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Citations sur La Mère (59)

Sa mère, debout, la regardait partir, le coeur souffrant d'une douleur impossible à concevoir ; les pleurs coulaient de ses yeux et cependant elle ne voyait pas de quelle autre manière elle aurait pu agir. Elle demeura immobile jusqu'à ce que la montagne s'élevât entre sa fille et elle, la cachant à ses yeux.
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Elle savourait sa vie : enfanter, travailler la terre, manger, boire et dormir, balayer et mettre un peu d'ordre dans sa maison, s' entendre louer par les autres femmes pour son adresse au travail, ses talents de couture, et même se quereller avec son mari, ce qui aiguisait leur amour, autant de jouissances pour elle ; c'est pourquoi, chaque matin, elle se réveillait avec entrain.
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Ensuite, après que le grain avait été mesuré dans le village, il fallait encore préparer un festin pour l'homme d'affaires, et chaque maison devait fournir un plat. Même par cette année de solitude, la mère prit une poule, la tua et l'accommoda pour ce grand souper. Elle la fit mijoter à petit feu, à la vapeur, jusqu'à ce qu'elle se trouvât à point. S'imaginer la saveur de cette volaille, respirer son odeur pendant les longues heures de cuisson, c'était plus que les enfants ne pouvaient supporter ; ils ne quittaient pas les abords de la cuisine, et le petit garçon s'écriait : "Je voudrais que ce soit pour nous ! Je voudrais qu'une fois au moins nous puissions manger un poulet nous-mêmes !"
Mais la mère répondit, aigrie par la fatigue : "Qui peut manger de cette viande-là, sinon un homme riche ?"
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"Il m'a affirmé que c'étaient des peaux de mouton", murmura la mère, le regard fixé sur le colis.
(...)
Mais il n'y avait que des livres : beaucoup de livres, petits, et imprimés en noir, puis un grand nombre de feuilles de papier dont quelques-unes étaient illustrées d'étranges scènes de mort et de sang ; on voyait des géants battre de petits hommes, trancher leurs membres avec une lame de couteau. Devant ce spectacle, ils restèrent bouche bée et se regardèrent tous les trois sans comprendre, ils se demandaient quelle raison peut entraîner un homme à voler et à cacher du simple papier marqué d'encre.
Ils avaient beau considérer ces livres, ils n'en découvraient pas le sens ; aucun d'entre eux n'était capable d'en lire un mot, ni même de savoir ce que signifiaient ces illustrations ; ils voyaient simplement qu'il s'agissait de tueries, d'hommes poignardés et mourants, de gens coupés en morceaux et de ces spectacles sanglants et atroces comme il n'en existe que chez les brigands.
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Sans se l'expliquer, les enfants se sentirent soudain comme environnés de chaleur, et cette chaleur semblait émaner de leur mère. Ils étaient remplis de joie et se mirent à bavarder et à lui raconter une chose après l'autre. Le plus jeune lui dit :
"J'ai deux sous que j'ai gagné aujourd'hui en jouant à pile ou face dans la rue. J'ai tellement de chance, je gagne toujours."
La mère le couvait des yeux, elle le trouvait joli et vigoureux et s'étonnait de ne pas s'en être aperçue plus tôt.
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"Toutefois, lorsqu'elle eut travaillé la terre un moment, la douce brise d'automne souffla dans son coeur agité et le rafraîchit a son insu. Les feuilles qui tombaient, le flanc brun des montagnes, dépouillé de la verdure de l'été, le ciel gris et le cri lointain des oies sauvages volant vers le sud, le pays paisible, toute la tranquille mélancolie de l'année finissante pénètrèrent son âme sans qu'elle s'en doutât et la rendirent de nouveau bonne. Et pendant que sa main éparpillait le blé d'hiver dans la terre molle et bien cultivée, elle redevint sereine et se souvint qu'elle aimait cet homme, dont le visage rieur lui apparut et l'émut."
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"Va-t'en, laisse-moi pleurer un moment", et, comme il hésitait, elle répéta avec passion : "Laisse-moi, car si je ne pleure pas, je mourrai !"
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(...) la mère attendait que sa douleur vint en montée de larmes, soulager son coeur brisé. Elle repassa sa vie, elle songea à ses morts et au peu de joie dont elle pouvait se souvenir après tant d'années, et son chagrin monta en elle ; elle s'y abandonna, sans colère, sans lutte, elle permit à la douleur de l'envahir à sa guise et elle en prit sa pleine mesure. Elle se laissa broyer contre la terre même, elle se sentit inondée par cette douleur qu'elle acceptait, et, tournant sa face contre le ciel, elle cria dans son agonie : "Ai-je enfin expié ? Ne suis-je pas assez punie ? "
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Ils se contemplèrent dans ce crépuscule. Deux êtres en plein songe, désespérément acculés à ce qu'il n'était plus dans leur pouvoir d'éviter ; ils se préparèrent à ce qui devait arriver.
Cependant la femme hésita un instant. Elle sortir de son rêve et aperçut les trois dieux dans le sanctuaire ; le plus grand, un grave vieillard, regardait droit devant lui, et à côté se trouvaient ses deux acolytes, d'honnêtes petits dieux au bord de la route, placés là pour ceux qui s'arrêtent dans leur chemin afin d'adorer ou de s'abriter. Elle prit le vêtement qu'elle venait de retirer et le lança sur leurs têtes, voilant leurs yeux fixes.
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Un jour, la délivrance viendra. Il n’y aura plus ni riches ni pauvres. Nous serons tous semblables.
Ces paroles étaient les plus bizarres que la mère eut jamais entendus prononcées.
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