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Astro City tome 12 sur 7
EAN : 9781401258252
176 pages
Vertigo (24/11/2015)
4.75/5   2 notes
Résumé :
In this new Astro City collection, the spotlight falls on Quarrel and Crackerjack as they face a real crisis: What does an aging crimefighter do when time starts to take its toll? Plus, a look into Quarrel's origins--and the end of the line for one of Astro City's most stalwart heroes. And what's a talking gorilla to do when he's always wanted to be a drummer in a rock and roll band? That's right, he goes to Astro City. But from there, well, things are never all th... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Private lives (épisodes 11 à 16) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Il comprend les épisodes 18 à 21, 23 et 24, initialement parus en 2015, écrits par Kurt Busiek dessinés et encrés par Brent Anderson, avec une mise en couleurs d'Alex Sinclair, et des couvertures d'Alex Ross. Ce tome comprend 2 histoires indépendantes.

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- Épisodes 18 à 21 – Ça faisait 45 ans que Black Rapier exerçait le métier de superhéros et le temps est venu pour lui de mettre un terme à sa carrière. C'est ce qu'il explique devant une assemblée de ses pairs, en indiquant que même le sérum qui le maintenait jeune a ses limites. Après avoir écouté le discours, Crackerjack (Eugene Wallace) et Quarrel (Jessica Taggart) rentrent chez eux, en intervenant pour mettre un terme à un cambriolage en cours de route. Eux non plus ne sont plus tout jeunes, et la question de l'avenir s'impose à eux.

Jessica Taggart repense au chemin parcouru, depuis sa jeunesse dans une humble maison de l'Est du Kentucky, élevé avec ses frères par leur père Doolittle Taggart (premier Quarrel du nom) jusqu'à son arrestation, et à sa relation tumultueuse avec Eugene Wallace, la découverte de la véritable source d'argent de son père, les relations avec le groupe de superhéros Honor Guard, et plus particulièrement avec M.P.H. (Michael Hendrie).

Kurt Busiek l'a dit et répété : les histoires de superhéros peuvent s'apparenter à un genre (comme le polar, le roman à l'eau de rose, la science-fiction) avec lequel il est possible de raconter toutes sortes d'histoire, aux thématiques diverses et variées. En abordant ce nouveau tome d'Astro City, le lecteur se demande bien quels seront les thèmes développés par l'auteur. La séquence d'ouverture place le récit sous le signe de la fin de l'exercice d'un métier (celui de superhéros), de la fin d'une carrière parce que l'individu n'a plus les compétences requises, en l'occurrence des capacités physiques qui vont en s'amenuisant (à commencer par les réflexes).

Le mode narratif de Kurt Busiek aborde ce thème de manière réaliste. Les superhéros existent, ils ont pour vocation d'arrêter les criminels disposant de superpouvoirs et de mettre fin à toutes sortes d'invasion, de type extraterrestre ou extradimensionnel. Ils peuvent disposer d'une identité secrète ou pas. À partir de ce postulat de départ, les récits d'Astro City respectent les conventions du genre en la matière : superpouvoirs pyrotechniques, combats physiques, exploits, altruisme, costumes moulants plus ou moins colorés. Sur ces bases, le scénariste parle de ce que bon lui semble. Ici il s'agit du constat effectué par des individus entre 40 et 50 ans qui sont confrontés à la réalité de leur âge. Ils ne sont plus à la hauteur dans les combats physiques, ce qui les met en danger.

Une autre particularité de la narration de Kurt Busiek est de ne pas se vautrer dans le pathos, dans les lamentations, ou les regrets stériles. La vie continue, il faut faire avec. le lecteur voit donc 2 superhéros effectuer leur boulot de combattre les supercriminels, et il a également le droit à l'envers du décor. Ils sont à la fois archétypaux, et à la fois uniques dans leur histoire personnelle. Busiek invite le lecteur dans l'intimité de 2 individus, dans leur construction personnelle, dans leur relation unique et pas très conventionnelle. En 4 épisodes, le lecteur a fait connaissance avec 2 individus à la forte personnalité façonnée par leur milieu, par leur vécu. À l'opposé des superhéros industriels figés dans leur canon, ou d'histoire d'aventure avec des superhéros à la personnalité interchangeable, il s'agit de 2 personnes dont les actions découlent de leur histoire.

L'air de rien, Kurt Busiek montre une relation de couple sortant de l'ordinaire dans laquelle chacun des 2 partenaires vit sa vie, recherche son équilibre, tout en bénéficiant de cette relation mutuelle. L'auteur réalise une description de couple sensible et intelligente, sortant des clichés du genre, sans romantisme exagéré, sans sentimentalisme, sans lunettes roses. Il montre aussi 2 professionnels qui s'adaptent à leur prise d'âge, pour mettre à profit leur savoir-faire et rester dans la course. Sous les costumes hauts en couleurs, il y a 2 personnes attachantes, dans leurs différences, dans leurs caractères, dans ce qui les unit, et dans leur respect l'un pour l'autre.

De la même manière que Kurt Busiek raconte son histoire en douceur, Brent Eric Anderson évite d'être trop agressif. C'est une véritable gageure quand on oeuvre dans le genre superhéros dont l'un des attraits principaux est d'en mettre plein la vue, et pourtant ça marche. Comme le scénariste, le dessinateur respecte les conventions du genre, à commencer par les costumes colorés (celui de Crackerjack, blanc, rouge et vert), ou ceux conçus pour inspirer la crainte (l'armure plus sombre de Quarrel, verte et noire). Les acrobaties entre les buildings accrochés à un filin relèvent de la voltige gracieuse. Anderson s'amuse avec l'apparence du grand criminel Gormengast, en piochant dans les caractéristiques visuelles de Jack Kirby. Il évoque aussi Neal Adams par quelques poses des personnages. Comme pour Busiek, il ne s'agit pas de plagiat, mais de citations respectueuses, intégrées de manière naturelle à la narration.

L'artiste se plie à l'obligation de dessiner de la technologie d'anticipation. Elle n'est pas très détaillée, mais elle n'est pas passepartout non plus. Il y a assez de détails pour que les bidules dessinés semblent fonctionnels. Il met en scène les différents superhéros lors des confrontations de groupe, ou lors des réunions avec l'équipe Honor Guard. À nouveau, Anderson reproduit les stéréotypes propres aux superhéros (celui avec une supervitesse, celui issu de la mythologie égyptienne), tout en conservant les spécificités des superhéros d'Astro City (à commencer par la prévenance compassée de Samaritan).

En dehors du monde des superhéros, l'artiste dessine ses personnages avec des proportions réalistes, dans un monde à l'apparence prosaïque, sans être fade. Lorsque que le récit évoque l'enfance de Jessica Taggart, les dessins montrent une maison modeste, mais spacieuse, à l'écart de la ville, au milieu des arbres, avec un pneu pour balançoire. Les enfants de Roscoe Taggart sont en pantalons de toile ou en salopette, les pieds nus. Il n'y a pas de sentimentalisme jouant sur le misérabilisme, juste la description d'un ordinaire sans superflu. Anderson dessine des vêtements divers et variés, adaptés aux circonstances et à la condition sociale des personnages.

Dans le civil, les individus ont des gestes normaux, sans emphase particulière. le lecteur se retrouve ravi d'être aux côtés de Jessica et Eugene, attablés dans leur salon, en train de les regarder manger une pizza avec une bonne bière, comme s'il était en train de la partager avec eux. Ailleurs, il s'assoit dans un fauteuil d'une maison de repos proprette, sans afféterie, en face d'une personne âgée venant d'écarter son déambulateur pour tailler la bavette avec son visiteur. Anderson sait rendre compte de ce moment banal, avec sensibilité, sans misérabilisme ou condescendance. C'est également une preuve de la richesse et de l'ouverture du récit que d'intriguer avec une telle adresse une séquence totalement improbable dans l'ordinaire des comics Marvel ou DC.

Une fois de plus le lecteur adulte ressort enchanté de ce tome d'Astro City. Kurt Busiek et Brent Anderson lui ont raconté une histoire sans effets de manche, évoquant une phase difficile à négocier de l'existence humaine, celle ou les quadragénaires ou quinquagénaires font le constat de la diminution de leurs capacités physiques, où ils doivent réévaluer leur existence, en tirer les conséquences. Ce thème est abordé en respectant toutes les conventions les plus délirantes des comics de superhéros (criminels mégalomanes, superpouvoirs pyrotechniques), sans une once de moquerie ou de mépris. 5 étoiles.

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- Épisodes 23 & 24 – Sticks est venu à Astro City auditionner pour un poste de batteur dans un groupe de rock. Alors que son audition démarre, un feu se déclare dans un bâtiment voisin. Il sort dans la rue et utilise ses capacités un peu particulières pour sauver 3 personnes encore coincées dans le bâtiment. Quand il revient pour terminer son audition, tout le monde est parti et elle semble bel et bien annulée. Toutefois, les membres du groupe sont encore là et ils lui proposent de venir crécher chez eux, en attendant qu'il se trouve un appartement. Sticks est un gorille doté de conscience et de parole.

Dès les premières pages, le lecteur se remémore cet épisode exceptionnel qui mettait en scène Loony Leo, un personnage de dessin animé à la forme de lion, vivant dans la réalité quotidienne d'Astro City (voir l'épisode 13 dans Family album), avec une personnalité évoquant celle d'Humphrey Bogart. Bien sûr dès qu'il voit un gorille doté de conscience, le lecteur pense à Gorilla Grodd (ou à Solovar), un personnage récurrent de la série The Flash (Barry Allen, DC Comics). Mais il sait que ce gorille parlant sera unique, car si Kurt Busiek ne cache pas ses inspirations et aime faire des hommages, ses créations restent très personnelles.

Effectivement, l'histoire personnelle de Sticks n'a en commun avec celle de Gorilla Grodd, que de provenir d'une cité cachée des humains. Pour le reste son histoire et ses aspirations sont uniques et spécifiques. À nouveau Kurt Busiek s'empare d'un cliché des comics de superhéros (des années 1950 même) et en fait un personnage avec une belle profondeur psychologique. Il ne joue pas sur le fait que sous une apparence d'animal se cache un coeur d'or (ce n'est pas Hank McCoy), il montre plutôt que les aspirations de Sticks sont contrariées alors qu'il reçoit toute l'aide qu'il peut attendre.

À nouveau Busiek évite le sentimentalisme et insère un humour gentil et affectueux, sans une once de niaiserie. le lecteur sourit de bon coeur quand Sticks laisse ses pensées vagabonder, en étant sur le toit d'un immeuble et qu'il est interrompu par quelqu'un lui demandant si ce toit est pris (ou réservé). C'est de l'humour 100% superhéros, mais également plein d'empathie et de respect pour le personnage.

Comme d'habitude, le scénario de Busiek exige d'Anderson qu'il maîtrise toute sorte de scènes. Cela commence par le vaisseau flottant de la First Family survolant la foule, un moment évoquant les Fantastic Four faisant de même à bord de leur Fantasticar. Puis on passe à des musiciens de rue avec des percussions sur des bidons en plastique, pour continuer par un dessin de batterie en pleine page, avec Sticks s'apprêtant à donner le rythme.

L'attention portée au détail par Anderson se voit aussi bien dans le modèle de chaises en plastique présentes pour l'audition, que dans l'architecture de la cité des gorilles, ou encore dans l'enseigne avec l'effigie de Loony Leo. Sa science de la posture et du langage corporelle apparaît aussi bien dans la position détendue des musiciens dans leur colocation, que dans l'intérêt que portent les jeunes superhéros de Reflex 6 à Sticks. Son humour discret lui permet de faire croire à la possibilité du costume suranné de Sticks en fin d'histoire, avec une forme d'humour discret et bienveillant.

Cette deuxième histoire est aussi merveilleuse que la première, les auteurs réussissant le portrait touchant d'un individu hors norme, n'ayant aucun espoir de passer pour normal, et dont les 2 domaines de compétences (superhéros / musique) semblent irrémédiablement irréconciliables. À nouveau ils proposent au lecteur un récit dans lequel le personnage principal apprend à vivre avec ses caractéristiques, à changer, à trouver sa voie.
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