Citations sur Vanda (70)
C’était dingue, les meufs qui bossaient dans la culture pouvaient arborer un corps tatoué jusque sous les oreilles, on trouvait ça tendance et artistique, mais pour un job de femme de ménage on pensait qu’elle sortait de taule ou qu’elle savait pas se tenir.
Ici l’interdit est mouvant, s’éclipse au profit du légitime, parfois par contumace.
Elle est de ces gens dont on pense qu’ils sont nés adultes, ici et maintenant, même immatures. Les failles sont palpables, la fragilité évidente.
Vanda a admis très tôt qu’elle était seule, comme on est seul au jour de sa mort.
Elle en a consommé la douleur jusqu’à en faire une identité, une armure. Les autres comptent un peu, mais ils s’en vont, disparaissent. Regarde sa meilleure amie d’école primaire, celle avec qui elle jouait sous les draps, et la petite bande du lycée dont la principale préoccupation était de fuir le coin au plus vite. Elle ne sait pas ce qu’ils sont devenus, ils n’ont pas résisté au temps, à l’absence. Et les amours terribles, de celles qui donnent du sens aux pulsations, pour qui on pense pouvoir mourir, ou qui nous ont tué en partant. C’est des conneries, on n’en meurt pas.
Quand son fils est né, quand elle l’a reçu contre elle pour la première fois, ça a déchiré quelque chose, en dedans. Il était là et il n’avait qu’elle. Il va t’aimer toute sa vie, elle se répétait, et elle ne savait pas si c’était Un bonheur ou une putain de malédiction.
Vanda a besoin des odeurs, même les mauvaises. Les odeurs lui parlent, la saisissent et l’ancrent dans le monde.
Vanda s’accroupit près de lui, enfonce le visage dans son cou pour le sentir, renifler ses odeurs de nuit. Elle l’embrasse comme on dévore, au risque de le réveiller à nouveau.
Noé émerge du cabanon avec une poignée de dinosaures. Sans regarder personne, il les installe face à la mer, pattes plantées dans le sable, appelle sa mère pour qu’elle vienne voir, lui explique les conflits entre espèces et chuchote le nom de certains d’entre eux. Elle adore ça, mais elle n’écoute rien. Tout ce qui l’intéresse, c’est le petit visage concentré de Noé, son monde.
Vanda a admis très tôt qu’elle était seule, comme on est seul au jour de sa mort.
Elle en a consommé la douleur jusqu’à en faire une identité, une armure. Les autres comptent un peu, mais ils s’en vont, disparaissent. Regarde sa meilleure amie d’école primaire, celle avec qui elle jouait sous les draps, et la petite bande du lycée dont la principale préoccupation était de fuir le coin au plus vite. Elle ne sait pas ce qu’ils sont devenus, ils n’ont pas résisté au temps, à l’absence. Et les amours terribles, de celles qui donnent du sens aux pulsations, pour qui on pense pouvoir mourir, ou qui nous ont tué en partant. C’est des conneries, on n’en meurt pas.
Quand son fils est né, quand elle l’a reçu contre elle pour la première fois, ça a déchiré quelque chose, en dedans. Il était là et il n’avait qu’elle. Il va t’aimer toute sa vie, elle se répétait, et elle ne savait pas si c’était Un bonheur ou une putain de malédiction.
Il rejoint le bord de mer et longe la côte, décide de s’arrêter boire un verre dans chaque bar qu’il croisera pour fêter sa métamorphose, il se prend pour un homme enfin, se sent plus épais, moins transparent depuis qu’il sait qu’il a un fils, ou alors c’est la bière, les rois les dieux la chance la victoire, amen. Il est prêt à se battre, maintenant.
Un jour il sera grand, et elle sera seule. Un jour il la débordera de son grand corps, elle ne pourra plus le protéger de ses deux bras. Ses petites mains à la peau tendre ne se glisseront plus contre sa paume, il s'éloignera. Il aimera, souffrira sans elle.