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EAN : 9782869307216
134 pages
Payot et Rivages (01/01/1994)
3.76/5   19 notes
Résumé :

C'est très simple. Les grandes filles vendent les plus petites et c'est pareil pour les petits garçons. Dès qu'ils grandissent, ils protègent les filles et volent ou tuent pour survivre. Sur tout le groupe, il n'y a que vingt filles pour soixante garçons. Normal, les filles sont moins rentables. Sur vingt fillettes de moins de huit ans, pas une ne s'est fait défoncer le cul par une vieille tapette... Elles ont une espéra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai connu Jean-Jacques Busino bien avant qu'il ne se lance dans l'écriture alors qu'il trônait derrière le comptoir de son magasin de disque ABCD qui se situait à proximité de la gare. Une époque bénie où l'on ne vendait pas du disque au kilo et où l'on prenait le temps de vous raconter des histoires. Car Jean-Jacques était déjà un conteur d'histoire qui vous déclamait son amour pour Frank Zappa et le Thallis Scholar en vous servant des cafés noirs et bien serrés. Un regard aussi sombre que sa chevelure vous évaluait en quelques secondes avant de vous dispenser ses conseils avisés dans les domaines musicaux les plus variée. Un passionné l'ami Busino que j'ai perdu de vue après la fermeture de son magasin.

C'est en 1994, sur le présentoir d'une librairie que j'ai eu de ses nouvelles en découvrant son premier roman Un café, une cigarette qui se lit le temps de consommer l'un et l'autre en découvrant les tourments d'une bande de gamins écumant les ruelles de la ville de Naples. Un récit fulgurant qui vous sonne avec la brutalité d'une balle de 44 Magnum.

Que l'on ne s'y trompe pas, il ne s'agit pas d'un énième roman sur la mafia qui apparaît d'ailleurs de façon presque fantomatique tout au long du roman. Jean-Jacques Busino se focalise exclusivement sur ces enfants malmenés qui hantent les rues de Naples. Avec la rencontre de la Suisse et de l'Italie par le biais de la verve endiablée de Massimo et la réserve silencieuse d'André c'est tout d'abord cette dualité que l'on découvre tout au long de ce récit comme si l'auteur faisait remonter l'ambivalence de ses origines. Et puis il y a cette violence qui monte crescendo au fil des seize chapitres du roman. On la trouve dans les propos simplistes de Massimo qui parvient à résumer en quelques mots tout le fonctionnement d'une ville qui broie ses enfants perdus et fait écho à la révolte désespérée d'André qui ne peut accepter ce que son entourage considère comme une fatalité. Puis c'est au rythme de la fureur des tueries et du cri des armes à feu que l'on assiste à l'apothéose d'un final aussi brutal que trivial qui ne nous offre aucune concession.

L'Alfa Spider de Massimo, le 44 Magnum 12 pouces d'André, Jean-Jacques Busino s'attarde sur ces petits éléments à la manière d'un auteur comme Manchette auquel il emprunte également toute la noirceur et talentueuse simplicité d'un récit brutal.

Un café, une cigarette c'est l'emblème même du roman noir dans toute sa splendeur que vous retrouverez dans ses quatre autres romans édités aux éditions Rivages car Jean-Jacques Busino est un artisan de l'écriture qui va à l'essentiel avec tout ce que cela signifie en regard de ces auteurs qui travaillent avec une pléthore de collaborateurs recherchistes pour nous pondre des récits alambiqués à la limite de l'incompréhension.
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Busino Jean-Jacques – "Un café, une cigarette" – Payot & Rivages / Noir, 2017 (cop. 1994)

Sur un mode froidement objectif, l'auteur décrit la réalité de la pédopornographie dans la ville de Naples : des enfants miséreux, très jeunes, sont vendus dans des réseaux de prostitution organisés par les diverses mafias locales.
Et si ces trafics immondes existent sont rendus possibles, c'est bien évidemment parce qu'il existe une "demande" en provenance des pays riches (cf pp. 86-90)... Vouloir y mettre fin relève de la pure utopie, sans doute.
Ce livre est – hélas – bien plus un reportage qu'un roman.
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Trop biiien
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Voilà un petit roman, 174 pages, bien noir qui vous fera passer un excellent moment. Un roman qui porte un regard sombre sur la ville de Naples, la mafia, la pédoprostitution, sur ces jeunes qui tentent de trouver leur place sans jamais atteindre leurs rêves et la majorité, survivants entre sexe, petits larcins et autres trafics et embrouilles. Un jeune homme, André, venu de Suisse, va essayer de changer les codes de cette omerta. Il y a une de la sensibilité dans ce livre qui peut vous toucher, un récit très sombre où la vie n'est qu'une parenthèse. Néanmoins la fin m'a laissé sur le bord de la route et je n'ai pas vu le terminus ! Bonne lecture.
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Ces gosses ne valent rien. Tout au plus quelques billets de papier. Plus ils sont jeunes, plus ils sont chers. Mais eux ne voient jamais la couleur du pognon. Le must dans ce genre de fiesta est de venir avec des amis et sa femme, de prendre un gosse d’au maximum une année, d’assouvir tous les phantasmes possibles et imaginables et de le tuer avec ses mains. Ces braves gens repartent comblés mais le porte-monnaie lesté. La nuit coûte grosso modo vingt mille francs. Chez eux, ils ne peuvent pas taper leur enfant quand il les énerve. La mère est fliquée et ne peut décemment pas le cogner trop fort sans prendre le risque de se faire regarder de travers dans la rue. Combien d’enfants finissent à l’hôpital brûlés par un fer à repasser ? Combien de papas passent la haine de leur chef en faisant subir à leurs enfants ce qu’ils aimeraient faire subir à leur bourreau ? Mais cela ne date pas d’aujourd’hui. Avant, les femmes du monde les donnaient à des nourrices. Elles, au moins, elles assumaient de ne pas supporter les braillards. Là où ça devient fort intéressant, c’est que chaque fois que l’on a essayé de fermer ces bordels, les viols de mineurs augmentaient dans les autres villes. Alors, tout le monde ferme les yeux.
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André secoua la tête. Non pas en signe de négation mais comme quelqu’un qui veut mettre de l’ordre dans ses idées. Comme si secouer sa tête permettait de remettre les choses dans un ordre qu’il pensait avoir perdu. Comme si les secousses à son cerveau permettaient de se retrouver à l’hôpital avec l’enfant et non pas devant le plus beau paysage qu’il lui ait été donné de voir.La femme lui mit la main dans les cheveux et le serra contre elle. Il eut envie de faire l’amour sur le banc, simplement et brutalement. Mais elle lui demanda d’où il venait. Il pensait que sa différence était gravée sur son visage et cela lui fit l’effet d’une douche froide. Comme une tare, il essaya de rapetisser, de disparaître. Il se sentit étranger chez lui. Étranger dans sa propre maison.La femme lui expliqua qu’elle s’occuperait de l’enfant. Qu’elle lui trouverait une nouvelle famille. Elle lui dit aussi que le mal de l’enfant ne guérirait pas tant que sa mémoire se souviendrait. Comme André ne comprenait pas, elle lui expliqua que la gosse devait mourir et renaître. Mourir pour ne plus se souvenir. Mourir pour réapprendre à vivre.
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La peur laisse une odeur âcre qui ne s’enlève pas. Tu peux frotter tout ce que tu veux, elle reviendra. Chaque fois que tu y repenseras, cette odeur remontera à la surface. Quant tu transpires, la peur elle brûle la peau. Les yeux te piquent. Tu ne pourras jamais te débarrasser de cette odeur. La peur est comme une femme, quand tu la touches elle te marque. Même si tu te dis que ce n’est rien, tu y penses. Elle t’obsède. Tu y repenseras tout le temps. Tu en as besoin. Elle te stimule et te bloque. Tu vas devoir l’utiliser comme un moteur. Il faut que tu apprennes à vivre avec. Comme on apprend à vivre avec une femme. Il faut la respecter. La comprendre.– Je suis venu prendre une leçon de tir ou de gestion ?– Une leçon de tir ? C’est quoi une leçon de tir ? Tu as une cible, un pétard. Fais ta leçon de tir. Canarde. Canarde.André arma le revolver et tira. Pendant plusieurs jours, il tira, essayant d’ajuster son tir à chaque fois. Tonino lui avait demandé de baisser son arme après chaque coup de feu.
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André passait ses après-midi à regarder sa fille jouer et apprendre à marcher. Le gros s’en occupait dès que l’emballage et l’expédition étaient finis. André restait sur une chaise, comme absent. Ses yeux ne lâchaient pas sa gosse. Elle ne progressait qu’en présence du gros, comme si elle ne faisait confiance qu’à lui. On aurait dit que Poupi savait fort bien qui était son père, mais qu’elle choisissait ses propres professeurs. Elle usait de son charme comme l’aurait fait un adulte. Bien qu’André soit très grand et noiraud, elle était petite et blonde. Elle avait l’air chétif, et seuls ses hurlements de rage l’apparentaient à André. Il avait la puissance physique, elle avait une immense puissance vocale. Une rage de vivre l’habitait, et si les événements ne se déroulaient pas selon ses vœux, elle mettait en place un canon de décibels qui auraient dégoûté les personnes les plus patientes.
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On a du fric pour une année au moins et en vivant comme des pachas. On peut tout se permettre. Mais on ne fait rien. Nous ne sommes rien. Je m’emmerde à faire le con toute la journée. J’ai l’impression d’être un rat. Et le matin, quand je marche dans cette ville, j’ai l’impression de voir des gens plus motivés que nous. Plus amoureux de la vie. J’aimerais être utile. Je suis comme toi, j’aime le pouvoir. Mais pas ce pouvoir qui ne sert à rien, qui te donne des femmes flasques qui font semblant quand elles se donnent à toi. Elles font semblant comme nous d’être heureuses et d’aimer nos montées de virilité, mais je ne crois plus en rien, et quand je suis dans cet état, je n’arrive presque plus à me contrôler. J’ai envie de tout foutre en bas et de recommencer à zéro. Comme si je voulais me purifier.
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