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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'homme de sa vie, c'était Sylvain. Maintenant, c'est Tristan. Lorsque Vanessa a croisé Sylvain, qui, comme elle, aimait les papillons, elle a cru que ce serait pour toujours. Hélas, comme le dit la chanson, « la vie sépare ceux qui s'aiment » et Sylvain est mort sans connaître son fils. Vanessa élève seule ce petit garçon renfermé et taciturne, qui préfère la compagnie des héros de papier à celle des autres enfants.
Gériatre dans une maison de retraite, la mère est très occupée et, la plupart du temps, Tristan le passe à l'attendre. Alors, il s'invente des histoires.
Tous les chapitres du roman d'Anne-Claude Brumont ont pour titre le nom d'un des personnages, le plus souvent l'un des deux protagonistes, mais pas seulement. On croise aussi Bertrand, grand-mère, Sébastien, Marie.
Entre Vanessa et Tristan apparaît une ombre, celle de Sylvain qui reste perpétuellement en filigrane, car sa femme n'a jamais pu surmonter sa tragique disparition. Si, par extraordinaire, elle se sent vaguement attirée par un voisin, elle se morigène : « c'est n'importe quoi, elle est la femme d'un seul homme, la femme de Sylvain Maan, dont elle porte en permanence la chevalière en argent autour du cou. »
Ce disparu, elle l'idolâtre, au point de lui avoir élevé, dans un coin secret, un véritable sanctuaire et d'organiser, chaque année, une sorte de cérémonie de commémoration.
Tristan, qui n'a jamais connu ce père mort avant sa naissance, se pose de nombreuses questions. Si quelqu'un évoque leur ressemblance, l'enfant peut passer des heures à scruter la photo et son reflet, à comparer, à conclure que non , décidément, ils n'ont rien en commun.
Tristan est mutique, timide, différent. Ce sont les livres qui lui tiennent compagnie. A la récréation, il ne se mêle pas aux autres élèves qui, la plupart du temps se moquent, le houspillent. Il trouve refuge sous les branches du « feuillu majestueux », un saule pleureur, image de son état d'esprit. Il voudrait être invisible ou carrément ne pas être là. Chez lui, il se calfeutre dans sa chambre. « L'endroit ressemble à un cocon, Tristan aime y rester. Il pourrait ne jamais en sortir. »
Il ne faut pas croire pour autant qu'il est gentil. Au contraire, il peut se montrer très cruel. Jaloux de voir sa mère s'intéresser à un homme, il invente une histoire rocambolesque et perfide pour se débarrasser de ce rival.
L'auteure a très soigneusement choisi les noms qui sont très connotés. Lorsque Vanessa et Sylvain se sont rencontrés, ils ont immédiatement su qu'ils étaient faits l'un pour l'autre, unis par le même amour des lépidoptères qui leur ont offert leurs prénoms : « le Vanesse des chardons (…) porte la même robe orange et noire que vous. On l'appelle aussi Belle Dame » remarque le jeune homme. A quoi Vanessa rétorque : « Vous me faites penser au Sylvain dans votre costume noir et blanc. » Quoi d'étonnant, dès lors, que le fruit de leur amour soit « Tristan (…) un petit papillon brun des bois, avec sur les ailes des taches sombres et rondes qui ressemblent à des yeux. »
Son patronyme, « Maan » signifie « lune ». Comme elle, il sait se faire discret, disparaître, caché par les nuages. Il a une étrange manie (qui me donne des frissons) : angoissé, il mange ses cheveux.
L'élégante écriture d'Anne-Claude Brumont rend bien les sentiments, les émotions.
Toujours pressée, Vanessa s'annonce par le claquement de ses talons. La phrase se fait vive, sèche, incisive. Ainsi lorsque survient une panne d'ascenseur : « Brusquement, trois coups sourds comme avant une représentation, sitôt suivis de saccades brèves clac, clac, clac (…) Par réflexe, elle s'agrippe à l'inconnu, ses ongles se plantent dans l'avant-bras saillant. Contusion. Confusion. Onomatopées. » Au contraire, longue, elle se déroule avec chaleur quand Vanessa retrouve Tristan: « A l'instant où elle l'aperçoit debout sur le seuil, son enfant, son trésor inestimable qui illumine le papier peint du couloir, elle ressent toute la puissance de l'adoration. » Ou encore, elle traduit la complicité : « Dans la lumière rasante du soir, la mère et le fils font le chemin à pied jusqu'à la nouvelle école, une sorte de répétition avant le grand jour. »
De temps à autre, quelques passages de chansons soulignent le moment vécu tout en invitant le lecteur à fredonner.
La tonalité de ce roman est assez sombre, mélancolique. Des drames l'émaillent. On sent le coeur qui se serre. Parfois, on redoute le pire. Alors, on se rappelle le titre, première raison qui m'a attirée vers ce livre, car, moi aussi, j'adore les papillons. On se rassure en pensant que, même au coeur du froid, du chagrin, de l'angoisse, l'espoir luit, il n'est pas loin. Et si les papillons meurent bel et bien en hiver, au chaud dans leur cocon, des chrysalides attendent le printemps pour se métamorphoser et déployer leurs ailes irisées.
J'ai beaucoup aimé cette lecture.
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J'ai bien aimé ce roman, qui se lit facilement, où l'écriture de l'auteure est agréable à lire, fluide et recherchée. En effet, les mots sont bien choisis et placés au bon moment, c'est tout à fait limpide. Malgré la délicatesse du sujet, l'auteure nous conte une belle histoire pleine d'émotions à travers des personnages forts et authentiques. Cependant, j'aurai aimé qu'il y ait plus de détails à certains moments et que le sujet soit plus approfondi. Je l'ai lu en quelques heures, quasiment d'une traite, j'ai adhéré au style d'Anne-Claude Brumont, elle arrive à capter l'attention de ses lecteurs avec brio et ainsi les transporter dans une histoire riche de sens, qui même peut faire écho en eux. Merci pour ce très bon moment !
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