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EAN : 9782360548101
224 pages
Le Mot et le reste (06/09/2018)
4.08/5   19 notes
Résumé :
Avec la complicité des saisons et des éléments qui ne comptent pas se plier aux règles que les hommes croient leur imposer, Émilie s’occupe tant bien que mal d’une terre qui se mérite, dernière gardienne des lieux depuis la mort de son mari et le départ de son fils. Ce quotidien solitaire bascule avec le retour providentiel de son amour d’enfance, Victor, et l’arrivée d’entrepreneurs bien décidés à décimer la forêt environnante pour nourrir un gargantuesque projet d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ce que j'adore avec André Bucher, c'est que même si il écrit des romans, il se débrouille toujours pour y placer des éléments d'actualité et qui plus, qui lui sont chers et dans lesquels il est partie prenante et complètement engagé. C'est ici le personnage d'Emilie qui le représente le plus. Vivant seule depuis le décès de son mari, cette dernière a tenu en conservé sa ferme et vit dans un endroit reculé, en pleine montagne, dans ses chères montagnes devrais-je plutôt dire. Pour elle, les arbres, ses animaux, sont plus chers à ses yeux que toute autre présence humaine. Aussi;, lorsqu'on lui annonce qu'un projet de construction d'une centrale à biomasse devrait voir le jour, Emilie est loin d'avoir dit on dernier mot. Faire de l'électricité avec du bois, ce sera sans elle. de surcroît, depuis le départ de son fils Serge de la maison et la disparition précipitée de son cher Edmond, elle n'a d'autre choix que de faire appel à un entrepreneur de la région pour l'aider pour ses plantation. En voyant le nom d'un certain Victor apparaître, Emilie voit tous ses souvenirs d'enfance resurgir. Se pourrait-il que ce même Victor ne soit autre que son amoureux à l'époque où elle n'avait guère plus qu'une dizaine d'années ? Et si c'était bel et bien le cas et malgré que de l'eau ait coulé sous les ponts depuis (autant pour l'un que pour l'autre), serait-il possible d'envisager un avenir commun, et d'autant plus, peut-on se permettre de tomber à nouveau amoureuse lorsqu'on a désormais plus de 60 ans, une ferme à tenir , un fils qui va prochainement se marier et une lutte à mener ? Et pourquoi pas après tout ? Même si l'on ne vit qu'une fois, lorsque cette dernière nous accorde une seconde chance, ne se doit-on pas de la saisir à tout prix ?

Un roman engagé mais avec des personnages très attachants. Un peu trop de descriptions à mon goût mais une fois qu'on est rentré dans le vif de l'action, il est difficile de s'arrêter ! A découvrir !
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«  Les arbres ne nous répondent jamais , mais ils nous regardent » .

«  Nous sommes sur un projet de méga centrale électrique se substituant pour partie à celle actuelle utilisant le charbon. L'idée consiste à créer une chaîne de production à partir de la biomasse … »
«  Émilie songeait : Continue ma belle , parle sans t'émouvoir » ..

Quelques passages de cette belle histoire d'amour et de résistance bienvenue face au rouleau compresseur du pouvoir et de l'argent ..

C'est l'histoire d'Emilie , solitaire, le coeur en berne , elle s'occupe à plein temps d'une terre qui se mérite : gardienne des lieux depuis la mort de son mari et le départ de son fils Serge , sur le mont Palle ,là où se trouve la ferme familiale …
Elle n'a pas le temps de s'apitoyer , voire de réfléchir au prétendu travail de deuil .
«  La montagne empiétait sur l'horizon , sa masse inerte accaparait le paysage . Une entité dure mais également fragile , avec la forêt pour territoire . Un endroit improbable ayant lié pacte avec le temps , des monts scellés à l'infini de la terre jusqu'au ciel ? » .

Tenace , elle s'opposera de toutes ses forces au projet de «  nourrir » une centrale électrique face à des entrepreneurs bien déterminés à décimer la forêt environnante pour réaliser leur funeste réalisation : gigantesque , gargantuesque projet de centrale à biomasse.

Chacun et chacune jouera son rôle et donnera au récit sa force , à l'image de cette indomptable montagne de Palle qui domine les lieux et tire son ineffable beauté de ses contrastes .

Une lecture rafraîchissante, description tout en finesse quoique lente , d'une existence rude, âpre, forgée au fil des saisons à l'ombre d'une montagne .

On suit Émilie , forte , face à une nature majestueuse et féroce , un combat écologique au tempo lent , le portrait touchant , lumineux de cette femme .
.
Rythme et musicalité de la langue animent ce beau récit , c'est aussi l'histoire de retrouvailles entre deux enfants que la vie a séparé dans leurs toutes jeunes années , ils mettront beaucoup de temps à se re- apprivoiser : Émilie et Victor ….
La poésie imprègne chaque ligne ou presque de ce roman ,,l'auteur décrit magnifiquement la faune et la flore , les éléments du climat , l'âpre beauté des saisons , les contraintes, les contrastes , les couleurs changeantes , les nuages menaçants , «  la lune dans son landau » le ciel et ses changements , les paysages sont magnifiés , la nature est décrite comme si elle vivait en nous, pareille à un tableau de maître pointilliste !

La langue est soyeuse, belle, on pourrait citer nombre de phrases éloquentes , et je pense aussi aux nombreux oiseaux , les corbeaux……
Le lecteur retient son souffle lors des passages poétiques enchanteurs !
Je ne connais pas l'auteur , je salue son talent de poète !
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L'opération Masse Critique et les Editions "Le mot et le reste" m'ont permis de recevoir ce livre : qu'ils en soient remerciés car c'est avec un grand bonheur que j'ai retrouvé l'écriture d'André Bucher.

La poésie est toujours omniprésente que ce soit pour décrire la faune, les oiseaux et leurs habitudes qu'il faut savoir lire : cette fois, nous avons la présence des corbeaux - véritable totem des indiens, ce n'est donc pas un hasard pour le lecteur de Jim Harrison qu'est A Bucher ! - qui nous sert de guide, ponctuellement.
La nature s'anime sous la plume de l'écrivain et les cieux qu'ils soient déchaînés ou cléments sont tellement bien décrits qu'il suffit de fermer les yeux pour "les voir" !

Bien sûr, il y a une "intrigue" dans le roman : un projet de déforestation pour "nourrir" une centrale électrique et c'est l'occasion pour l'écrivain, de nous parler d'écologie intelligente, de croquer quelques travers humains, d'esquisser quelques traits de la folie humaine mais aussi de croire qu'il y a toujours des hommes simples et sages dans nos sociétés...

J'ai adoré cette lecture et j'ai pris mon temps pour cheminer au fil des pages ne quittant qu'à regret ce coin de montagne.

Et que dire d'un écrivain qui, dans le même roman, cite "Exile On Main Street" , Edward Abbey, John Steinbeck et nous quitte en nous laissant, dans la tête, des vers d'Emily Dickinson ? Juste que c'est un rêve de lecture pour moi....

Cela tombe bien, j'ai un autre livre d'André Bucher qui m'attend sur les étagères histoire de continuer la féerie poétique de la lecture !
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J'ai reçu Un court instant de grâce dans le cadre d'une masse critique et je remercie Babelio et les éditions le Mot et le Reste pour l'envoi. Après la lecture de Terres Fauves, également édité par le Mot et le Reste, j'étais contente de pouvoir explorer un peu plus les choix d'édition de cette maison tournée vers la nature. le synopsis m'a plu et je ne connaissais pas l'auteur André Bucher. Après avoir survolé sa bibliographie, je me suis rendue compte que nature et forêts faisaient partie intégrante de son oeuvre et de sa vie. On le ressent dès les premières pages qui nous offrent une magnifique description éthérée du décor de l'histoire, ce que j'ai particulièrement apprécié. On entre ensuite dans le vif de "l'action" car il faut bien le dire, avec seulement 200 pages, il ne faut pas traîner.

On suit Emilie qui, après le décès de son mari Edouard, et le départ de son fils Serge de la ferme familial sur le Mont Palle, doit survivre seule. L'annonce d'un projet de centrale à biomasse nécessitant l'abbatage des arbres de la forêt fait d'Emilie l'opposante principale au projet. On l'accompagne dans son combat contre cet abbatage massif, en parallèle du retour de son amour de jeunesse Victor qui l'aide à préparer et moissonner ses récoltes.

J'ai apprécié cette lecture et j'aurais voulu que le livre soit plus développé, que ce soit dans la psychologie des personnages (surtout des personnages secondaires qu'on voit moins souvent) mais je comprends que l'auteur n'ait pas pu le faire. J'ai vraiment eu la sensation de sauter d'un endroit à un autre sans répit et le déroulé des évènements était très rapide. Là aussi, habituée à des développements et beaucoup de rebondissements, ça peut faire peur et déstabiliser certains lecteurs. Pour autant, ce livre relate bien ce qui peut se passer réellement lors de tels projets et le réalisme reste cohérent. On voit l'amour de la nature d'André Bucher dans toutes les descriptions de la forêt et des paysages qui ponctuent le livre, j'ai véritablement beaucoup apprécié ces moments qui nous transportent littéralement dans cet environnement.

Au final, je garde un très bon souvenir de cette lecture rafraîchissante et je vais continuer à explorer les livres du Mot et le Reste car elles sont de bonnes surprises jusqu'ici.
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Un portrait tout en finesse des personnages clés de l'histoire mais aussi de la montagne qui les environne et les a accompagnés toute leur vie. Une belle histoire de résistance aussi, résistance de quelques humains courageux face au rouleau compresseur de l'argent roi. Cela fait chaud au coeur, même si ce sont des personnages fictifs, de savoir que quelques humains encore sont préoccupés par la défense de nos plus belles forêt. Un récit malheureusement d'actualité : voir ce qui se passe à Gardanne et sur le plateau de Millevaches en Limousin... le souci environnemental est bien le dernier qui préoccupe nos dirigeants ! Certains ne voient, dans les arbres, qu'un tonnage prometteur de pâte à papier, de bois énergie ou de bois d'oeuvre. le pire c'est quand tout ce trafic se met en place habilement camouflé derrière un discours de "développement durable" ou de "protection de la biodiversité". Toute allusion qui serait perçue à la façon dont sont traités les pygmées par les multinationales, dans la forêt équatoriale, n'est qu'une pure coïncidence.
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critiques presse (1)
Actualitte
05 février 2019
André Bucher, autour d’un discours fondamentalement militant, construit une histoire de retrouvailles entre deux enfants que la vie a séparés dans leurs toutes jeunes années.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
«  Dans cette noirceur profonde, le ciel ne désemplissait pas, allant même jusqu’à conserver les étoiles anciennes.
À l’aube, il lâchait sa provision de silex , papillons éphémères qui palpitaient encore , silencieux dans les trous d’air , de la même lignée pour ce qui relevait des ailes , mais privés de voix et orphelins des oiseaux .
Ce semblant de terminus , ou cul de sac à l’indifférence immuable , paraissait voué à un avenir dépourvu d’enjeux ou de surprises autres que celles du climat .

Les années s’emboîtaient , lui conférant peu à peu une forme d’impunité à l’Instar des passages réguliers , pour la plupart inoffensifs , de nuages , le plus souvent laiteux , suspendus dans la pâle lueur flottant sur les monts » .
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«  Au petit matin, son fils dormait encore , Émilie sortit dans la cour. Un rire de neige masquait le chagrin hivernal des chênes toujours en délicatesse d’un futur feuillage .
Elle pensait à un drap couleur crème , tombé du ciel en plein sommeil. .
Qui donc rendre responsable de ce prodige? Un coloris délicat qui étouffait les tâches d’encre de la mélancolie.
Le fond de teint de l’oubli …. »
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"_[...] Trop de chagrin. Le drame avec la malheur, une fois réunis, c'est qu'ils aiment la compagnie.
_Ils signifient pourtant la même chose, non ?
_Pas vraiment. Le drame, c'est lorsqu'il survient. Le malheur, c'est quand ça dure."
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"_Qu'est-ce que tu lui veux ?
_Oh ! Rien de spécial, juste savoir ce qu'il en pense.
_Tu sais bien qu'il n'est pas de ton bord. Tu as déjà essayé de faire manger des grenouilles à un Anglais ?
_Non, mais je dirai que les grenouilles n'en mangent pas non plus."
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"_[... Alors tu vois, on a beau brandir, agiter l'épouvantail du dénuement, l'isolement, la solitude qui ira en grandissant avec le temps, etc., sauf que la solitude c'est comme une cicatrice, tu dois juste t'armer de patience et éviter qu'elle ne s'infecte."
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Videos de André Bucher (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de André Bucher
Rencontre avec André Bucher autour de son dernier livre "Tordre la douleur", aux éditions Le mot et le reste. Entretien filmé à la librairie Le Bleuet le 16 janvier 2021 (sans public). Partie 5.
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