Antoine Bruneau, historien, ancien conservateur du musée de Loigny la Bataille (28) s'est spécialisé dans l'étude des témoignages historiques. Il est l'auteur de
Journal d'un collabo ordinaire, de À demain ma chérie, de Adieu Kobe aux éditions Jourdan, ainsi que, en partenariat avec
Eric Labayle, de l'album
1940 dans l'oeil du vainqueur aux éditions
Sutton.
Il vient de publier
Crimes de guerre dans le Loiret aux éditions Jourdan.
Après plusieurs années d'enquête aux archives départementales du Loiret, en s'appuyant sur les documents dus au Service de recherche des crimes ennemis organisé par Guy Toupense de 1944 à 1946, il vient de publier
Crimes de guerre dans le Loiret aux éditions Jourdan. Il y montre les pillages, les exécutions de prisonniers, les vols, les actes de torture, les assassinats, les déportations commis sous l'Occupation dans le Loiret. Cet ouvrage de près de 800 pages fait revivre l'histoire de ces loirétains anonymes, souvent oubliés.
Après un texte introductif qui présente rapidement le déroulement de la seconde guerre mondiale dans le Loiret, rappel historique fort utile et d'une présentation claire et concise, l'auteur explique le rôle du service de recherche des crimes ennemis dont il a exploité les résultats dans cet ouvrage.
Puis sont énoncés les différents faits classés par canton et par commune. Et pour cela, les éléments recueillis par Guy Toupense ont été une aide précieuse et incontournable. En effet, ce responsable du groupe de résistants Libération nord, secrétaire de mairie à Châteauneuf-sur-Loire, avait envoyé un questionnaire à tous les maires du Loiret en leur demandant de signaler tout ce qui s'était passé dans leur commune pendant la guerre. Ces réponses, très différentes dans leur forme et leur contenu, ont permis à
Antoine Bruneau de dresser la description la plus précise possible des événements qui, dans le Loiret, furent la conséquence de la guerre et de l'Occupation. La présence ou non de détails est directement liée au contenu de la réponse fournie alors à Guy Toupense. Mais il est intéressant de signaler que, souvent, les faits relatés ont été oubliés ou ne correspondent pas exactement à ceux qui sont inscrits dans la mémoire collective locale.
D'où le grand intérêt de cet ouvrage, ouvrage de référence accessible à tous et d'un intérêt indéniable.
Voici la présentation des réponses au questionnaire Toupense faite dans cet ouvrage par
Antoine Bruneau pages 23 à 26 :
« Ce questionnaire se décompose en deux grandes parties. La première concerne les renseignements généraux que peuvent fournir les communes, tels que l'existence de crimes de guerre sur leur territoire (précisant date, lieu, victimes, identité des coupables ou suspects et toute précision pouvant être utile).
La seconde partie, des renseignements particuliers, se fait plus précise avec quatre sous-parties qui concernent les arrestations et déportations, les troupes allemandes ayant séjourné ou simplement passé sur le territoire de la commune, des données diverses sur les amendes et enfin une rubrique relative aux observations.
Le travail d'enquête consécutif à l'établissement des rapports par les communes va se faire en lien avec la Gendarmerie et la Police. de ce fait, les dossiers constitués par chaque commune sont relativement complets et leur examen nous donne une vision assez nette de ce que les communes ont retenu de la période de l'Occupation sur leur territoire.
Si le questionnaire nous donne une photographie des exactions ennemies, les procès-verbaux d'enquête entrent dans les détails, y compris les plus sordides, comme nous allons le voir dans certains cas.
L'examen nous montre clairement que la chasse aux résistants est la première des choses qui est retenue par les maires, les arrestations et les déportations étant la face émergée de l'iceberg de cette mission de la Gestapo avec une intensification nette à partir de l'année 1943 et une phase répressive accrue après le débarquement de Normandie. de même, si les pillages sont fréquents durant l'été 1940, ils disparaissent presque totalement
durant la période de l'Occupation pour réapparaître lors de la retraite de l'armée allemande.
Afin de préciser les rapports établis en 1945 et 1946, nous avons choisi d'y ajouter les rapports très succincts qui avaient été également établis par les municipalités, à la demande du préfet du Loiret en juillet 1940, sur l'invasion et les combats du mois de juin précédent. Ceux-ci viennent bien souvent modifier la perception que les villes et villages ont été pillés seulement par les Allemands lors de ce premier été d'occupation. »