occasionnel de sa grand-mère , Ma, auréolée d'une bonne dose de sorcellerie salvatrice , guérisseuse , rebouteuse, dénicheuse de plantes récoltées dans la montagne , initiée autrefois par une vieille femme qui lui avait livré ses secrets .
Grâce à sa connaissance des plantes , elle soignait toutes sortes de maux , les épouses venaient chercher des remèdes ancestraux , des poudres à verser dans le verre de leur mari qui leur ramèneraient de la vigueur entre les jambes , ,ancienne prostituée , et bonne tireuse, elle possède fusil et cartouchière , un sacré personnage , la guerre lui avait enlevé son homme , resté en terre de France .
Rory , lui, tente de se reconstruire et de résoudre le mystère de ses origines .
Sa mère Bony , muette et internée en hôpital psychiatrique n'a jamais pu lui révéler .
Mais le jour où le shérif du comté jusqu'alors bienveillant , en échange de quelques billets , a décidé de changer les règles du jeu sous la pression croissante des trafiquants , Rory devient la cible de règlements de compte obscurs , violents comme l'avait été sa mère , d'ailleurs, plusieurs mois avant sa naissance .

S'ensuivront à déjouer la surveillance des fédéraux embuscades, courses poursuites au volant de son bolide monstrueux dans les méandres de Howl Mountain , vengeance ..
Entre trafics illégaux , contrebandiers , alambics clandestins , cérémonies religieuses exaltées ,teintées de sorcellerie, courses automobiles à fond la caisse, ronflements de moteurs frelatés, , corruption , tous les personnages semblent porter en eux une malédiction , j'allais oublier l'ivresse de la bouteille et les fantômes d'un lourd passé qui explosera à la fin .

Les personnages paraissent se démener sans cesse , en proie , à leurs démons sauf l'inaltérable Ma, assise dans son vieux rocking-chair se balançant , la pipe à la bouche ,le fusil dans les mains .
Ils s'exposent à la foudre des dieux .
Ce livre haut en couleurs , puissant , violent , attachant , sauvage, à l'atmosphère inoubliable, qui ne laisse pas un instant de repos au lecteur montre une Amérique démoniaque , noire , livrée à des croyances oubliées , aux moeurs brutales , à la pire des corruptions, dans ces coins reculés .
La plume est chatoyante, sensuelle, pėtrie de sensibilte , envoûtante, descriptive, travaillée et poétique.
L'auteur , que je ne connais pas possède un immense talent de conteur .
À suivre donc!
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Chope une flasque de bourbon, jette un dernier coup d'oeil à la splendeur sauvage de ces montagnes de Caroline du Nord, embrasse ta grand-mère et grimpe dans le coupé Ford surgonflé de Rory pour t'élancer sur les pentes dangereuses de Howl Mountain, la plus belle, la plus majestueuse, celle qui surplombe la vallée.

Une vallée qui fut prospère autrefois avant qu'on l'inonde et qu'on y construise un barrage qui a repoussé les hommes un peu plus haut, dans les villages paumés de la montagne. Pour y survivre, on distille. du bourbon. Plus ou moins pur, plus ou moins bon. Et quand vient la nuit, les revendeurs partent au taf dans leurs bolides, équipés pour ravitailler tous les boxons et bouges des alentours, trafiqués pour échapper aux fédéraux qui cherchent à faire un exemple.

Jeune vétéran de Corée privé de l'usage d'une jambe, Rory Docherty est l'un d'entre eux. Il vit avec Ma, sa grand-mère, et rend régulièrement visite à sa mère internée à Raleigh, murée dans le silence depuis une sombre et mortelle nuit, trente ans plus tôt. Entre rivalité avec ses concurrents trafiquants, jeu de chat et la souris avec les flics et découverte de l'amour avec Christine, Rory veut savoir, comprendre et venger le drame familial.

Dans Les Dieux de Howl Moutain, Taylor Brown – traduit par Laurent Boscq – nous offre un sacré bon roman noir, à l'agréable faux rythme, celui qui te berce dans la langueur d'une nature montagnarde magnifiée avant de te projeter sans prévenir à 150 miles à l'heure au coeur d'une course de voitures sur anneau sans règle. Brown excelle dans la peinture de ses personnages : Ma, ancienne putain devenue guérisseuse, mais restée à sa manière aimante, généreuse et accueillante ; Rory, corseté dans son mal-être qu'apaise juste un peu la vitesse et la belle mécanique, à défaut de vengeance ; et Kingman, le Fed dont l'ombre plane sur la majeure partie du livre avant d'apparaître magistralement sur la fin.

Brown surfe sur tous les genres - polar, noir, atmosphère, nature et même amour – et les maîtrise tous étonnement. La patte d'un grand assurément.
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Édité chez Albin Michel, ce roman noir aurait très bien pu l'être chez Gallmeister dans la collection Nature Writing. Je vais m'y pencher plus sérieusement sur la collection Terres d'Amérique ; deux très bonnes pioches récemment !
Les Dieux de Howl Moutain, c'est une aventure prenante, addictive, très rythmée qui nous emmène dans les montagnes de Caroline du Nord dans les années 50. C'est un cocktail détonant : un roman sombre avec de bien bon salopards, de l'action, de la violence, de la corruption, des luttes de pouvoir et courses poursuites extrêmes, un trafic de bourbon rondement bien orchestré et du rythme; mais également un roman rural qui fait aussi une part belle à la nature. Les descriptions que nous offrent Taylor Brown des liens forts que l'être humain tissait encore avec la nature dans les années 50 sont de très belle facture, elles ralentissent le rythme, apportent un peu de douceur et sont un vrai souffle d'air pur ! Idéal pour s'évader en confinement !
Des protagonistes attachants, des écorchés vifs : Rory personnage central, revenu de Corée amputé d'une jambe, la mère de Rory, Bonnie muette et enfermée dans un asile, Eustache Uptree, à la tête du commerce d'alcool... et Ma, la grand-mère de Rory, personnage que j'affectionne particulièrement. Une grand-mère au tempérament de feu, ancienne prostituée devenue herboriste dont la renommée n'est plus à prouver, d'une sagesse remarquable, qui veille sur ses proches vigoureusement, son fusil toujours à porter de main et de bons conseils pour son petit-fils. « Ne passe jamais la bague au doigt d'une fille avant de la mettre dans ton lit, mon petit. C'est un principe de vie. Si elle désire Jésus plus que toi dans son corps, c'est qu'il y a quelque chose qui cloche. » ;-)
Au coeur de ce roman, une histoire de famille, un lourd secret, et au bout, une vengeance implacable !
Je recommande vivement !
Merci Christelle de la médiathèque de Pontault pour cette chouette découverte !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Rory, jeune vétéran tout juste revenue de Corée, est de retour au pays chez sa grand mère en Caroline du nord,à Howl Mountain.
Entre trafics d alcool et course de voiture, Rory à bord de Maybeline, sa Ford, est en quête du passé de sa mère qui a été placé en Hôpital psychiatrique, suite à une agression

Les dieux de Howl Mountain de Taylor Brown

L'auteur nous emmène au fin fond de la Caroline , 20 ans après prohibition. Avec des personnages vrais, avec leurs faiblesses et leurs caractères propres.
Dans une ambiance pesante et noires.
Avec une histoire originales qui a ses secrets, ses actions et ses montées en pressions.
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critiques presse (2)
LaLibreBelgique
06 juin 2019
C’est encore le cas de Taylor Brown, dont le premier roman, Les dieux de Howl Mountain (Gods of Howl Mountain), déploie avec beaucoup de grâce une atmosphère à la fois enveloppante et déchirante.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
27 mai 2019
Bourbon de contrebande, traumatismes de la guerre de Corée et vengeance implacable : avec son roman déglingué, l’écrivain Taylor Brown rince l’âme américaine.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (50) Voir plus Ajouter une citation
Rory regardait par une fissure dans la porte. Les gens hurlaient à présent, et ils dansaient au son de crécelle des tambourins qu’ils frappaient du talon de leurs mains. Trempés de sueur, le visage tout relâché comme les revenants dans les contes, débordant de plaintes et de cris haletants. Ils tournaient sur eux-mêmes et martelaient le sol, les bras levés comme des candélabres, les mains en coupe comme si elles contenaient de l’eau bénite ou du feu.
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À dix-neuf ans, j'avais déjà tué une centaine d'hommes, qui pleuraient leurs mères, le corps pris dans les barbelés, pendant que ma mitrailleuse Lewis les taillait en pièces. On dit qu'en trois jours, près d'un million d'hommes sont tombés dans la Somme. Je n'ai aucun doute là-dessus. Comme des hordes de singes casqués et équipés des pires joujoux que leur cerveau de primates avait pu inventer, qui se massacraient les uns les autres. Pensant tous dans leur tête, qu'ils étaient uniques au monde, créés par Dieu à son image. Un dieu dément, certainement, ou aveugle, ou qui bandait quand des garçons hurlaient son nom, les tripes à l'air. Je les ai regardés dans les barbelés, avec leurs masques à gaz et leurs casques comme des seaux à charbon, qui détalaient dans tous les sens, et très vite ils n'ont plus été pour moi que des fourmis. Toutes ces meutes d’hommes sans nom, je les ai vues comme Dieu les a peut-être vues d'en-haut, fauchées au bout de ma mitrailleuse, criblées d'impacts rougis comme sous un verre grossissant. Et très vite, ça ne m'a plus rien fait. Si j'avais pu, je les aurais tous tués. Il n'y avait pas d'autre dieu pour moi que ma mitrailleuse Lewis.
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Chaque jour de sa vie, jusqu’à ce que l’hôpital psychiatrique la lui prenne, sa fille avait eu de quoi manger, qu’importent les péchés que ça lui coûtait. Ensuite, elle avait pris soin de Rory. C’était pour le protéger qu’elle avait suspendu des bouteilles dans l’arbre. Quand il était parti en Corée, elle n’avait jamais cessé de prier. Pas le dieu des églises, mais le sien propre. Celui qui siégeait pas loin, peut-être plus haut dans la montagne. Car c’était là une demeure idéale pour un dieu, bien plus qu’un bâtiment ou un livre. Ici, on la comprenait. Elle était rusée, bien sûr, mais pas hypocrite. Toute sa vie, elle s’était battue comme une bête. Le Christ ensanglanté, cloué nu et hurlant sur la croix – les os fendus par le fer de la lance, le corps fouetté jusqu’à la chair -, était un dur au mal. Pour sûr, il avait du cran, un cœur de fauve. Comme elle. Tout le reste, elle n’en avait rien à faire.
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La lune perçait les bois de ses rayons pâles et le vent soufflait par intermittence sa plainte entre les arbres. Le sentier n'arrêtait pas de monter, vers les ténèbres menaçantes du sommet. Et vers l'océan de nuit qui couronnait le tout de son étrange parure d'étoiles.
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Sous le ciel comme un dôme violet, les premières chauves-souris virevoltaient en virages serrés dans les dernières lueurs du jour. Il avança dans la prairie mauve, les regardant chasser en zigzaguant selon des trajectoires tortueuses et extraordinaires. Il prit les vieux sentiers de sa jeunesse, entretenus en son absence par les hardes de daims qui glissaient comme un flux d'énergie quasi liquide à travers bois, par les ours bruns en balade ou la panthère solitaire qu'on disait la dernière de son espèce à vivre dans ces montagnes et qui venait sauter, un an sur deux, sur le toit d'une cabane pour hurler comme une femme bafouée. Les arbres l'enveloppaient à présent, serrés les uns contre les autres face à la lumière résiduelle, avec leurs feuilles agonisantes qui chuchotaient dans leur langue très ancienne.
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