Jehan de Montpéril, le chevalier sans terre : Le château des poisons

A l'aide de son couteau il découpa une cuisse de marcassin et mordit à belles dents dans la chair dorée.
Il avait à peine dégluti qu'il se dressa en poussant un cri rauque. Il semblait suffoquer et crachait des morceaux de viande qui restaient accrochés aux poils de sa barbe. Ses doigts gluants de sauce griffaient le bliaud de cérémonie brodé à ses armes.
On crut d'abord qu'il avait avalé un os...

Dites chevalier, est ce vrai ce qu'on raconte?Qu'une bête diabolique hanterait le chateau?Un page l'a vue dans l'escalier du donjon, et ses cheveux ont failli devenir blancs de terreur. Il parait que c'est un monstre contrefait, un ours gibbeux avec une tête d'homme et des crocs de chien. Elle avance difficilement en griffant la pierre des murs...

La forêt, c'était la terre gaste où tout pouvait arriver. Le diable s'y esbaudissait à loisir, multipliant ses tours malfaisants. Les sorciers s'y terraient, mais aussi les enfants sauvages, ces survivants des villages massacrés, qui, leurs parents occis, s'enfuyaient dans les bois pour tourner louveteaux et ne plus se nourrir que de viande crue.

Il faut avoir connu une véritable passion pour découvrir que les lois ordinaires n’ont aucun sens.