Citations sur Le cabaret des oiseaux (24)
- Je ne suis pas là pour t'examiner, seulement t'écouter.
J'en ai déduit qu'il regardait au-dedans et moi qui ne parlais guère, je devais rêver trop fort.
Une porte qui ne vous aime pas n'a besoin de personne pour rester fermée.
Je perdais mon temps et peut-être mes pensées ou mon chemin, à cause de l'école obligatoire. Le Petit Poucet jalonnait le sien de cailloux blancs.Moi, c'était à l'aide de mots que je traçais un sentier.
( p.66)
Pour moi, le blues, c'était un paysage intérieur...J'écoutais la mélodie, je voyais la pluie tomber sur la mélancolie. Chaque note se glissait sous ma peau frémissante, puis dans ma tête se dessinait le paysage à colorier. Comme dans un livre d'images.Je ne comprenais pas encore tous les mots mais les sons m'étaient familiers.
( p.112)
- Ce n'est pas possible de revenir en Russie. Partout y règnent la misère, l'alcoolisme et la débrouille avec, en prime, toutes ces idioties racontées autour de la souffrance, la vodka, les icônes, le côté fataliste de l'âme slave...C'est un pays terrible qui n'accepte plus la différence de peau, de couleur ou de langue entre les gens de son peuple. C'est le pays du froid noir.
( p.175)
L'avocat se nommait Me Gilles (...)
Il devait défendre une colonie de souris, tellement je le trouvais gris, gris de partout.Je lui avais raconté mon histoire. Il essayait de me rassurer, de se montrer gentil.
( p.130)
Je sais bien que le monde est difficile à organiser. Que les mots sont plus faciles à écrire qu'à partager. C'est pourquoi je cherche ceux qui sonnent juste, qui résonnent au coeur des autres, et aussi la raison pour laquelle j'aime tant le blues.Ce chant qui souffre et espère, cette émanation de la peine, de la tristesse universelle.De la chanter, la laisser s'écouler, offre une chance de redevenir joyeux, comme le ciel, lavé, après une tempête. Alors on parvient à offrir un peu de cette joie, ce petit élan de bonheur. Sans doute est-ce le plus difficile à réaliser. Il y a tellement de jours et peines différentes.
( p.141)
J'ai découvert qu'en Amérique du Nord- alors que la peine de mort est maintenue dans la plupart des États-, il se créait des maisons d'arrêt ressemblant à des fermes éducatives.On y apprenait à dresser les chevaux, on se dressait soi-même, se redressait.
( p.140)
- Tu devrais écrire ton histoire , mon gars.Tu as une musique bien à toi.Je suis persuadé que les gens aimeraient l'entendre.
C'est ce qui m'a décidé à noircir du papier , à raconter.
- Dis-toi bien, il concluait, que le monde et les êtres sont fabuleux dès lors qu'on les sort du rectangle qui les enferme.
( p.139)
Le jour, je travaillais à l'atelier de menuiserie, je rabotais, je collais, je sciais.Nous fabriquions de beaux meubles. Dans les moments de loisir, j'étudiais l' encyclopédie universelle et le dictionnaire de la langue française. Me plongeais à corps perdu dans l'univers des mots.Dernièrement, accolé à tristesse, j'ai trouvé douleur et, bien sûr, mélancolie. En les rapprochant tous trois, j'obtenais une définition assez juste. La mélancolie, c'était de la tristesse plus un peu de douleur douce, un blues qui tombait comme la pluie.
( p.137)