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Je dois avouer que ce livre m'était "imposé" et que je ne l'aurais sans doute jamais lu sans cela. Je suis plus rarement essai que récit de fiction... et encore moins essai philosophique. Malgré tout, le fait de savoir qu'il était à l'origine de la théorie du genre qui a tant fait parler en France il y a quelques années m'a tout de même donné un petit intérêt à l'entame de cette lecture.

Tout d'abord, dire que la lecture est ardue, et plus particulièrement la première moitié qui jongle avec les concepts psychanalytiques... pour moi qui ait du mal à m'en sortir avec juste deux balles ! C'est sans doute le propre de la philosophie que de jouer avec les concepts et même d'en inventer, mais la lecture en est donc rendue très difficile, d'autant qu'il ne s'agit pas de mots que l'on ne comprend pas mais bien d'articulations de phrases assez originales. L'auteur le reconnait bien volontiers dans une préface publiée 10 ans après l'ouvrage et tenant compte des différentes remarques des lecteurs. Elle fuit la clarté et la transparence, estimant que leur recherche, dans un but d'accessibilité, est pour elle également gage de perte de sens ou tout au moins de sens trop guidé par l'utilité. le fait de le savoir rassure sur sa propre capacité de compréhension... mais n'aide malgré tout pas à tout bien saisir.

Dire ensuite que, quel que soit l'opinion que l'on peut avoir sur le sujet, il est toujours salutaire de se questionner sur les évidences, même si elle sont autant fondatrices que celles des genres et des sexes (et d'autant plus parce qu'elles sont fondatrices). Ce trouble dans le genre que cherche à provoquer l'auteur est bien là, et le fait de le ressentir n'est pas forcément désagréable puisque le propre de la philosophie est bien le questionnement et la remise en cause des certitudes. La présentation partielle des positions d'auteurs majeurs comme Kristeva, Foucault, Lacan ou Levi Strauss et la découverte d'auteurs moins connus en tout cas pour moi comme Wittig ou Rivière sont également un des aspects positifs de l'ouvrage.

Dire aussi que l'oeuvre n'est pas exempte des critiques qu'elle propose des différents auteurs. Elle aussi parle en partant d'elle-même et son regard est donc forcément biaisé. Elle le reconnait d'ailleurs dans son introduction de 1999, il y a une personne derrière l'auteur. Ses expériences personnelles la poussent à rechercher un mode de pensée qui permette à chacun de bien vivre son genre, et plus particulièrement ceux pour qui cette question ne vas pas de soi, ceux qui s'interrogent sur les assignations que la société pose comme naturelles. le principe de l'hétérosexualité obligatoire apparait très régulièrement et on sent qu'il heurte particulièrement l'auteure. Aucune théorie philosophique ne peut se prétendre purement objective... mais ça va mieux en le disant.

Dire enfin que l'oeuvre n'est là que pour venir questionner ce qui existe mais clairement pas pour apporter des solutions aux problèmes qu'elle soulève. L'auteure là encore vient nous dire que ce n'est pas son rôle et qu'elle serait bien incohérente de chercher à imposer à tous une vision idéale qui viendrait tout solutionner... alors qu'elle vient justement de contester cette idée d'un idéal qui s'imposerait à tous et ne tiendrait pas compte de la spécificité de chacun.

Une lecture âpre donc, mais enrichissante si on accepte le principe de l'effort.
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[Lecture interrompue]
Une critique très difficile à faire pour moi car Judith Butler est considérée comme une grande figure, un incontournable féministe.
Mais il a bien fallu que j'accepte la réalité: je traîne ce livre depuis des mois comme un boulet, je renacle à l'idée de l'ouvrir, peinant à le lire, ne le comprenant que partiellement et n'en voyant pas vraiment l'intérêt.

L'approche de l'autrice est une approche de philosophe, pas de psychologue, pas de sociologue, pas de scientifique et son langage m'est non seulement inconnu mais incompréhensible pour l'essentiel. J'avais mis une demie heure à comprendre un passage que j'ai ensuite mis dans les citations, quelques jours plus tard à l'occasion d'un commentaire je le relis et me rend compte que je ne le comprends à nouveau plus. Je ne suis pourtant pas bête, mais rien à faire, je ne comprends pas Butler, ni ce qu'elle veut dire, ni où elle veut en venir.

Après plusieurs mois, je me retire cette épine du pied, je laisse tomber, je reconnais que je n'aime pas, ne comprends pas, ne voit pas l'intérêt de cette lecture. Et à l'idée de cet abandon je ressens une pointe de culpabilité, une bonne dose de vexation et une grande portion de soulagement.

PS: oui, il y a quand même des choses intéressantes
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Je n'entends pas critiquer ce livre, que je n'ai pas lu et ne lirai pas.
lJe signale cet article paru ce jour sur le site Internet du JDD qui pourra sans doute intéresser certains lecteurs de la « philosophe féministe."
L'attentat du Hamas contre Israël, seulement « un acte de résistance armée » ? C'est comme cela que Judith Butler, la théoricienne du genre, qualifie les événements survenus le 7 octobre dernier. L'américaine diplômée de l'université de Berkeley d'une chaire de rhétorique et de littérature comparée, était l'invitée d'une table ronde à Pantin dimanche 3 mars, révèle Le Figaro. L'intellectuelle d'extrême-gauche assure que les actes du mouvement palestinien ne sont ni «une attaque terroriste», ni « une attaque antisémite », mais « un acte de résistance armée » et un «soulèvement ».

Cet événement a été organisé à l'initiative du NPA, du média Paroles d'Honneur, et de deux associations juives propalestiniennes et décoloniales, le collectif Tsedek ! et l'UJFP. Plusieurs députés de la France insoumise étaient venus écouter Judith Butler dont Thomas Portes, Danièle Obono et Younous Omarjee. Pour rappel, cette rencontre devait déjà avoir lieu en décembre dernier au Cirque électrique de la Porte des Lilas à Paris, mais la mairie avait fait pression pour la faire annuler. "

Acte de résistance viols compris donc?

https://www.lejdd.fr/societe/guerre-israel-hamas-la-philosophe-americaine-judith-butler-estime-que-lattaque-du-7-octobre-est-un-acte-de-resistance-armee-142786
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Il est maintenant acquis que vous avez là un ouvrage de référence sur le questionnement du genre.
Cependant, comme le livre commence à vieillir un peu, il ne saurait être lu indépendamment des précisions et approfondissements de l'auteur que vous retrouvez dans la suite de ses écrits ; je pense par exemple à "Défaire le genre".
De plus, il faut prêter attention à ne pas réduire l'oeuvre de Judith Butler à ses travaux sur le genre ; car le genre est chez elle finalement la porte d'entrée vers une philosophie beaucoup plus conséquente qu' un simple discours spécifique sur le genre.
Dans tous les cas, avec ce livre, vous mettez les pieds dans le plat, en rentrant dans la pensée de l'une des philosophes incontournables de notre temps.
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Cet essai philosophique des années 90 est fondateur, parmi les études concernant le genre : il se veut féministe tout en critiquant le féminisme, fondé sur une politique identitaire qu'elle remet en cause. J'ai du m'accrocher pour le lire en entier, il a été difficile à aborder... La philosophe américaine formule une critique pointue de Freud et Lacan (de la psychanalyse en général), Lévi-Strauss, Foucault, De Beauvoir, Kristeva, Wittig... elle passe d'une référence à une autre, et nous perd parfois dans son argumentaire. C'est la fin du livre qui est enfin passionnante, car elle clarifie sa pensée.

Ce que j'en retiens :

- remise en question du sexe vu comme biologique et du genre vu comme culturel => sexe et genre sont des constructions. Aucun n'est binaire.

- la distinction sexe/genre et leur cadre binaire sont des fictions régulatrices qui naturalisent les régimes de pouvoir liés à la domination masculine et à l'hétérosexisme

- dénaturalisation de l'hétérosexualité

- un focus sur la figure du drag : en imitant le genre, il/elle "révèle implicitement la structure imitative du genre lui-même ainsi que sa contingence". La théorie autour du drag n'occupe que quelques pages mais je l'ai trouvée très éclairante. Elle permet de conclure que le genre est une imitation... sans original.

- ainsi, seules les pratiques imitatives construisent l'illusion d'un soi genré originel et intérieur. Les attributs du genre sont performatifs. le sujet a un ancrage culturel mais il peut "négocier ses constructions", s'éloigner des injonctions normatives.

Bref, puisque la philosophie sert à remettre les choses en question, ce livre est éminemment philosophique. Il part des marges plutôt que de la norme pour proposer une vision non-binaire du genre et du sexe, une possible fluidité de l'identité, et pour s'éloigner de l'hétéronormativité ; en fait, il peut aider à se sentir mieux dans ses baskets, ou à élargir son champ de vision.
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Ce bouquin paru en 1990, mais traduit en français seulement en 2005, est devenu une sorte de « livre culte », autant acclamé que décrié par ses opposants. Pourtant, je fais le pari que peu de gens dans un camp comme dans l'autre l'ont vraiment lu – parce qu'il faut franchement s'accrocher.

Au contraire de l'université française où les disciplines sont assez cloisonnées (sociologie, psychologie, etc.), l'université canadienne est plutôt organisée en thématiques. Aussi, on peut trouver des départements de « gender studies » où on va étudier les questions de genre à la fois d'un point de vue historique, littéraire, etc. Ce livre, du point de vue d'un lecteur français, est d'abord déroutant pour ça : il mêle philosophie, anthropologie, psychanalyse, théorie politique… Ajoutons que l'auteure n'a pas le truc pour s'expliquer facilement et que ses phrases sont souvent complexes. Il en ressort un livre pas facile à lire du tout.

De quoi ça parle ? Butler propose de repenser le féminisme en questionnant à la fois le sujet « femmes » et le concept de genre. Butler conteste le fait qu'il y ait une identité féminine qui ait été empêchée par les hommes ou le patriarcat. Pour elle, « les femmes » ou « la Femme » forme une fiction politique. Il y a eu, pour les corps dit féminins, d'innombrables façon d'être à travers les époques, les lieux, les classes sociales, les orientations sexuelles, etc qui rend impossible d'idée d'une identité, ou même d'un réel partagé commun. (Ce constat marche avec la catégorie « les hommes » également.) Elle a cette expression comme quoi, quand on essaye de correspondre à ce que doit être un homme ou une femme, nous sommes tous « des copies sans originaux », reproduisant un modèle fictif qui n'existe que parce que chacun essaye de correspondre à un idéal qui n'a jamais existé "en vrai", qui n'a pas d'existence en dehors de nos imaginaires. le sexe, le genre, les orientations sexuelles sont donc des « performances », des répétitions inlassables.

Même si je viens d'essayer de le faire dans le paragraphe précédent, je concède qu'il est compliqué de résumé la pensée de Butler, d'autant que ce livre est très théorique, aussi je vous invite à aller lire la page wikipédia de ce bouquin qui est plutôt bien faite.

Une dernière remarque : aujourd'hui, Butler est (sans doute malgré elle) souvent associé au mouvement « queer », et rapproché des évolutions actuelles des mouvements LGBT+. Je trouve ceci particulièrement ironique dans la mesure où ces mouvements sont devenus très identitaires, y compris chez les trans, alors même que le propos de Butler est au contraire de dire que toute identité est une construction fictive qui ne se base pas sur un réel. C'est peut être un symbole du fait qu'une bonne par des LGBT+ et de ceux qui les critiquent (à droite, principalement) partagent un point commun : ils ne connaissent pas les livres important de leur propre histoire et les citent sans les avoir lu.

Toutefois, on peut sans doute parler quand même de filiation dans la mesure où Butler insiste sur la nécessité d'inventer d'autres jeux avec le genre, d'autres identités sexuelles, en dehors des catégories figées comme l'hétérosexualité, pour apporter du "trouble dans le genre" et venir contester le système. le développement récent du mot genre comme identité sexuelle qu'on pourrait librement choisir indépendamment de son sexe de naissance peut certainement trouver une partie de ses racines lointaines dans ce livre.
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J'ai trouvé ce livre incompréhensible pour une profane comme moi., mais certainement intéressant pour les philosophes.
En revanche, il est bourré de citations de grands auteurs, féministes et philosophes (Beauvoir, Foucault, Winnig,...).
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La plus grande penseuse du siècle du genre et sa théorie donnant les bases à toute son oeuvre; nous sommes genrés sur trois niveaux: le social, le biologique, le psychologique. le genre (homme ou femme) est donc une construction sociale facilitant la filiation et donc le contrôle des biens qu'ils soient matériels ou immatériels (conf. Bourdieu).
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J'ai ce livre depuis plus de 5 ans peut-être même 10 et je n'ai jamais pu le finir. Il demande d'être déjà bien calé sur le féminisme, ses débuts et sa philosophie, j'ai eu beau lire et relire les mêmes phrases, je n'en comprenais pas le sens. La philosophie et l'écriture y sont complexes.
« Les différences entre les positions matérialistes et lacaniennes (et post-lacaniennes) apparaissent dans le cadre d'une controverse normative sur la question de savoir si l'on peut recouvrer une sexualité soit « avant » soit « en dehors » de la loi sur le mode de l'inconscient ou, « après » la loi, sur celui de la sexualité post-génitale. » (P102)
Le livre parle de genre dans la dualité femme-homme, la question d'un spectre plus large n'y est pas vraiment évoquée, je me suis fait avoir sur le titre à l'époque, j'y cherchais un essai sur les transgenres.
L'auteure est une figure de proue du féminisme, le livre saura sûrement vous intéresse à condition d'avoir plus que les bases.
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J'ai dû lire ce livre pour un partiel, ce qui ne m'a sûrement pas mis dans les meilleures dispositions pour le comprendre.
Je dirais que le gros point faible de "Trouble dans le genre", si je peux le dire ainsi, réside dans le style d'écriture de Butler. Elle est vraiment très difficile à suivre et, pour être honnête, je n'ai jamais été aussi perdue en lisant un livre alors que je considérais avoir l'habitude des lectures compliquées. Une meilleure connaissance des théories féministes et de la philosophie doit sûrement aider puisqu'il y a beaucoup de références, mais je suis convaincue que le livre pourrait être plus clair. La deuxième partie a été particulièrement éprouvante.
Malgré tout, les théories exposées sont extrêmement intéressantes et apportent une nouvelle perspective sur nos sociétés et sur le combat féministe. Les nombreuses préfaces et notes nous alertent cependant sur l'actualité de ces théories, que Butler a modifié par la suite. Un classique à mettre en perspective.
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