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3,49

sur 170 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Autobiographie de Pascal Bruckner.
De lui je n'ai lu qu' "un petit mari", qui ne m'a pas laissé un souvenir impérissable. C'est donc quelqu'un que je ne connais pas plus que ça.
Et dès le début ça démarre très fort. Petit garçon élevé dans la tradition catholique, il adresse des prières pour que son père décède. Faut dire que le papounet y va fort, on pourrait résumer par : un gros con. Violent, antisémite, raciste, il tape sur sa femme, son fils aussi, parfois c'est juste pour soulager une journée trop chargée. Son attitude forgera le caractère de son fils et celui-ci deviendra en tout son opposé.
Malgré toute cette violence, on ressent tout au long du livre un certain amour de la figure paternel. L'écriture est débridée, empreinte de pudeur et de sensibilité, l'auteur visiblement ne cache rien. Un livre qui n'est pas un règlement de compte mais qui est plus un bilan pour faire le point sur le passé peut-être tout simplement pour mieux l'évacuer.
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L'auteur relate sa vie, son enfance sous la coupe d'un père violent, antisémite et raciste. Une violence dont il a voulu se servir pour grandir, devenir un homme, un compagnon et un père radicalement différent de son géniteur et sans les idées extrémistes qu'il prônait. Mais ce qui est frappant, c'est que parfois, malgré tout, on est touchés par le portrait qu'il dresse de ce père : ambigu, sans détour, cru et violent, triste, touchant. Un bon livre, ardu parfois mais qui résonne comme une auto-psychanalyse.
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Un bon fils, livre portrait d'un père horrible. Trés touchée par l'écriture qui m'a de suite embarquée dans ma période littéraire (assez loitaine) mais toujours présente de Sartre, Simone de Beauvoir et autres maîtres du genre.
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Le fils règle ses comptes avec le père, sans concessions, lui vouant un mépris plus ou moins transformé en indifférence (en passant par divers stades allant du sentiment de culpabilité à a la honte, du rejet à l'émancipation) qui lui a permis, avec les livres, d'être sauvé de la sauvagerie, de la brutalité, de la xénophobie, de l'autoritarisme, de la domination du père et de devenir un homme respectable. Beaucoup de ressentiment, de venin et de ressassement : le lecteur y a-t-il sa place, question que je me pose à chaque lecture de telles autobiographies.
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Il ne faut pas connaître l'intimité d'un personnage que l'on admire. L'occasion d'y être déçu est trop évidente. On le trouve alors empêtré dans sa condition humaine. Engoncé dans un corps qu'il ne domine peut-être plus, ou bizarrement gouverné par des proches qui ne lui arrivent pas à la cheville. Pascal Bruckner nous l'enseigne lui-même, fort de sa propre expérience avec son professeur de philosophie, alors étudiant au lycée Henri IV. Aussi que dire de cet ouvrage qui nous fait découvrir sa relation particulière avec ce père dont il déclare d'emblée souhaiter la mort ?

On y observe que Pascal Bruckner n'a pas seulement connu le conflit des générations auquel tout enfant est confronté. S'y est adjoint chez lui un conflit génétique. le rejet de l'héritage, de la filiation avec un père honni, la chair de sa chair. La révélation de ce dernier, au fil des pages, gagne sans peine le lecteur à sa cause.

Le comportement des proches de ce père détestable est surprenant. Sa femme, bien que maltraitée, l'entoure d'une jalousie maladive. « Elle préférait encore qu'il la frappe en étant là ». « La mort fut la seule vengeance qu'elle exerça contre lui ». Son fils, l'auteur, bien que haïssant ce père, reste présent dans sa vie, attendant que la nature défasse elle-même ce lien qu'elle a construit entre eux à la naissance.

Au-delà de son antisémitisme forcené, de son comportement odieux vis-à-vis de son entourage, Pascal Bruckner reproche surtout à son père d'être une part de lui-même qui a existé avant sa propre naissance. Il ne veut rien devoir de ce qu'il est à qui que ce soit, fussent-ils ses propres géniteurs. Il veut s'être construit seul, sans intervention extérieure, surtout de son père, antithèse de sa conception philosophique de la vie, de son rapport aux autres.

Cet ouvrage est donc l'histoire d'une détestation sans rupture, dans « le monotone enfer de papa-maman ». Mais c'est surtout une quête de soi à laquelle l'auteur nous convie. Faut-il que ses géniteurs aient disparu pour voir émerger sa propre personnalité ? Ne reporte t'on pas sur les autres la propre aversion de soi ?

Ce livre, le bon fils, n'est-il pas le dernier à lire pour faire connaissance avec son auteur. Ai-je commencé par la fin ? Me donne t'il envie de connaître l'oeuvre après avoir pénétré l'intimité familiale de son auteur ?

Il procure plus de questions que de réponses. Il n'en reste pas moins que, pris indépendamment de l'oeuvre littéraire globale, cet ouvrage est intéressant dans la réflexion qu'il suscite, et que chacun peut faire quant à sa relation avec ses ascendants. Sans aller jusqu'à l'extrémité de souhaiter leur mort, fort heureusement. On découvre au final qu'il y a toujours une raison à tout, et que toute personne qui condamne dans l'ignorance est dans l'erreur.
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Un début dont la lecture a été laborieuse pour moi : impression de déjà lu ailleurs sur le mal-être d'un fils dont le père a été collabo. Après 50/60 pages, le récit sur ce père maltraitant, mauvais pensant, raciste, extrémiste, faisant des réflexions à l'emporte-pièce m'a passionnée, tout comme les notations et les anecdotes sur Roland Barthes, Alain finkielkraut, Jankélévitch... Une époque passionnante et fourmillante d'idées et d''esprit. Mais l'apothéose est la fin de vie du père qui pour moi fait caisse de résonance, traînant le même boulet avec une mère de 96 ans ayant le même profil, mais quand même en plus soft, que le père de P. Brucker. J'imaginais être la seule à être une mauvaise fille, alternant la compassion, la rancoeur, la culpabilité. J'ai vraiment apprécié et ce récit décomplexé et sincère a un effet thérapeutique et déculpabilisant sur moi.
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"Un bon fils" et "L'homme de ma vie" de Yann Queffélec se sont simultanément retrouvés dans ma PAL, et j'ai pensé qu'il serait intéressant de les lire à la suite, tous deux abordant la même thématique : l'emprise sur l'enfant -et sur l'adulte en devenir qu'il abrite-, d'une figure paternelle imposante.

Pascal est un enfant malingre. Descendant d'une lignée de tuberculeux, il est placé dès son plus jeune âge dans une "Kindherheim" en Autriche. Cette enfance à la montagne lui laissera d'attachants et cocasses souvenirs, car s'il est d'apparence souffreteuse, il n'en est pas moins un garçon facétieux et de joyeuse composition.

A ces moments bénis succède l'adolescence à Lyon, comme fils unique d'un couple étrangement assorti... une mère qui a gardé de son éducation ultra catholique un dégoût du corps, de la féminité, femme surprotectrice envers son seul enfant, avec lequel elle entretient une relation quasi fusionnelle. Pascal partagera jusqu'à ses onze ans le lit maternel, lors des absences régulières du père, qui profite de ses déplacements professionnels pour collectionner les maîtresses. Il est ingénieur des mines, et il en est sacrément fier, ce père issu d'un milieu ouvrier, d'ascendance à la fois huguenote et germanique, qui voue un véritable culte à la culture allemande, et s'adonne avec passion à l'antisémitisme. Cet homme qui à l'extérieur fait preuve devant toute autorité d'une soumission qui confine à la lâcheté, est un tyran au sein de son foyer.

Ce ne sont pas les coups qu'il a subis, rarement évoqués (et sans doute rarement donnés), qui ont marqué son fils, mais les blessures verbales, le mépris, les vexations. Et les scènes de violence opposant ses parents, qui se livraient régulièrement à une sorte de jeu pervers à la moindre tension de l'atmosphère, sa mère, passive, subissant la brutalité paternelle. Même vieille et malade, elle ne bénéficiera de la part de son époux d'aucune compassion. L'auteur dépeint l'ambivalence des sentiments du garçon qu'il fût alors avec justesse, cette alternance de haine, de désir de vengeance, et cet irrépressible besoin de plaire, de gagner, malgré tout, l'estime du père.

Pour autant, "Un bon fils" n'est ni le témoignage d'une enfance difficile, ni un réquisitoire ou un règlement de comptes. C'est le récit d'une construction, et d'une victoire aussi. Enfant du baby-boom, Pascal Bruckner vivra ses années étudiantes dans l'ambiance survoltée de la fin des années 60, où il est de bon ton de renier l'autorité paternelle et de rompre avec les modèles brandis par les aînés. Sa force sera d'opérer une distanciation constructive et personnelle, d'aller à l'encontre de la volonté familiale, non pas pour s'attacher à d'autres "gourous", mais pour s'engager dans la voie qu'il sent intimement être la sienne. A l'inverse d'un père prompt à adopter toute idéologie extrémiste, il fait preuve d'une capacité à appréhender le monde sans a priori, et de s'y fondre avec l'aisance de celui qui est détaché de tout dogme.

On ressent au fil de la lecture le long travail que l'auteur a inconsciemment entrepris avec lui-même pour parvenir à cet état d'apaisement, de recul, qui émane de son texte. Comme si d'écrire sur sa difficile relation à son père lui avait permis de concrétiser l'ultime étape du cheminement menant à une complète libération : celle consistant à admettre l'amour filial envers cet homme grâce à qui, comme il le reconnait, il est devenu ce qu'il est.

"Les pères brutaux ont un avantage : ils ne vous engourdissent pas avec leur douceur, leur mièvrerie, ne cherchent pas à jouer les grands frères ou les copains. Ils vous réveillent comme une décharge électrique, font de vous un éternel combattant ou un éternel opprimé. le mien m'a communiqué sa rage : de cela je lui suis reconnaissant."

"Un bon fils" est un excellent roman, qui au-delà d'une thématique traitée avec beaucoup de justesse et de maturité, offre le plaisir d'une écriture souple, et d'un texte qui se présente comme une suite d'associations d'idées, un souvenir en appelant un autre, lui conférant une dimension profondément sincère.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Où l'on se rend compte que l'auteur ne va pas très bien. On peut se construire contre ou avec. Pascal Bruckner s'est construit contre son père, facho médiocre, mari violent, qu'il n'arrive pas à détester. Se construire contre, c'est traîner toute sa vie un tas de choses poisseuses qui vous entravent et vous rendent malheureux. Cela peut aussi faire de bons écrivains. A lire.
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Un témoignage très troublant, parfois difficile mais nécessaire pour l'auteur. La difficulté d'aimer un père aussi rempli de violence ...
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J'ai aimé suivre le lent cheminement qui a permis à cet intellectuel d'émerger de son enfance, de considérer son héritage dans toutes ses dimensions. Lorsqu'il cite l'invitation de Sartre : "faire quelque chose de ce que les autres ont fait de nous", j'ai trouvé que l'ensemble de ce parcours était une belle illustration d'une manière de répondre.
Ce que j'ai trouvé courageux de la part d'un homme de cette génération, c'est de s'attarder sur des états d'âme, des dimensions psychologiques, ce qui éclaire le parcours de manière beaucoup plus intime.
Bref, une fois le tout comme décapé, il reste un noyau existentiel : l'amour d'un fils pour son père, la reconnaissance de sa paternité biologique et culturelle.
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