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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pour plonger son lecteur dans l'ambiance de vie de ce vieux quartier de Palerme, ce Borgho Vecchio où la police est mise en échec chaque fois qu'elle tente d'arrêter un voleur, Giosué Calaciura a réussi un superbe petit roman, prenant, angoissant, émouvant, d'un réalisme poignant n'excluant pas le rêve et la poésie. Quel passage admirable sur l'odeur du pain qui se répand dans le quartier !

Dans un entrelacs de ruelles inextricable, j'ai croisé des animaux privés de liberté mais capables de donner l'alarme avant l'arrivée de la police, des enfants qui rêvent d'espace et surtout Carmela, la prostituée officiant sous la protection de la Vierge au Manteau, sans oublier Totò le voleur et ses exploits défiant toute logique.
Au fil des pages, j'ai été imprégné par cette ambiance glauque mais surtout horrifié par ce père qui engloutit chaque soir quinze bières et bat Cristoforo, son fils. Tous les habitants du Quartier s'isolent, mettent le son de la télévision à fond pour ne pas entendre les pleurs et les hurlements du gosse.
Mimmo, son meilleur copain, est follement amoureux de Celeste, la fille de Carmela qui cherche qui peut bien être le père de sa petite. Il observe celle qu'il aime, enfermée sur son balcon chaque fois que sa mère travaille. Tous les hommes du quartier, comme les marins des navires de guerre quelques années auparavant, sont attirés par les charmes de Carmela.
Giosué Calaciura met aussi en scène un cheval, Nanà, acquis par le père de Mimmo pour des courses clandestines sur l'hippodrome du bord de mer. Mimmo et Cristofaro s'en occupent avec beaucoup de tendresse et c'est bien nécessaire pour ce pauvre animal dont on apprendra… Ne pas divulgâcher !
Courses clandestines, paris juteux, commerce illégal, vols à répétition, règlements de compte, curé confessant les flics un par un, omerta à tous les étages, j'ai frémi, été subjugué par tant d'arrangements avec la loi pour échapper à la misère, à la dureté de la vie dans ce quartier très populaire.

J'aurais tant aimé que tout s'arrange pour Totò et Carmela mais l'auteur a eu la bonne idée d'entrouvrir une fenêtre vers l'espoir d'une vie meilleure pour continuer à vivre tout simplement.


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Borgo Vecchio, quartier pauvre de Palerme, aux petits marchés et ruelles étroites, où vivent entassées des existences familiales épuisées et violentes, où les petits trafics fleurissent pour quelques sous, où les enfants grandissent dans la rue et dans l'ombre des pulsions et des violences d'adultes. Chacun vit d'expédients ou de combines, jusqu'au curé, dans une société imprégnée de naïve religiosité.

L'histoire racontée par Giosuè Calaciura hésite entre le comique et la tragédie.
Les trois enfants qui la traversent y apprennent la vie avec férocité car le quotidien est cruel pour tous et l'espoir d'une autre vie illusoire. Même les animaux ont une vie de galère! Il est pourtant toujours possible de s'éblouir de la beauté de la mer, de l'odeur du pain qui embaume les ruelles, du charisme d'un mauvais garçon, de la sensualité d'une prostituée...

Quel plaisir de s'immerger dans ce roman porté par la chaleur, les odeurs, les couleurs, les saveurs et la faconde italienne. L'écriture est un vrai bonheur, fluide, enveloppante par des phrasés longs et sinueux, des envolées poétiques et visuelles. On croit écouter un conteur de rue nous offrant une histoire de petites gens inoubliables, qui vivent les uns « avec » les autres, les uns « sur » les autres, en complicité, amour, haine ou trahison.

Pour moi, un beau coup de coeur et une découverte d'auteur à suivre assurément.

#rentreelitterairesept2019
#netgalley
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Borgo Vecchio , un petit coin de la Sicile comme je l'imagine il y a trente ou quarante ans , un quartier pauvre de Palerme, pauvre, certes , mais tellement riche de ses habitants , volubiles comme les mots de ce roman , dont il faut apprivoiser la logorrhée . Les gens de là-bas parlent avec les mains comme les phrases qui forment de longs rubans imagés , s'enroulant autour du lecteur qui se laisse prendre , petit poisson dans la nasse de cette foule bigarrée .

Il y a d'abord Mimmo et son copain Cristofaro , deux gamins débrouillards comme chaque individu dans le quartier, truqueur magouilleur ou voleur comme Toto , l'insaisissable, filant comme le vent, et , le rayon de lumière qu'est Celeste la fille de la prostitué Carmela . Les animaux aussi partagent les espoirs et les turpitudes comme le cheval Nana que l'on espère vainqueur même s'il faut l'aider .

Dépassant le son des paroles, la vie est rythmée par les bruits, ceux des sirènes des bateaux en partance, et puis le soir, ceux des cris de Cristofaro lorsque son père le bat , comme chaque jour, alors on monte le son de la télévision pour couvrir les hurlements .

Les odeurs aussi font partie de la vie du quartier, celles tenaces des égouts et de la saleté des rues mais aussi celle de la viande grillée qui fait rêver ceux qui n'ont rien dans l'assiette ou les effluves du pain qui embaument les maisons et font devenir poète .

Dieu n'est jamais bien loin, fermant les yeux sur les larcins ou les entorses à la morale mais pouvant aussi déchainer les éléments et envoyer la tempête noyant tout sur son passage .

Il ne vaut mieux pas trainer à la nuit tombée dans les ruelles et si les rires fusent souvent aidés par l'alcool, les couteaux sont vite sortis et la violence rode comme une ombre .

Un bout d'Italie vivant, tendre et cruel à la fois et un roman bien attachant .

Merci à Masse critique et aux Editions Noir et blanc pour ce partenariat privilégié .
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Borgo Vecchio c'est un roman qui vous accompagne longtemps après l'avoir terminé .
C'est une écriture qui ne ressemble à nulle autre , comme une petite musique qui résonne doucement pour amortir la gravité de certains actes .
On rencontre dans ce quartier pauvre de Palerme des personnages inoubliables, il y Mimmo et Cristofaro , liés par les liens d'amitié indestructibles ,liés aussi par leur enfance dans un quartier pauvre , il y a Carmela, la prostituée au grand coeur, qui prie la vierge Marie pour expier ses péchés , sa fille Céleste qui étudie la plupart du temps pour avoir un avenir meilleur , Toto le voleur , fils de voleur , Toto qui court si vite que les victimes à qui il dérobe le portefeuille n'arrivent pas à le décrire .
Il y a un père indigne , des histoires de magouilles épouvantables dans ce livre .
Il y a longtemps qu'un livre me avait aussi émue , touchée en plein coeur , oui c'est exactement ça un énorme coup de coeur .
Histoire triste certes mais si belle , je vous le conseille ardemment.
5 étoiles +
Merci , merci à l'auteur Giosuè Calaciura
Un grand merci également à NetGalley et aux Éditions noir sur blanc .
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Je remercie Masse Critique Privilège Babelio et les éditions Noir sur Blanc pour cet envoi de ce bel ouvrage.
J'aime beaucoup le livre en tant qu'objet, une très belle qualité , il est agréable à lire, du beau papier comme je l'aime. Léger en main, de la douceur, et cette superbe photo.

Le plus beau c'est la plume de cet auteur que je ne connaissais pas. Quelle poésie, quelle fluidité, son écriture nous emporte telle une feuille au vent.

C'est léger, aérien, mais hélas, l'histoire est beaucoup moins poétique.

Qu'est ce que j'ai pu avoir mal de voir ce jeune garçon subir autant de cruauté, tout le monde le sait, et personne ne dit mot même sa propre mère. C'est très dur, à lire du moins pour moi.

Le récit se rapproche un peu d'un conte, c'est original, tout autant que les personnages. Mais attention c'est loin d'être un conte de fées, bien au contraire. J'ai beaucoup aimé aussi les confidences de Mimmo et du cheval, la façon comment les gamins peuvent déverser leur trop plein de souffrance, ça fait mal et à la fois c'est tellement bien écrit qu'on reste coi.

Une lecture belle par la plume, sensible, mais difficile pour le sujet.

Une très belle découverte, un auteur que je vais m'empresser de découvrir ou suivre.

Encore un grand merci pour ce beau livre, et cette découverte qui bouscule mais nous émerveille aussi.

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Mimmo et Cristofaro sont deux amis du quartier de Borgo Vecchio, quartier populaire de Palerme. Mimmo est fils du boucher, qui vient d'acquérir un cheval pour lui faire gagner des courses. Cristofaro est fils d'alcoolique qui le tabasse tous les soirs. Il y a aussi Celeste , fille de prostituée, sans père officiel, qui passe ses journées sur le balcon en attendant que sa mère finisse sa corvée. Et puis Toto, le délinquant, qui court plus vite que son ombre et sème les policiers dans le dédale du Borgo Vecchio. On est dans l'Italie du Sud, des quartiers pauvres, où la débrouille est souvent le seul expédient pour se rattacher à l'humanité.

Revenant juste de Naples au moment de cette lecture, j'ai eu un peu l'impression de repartir. L'impression de replonger dans cette singularité des quartiers pauvres écrasés par le soleil, où tout le monde vit dehors et ensemble, sous des façades lézardées où le soleil tentent de se poser entre les linges suspendus.


Magnifique roman , porté par une langue exquise que ne semble pas avoir altérée la traduction . On vit le quartier, ses combines, ses rites , ses croyances, ses règles, ses non dits. On sent le quartier, on le respire, on le palpe , on court avec le vent des ses ruelles abandonnées par le marché matinal. Les objets, les actes des protagonistes sont fusionnés par l'écriture avec l'âme et le coeur du Borgo Vecchio, ce qui rend ce texte si fort , si singulier. Même les couleurs prennent vie sous la plume de l'auteur. le chapitre sur le déluge est d'une puissance assourdissante.

L'histoire, elle, semble être inexorablement attirée vers l'abime. Celle des pauvres, du malheur et de l'inextricable. Cependant le quartier a des ressources, sa fierté, son âme et sa justice et ne se laissera pas dompter aussi facilement que l'on pourrait le penser.

Merci à Babelio et aux éditions Noir sur Blanc (Notabilia) pour leur confiance et pour ce pur moment de bonheur .
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La première fois, Giosuè Calaciura m'avais fait vaciller.
Aujourd'hui, il m'a mise par terre. J'ai bien pris les coups, j'ai mordu la poussière.
"Borgo Vecchio": quelle claque!

Le roman est court, mais heureusement qu'il n'est pas plus long. Il est déjà presque insoutenable comme ça. Sa lecture est douloureuse, elle fait mal, elle déchire.
Court, mais intense, sublime.

"Borgo Vecchio", c'est un quartier de Palerme qui sent la viande, le pain chaud et le sang. C'est le quartier des oubliés, des invisibles, de la violence et de ceux qui n'ont rien et plus rien à perdre.
Théâtre d'une tragédie antique, le sang et la misère en plus, le blanc des palais en moins.

Ici vivent Mimmo, dont le père, boucher, triche et trafique, et son meilleur ami, son presque frère à la vie à la mort -mais à la vie ce serait mieux-Cristofaro, battu tous les soirs comme plâtre par son père, battu par son père qui le tuera un jour. Et tout le monde le sait -Cristofaro aussi- et personne ne fait rien, comme toujours. Il n'y a que Mimmo qui voudrait sauver son ami et qui s'en inquiète, mais il est trop petit... Alors il confie ses peurs et ses colères à Nanà, son cheval, son autre ami.
Dans le borgo, on croise aussi Celeste, souvent perchée -comme Juliette en son temps- sur son balcon, que le soleil morde ou que la pluie ruisselle, enfermée et à peine abritée, quand sa mère travaille à satisfaire les marins de passage ou les hommes du quartier. Celeste, dont Mimmo est fou amoureux.
Et il y a Toto, le voleur, le héros. Mais cette fois, c'en est fini de ses belles heures: la police est bien décidée à avoir sa peau.

Dans une langue âpre et poétique, un style baroque -absolument magnifique où se rencontrent dans un corps à corps éprouvant un réalisme brut, brutale même et un lyrisme à vous faire trouver des étoiles dans le sang et la boue, Giosuè Calaciura nous raconte une histoire extrêmement poignante, triste et d'une intensité à couper le souffle. Un récit violent, incandescent et presque sans lumière. Celle-là, elle affleure parfois dans l'amitié de Mimmo et Cristofaro, dans la soif d'amour des personnages.

Mais que peut l'amour face à la violence et à la brutalité des hommes?
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Pauvre Cristofaro ! Ton père, est la dernière des brutes. Il a la bière mauvaise et après sa quinzaine de bouteilles de la soirée, c'est à ton tour de déguster ! Malgré tout ce qu'il avale, au lieu de grossir, il maigrit, mais ses phalanges sont tellement dures et méchantes qu'il casse les noix et les amandes à coups de poings… Tu le sais, toi, Cristofaro, puisque tous les soirs il te tabasse… Jamais au visage car il tient à ce que l'honneur de son fils soit sauf !

Tu sais qu'un jour il te tuera !

Ton père a une autre particularité : au gramme près, il peut dire combien pèse un morceau de mortadelle. Mais ce n'est pas ça qui l'empêchera d'un jour te tuer avec ses poings, pires que des marteaux, toi qui n'as pas la solidité de l'enclume.

Et toi, Mimmo, toi, le meilleur ami de Cristofaro, toi le fils du boucher Giovanni qui a fait trafiquer sa balance au point de gagner dix grammes tous les cent grammes pesés, toi Mimmo, tu redoutes le jour où ton ami mourra sous les coups de sa brute de père !

Comment faire, Cristofaro, pour que ton père cesse de te tabasser ? Il n'y a qu'une seule solution : le tuer ! Nous sommes d'accord… Mais comment le tuer pour qu'il n'en réchappe pas ? Même une balle en plein coeur n'est pas une garantie suffisante. Une balle en pleine tête ! Voilà qui devrait le calmer définitivement. Mais où trouver un pistolet ? Toto, le pickpocket ! Lui, il a un pistolet ! Il s'en sert pour terroriser ses victimes pour qu'elles comprennent qu'elles ont perdu la partie et se tiennent à carreau. Oui, mais Toto il demande trois cents tickets pour tuer d'une balle en pleine tête… Lui louer le pistolet ? Ce serait une bonne idée si Toto acceptait de s'en séparer… Mais jamais Toto n'acceptera de confier son pistolet à quelqu'un d'autre, voyons !


Critique :

Giosuè Calaciura nous présente des êtres humains, avec leurs défauts, mais d'une telle manière qu'il les « grandit » avec peu de moyens en leur conférant ne fut-ce qu'une qualité, comme le père de Cristofaro, brute ignoble, qui sait évaluer la mortadelle au gramme près, ou Carmela, la prostituée, convaincue que la Vierge lui pardonne ses péchés, elle, la mère involontaire mais aimante de Celeste, sa fille qui doit attendre sur le balcon, hiver comme été, que sa maman ait fini sa petite affaire et ouvre les volets pour que sa fille bienaimée puisse poursuivre l'étude de ses leçons ou terminer ses devoirs à l'intérieur de l'appartement.
Et c'est le boucher Giovanni, pourtant un escroc, qui va monter sur le toit d'un fourgon pour prendre la petite Celeste sur le balcon où elle patiente pour la placer, en triomphe, sur le dos de son cheval, Nana, alors que tout le monde le suit « en procession ».

C'est donc avec beaucoup de tendresse que Giosuè Calaciura parle de ce quartier pourri où la police se fait ridiculiser, de ses personnages, même les pires… Sauf peut-être Judas…

Est-ce un roman ? Est-ce un conte ? Une histoire fantastique, peut-être ? C'est une histoire inclassable mais profondément humaine avec un style narratif exceptionnel et original. Il faut saluer le travail de Lise Chapuis, la traductrice, qui a su préserver l'originalité de la langue de Giosuè Calaciura pour en garder la force émotionnelle et les métaphores pleines de poésie.

Un immense merci à marina53 qui m'a offert ce livre et fait découvrir un chef-d'oeuvre. Il m'a fallu lire et relire certains passages pour en profiter pleinement.
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Un chef d'oeuvre . Magistral. La quintessence de la littérature iatlienne . Un mix harmonieux de poésie et de romance. Une description surréaliste et oniriques de l'univers rude et précaire dans lequel se débattent deux jeunes enfants. Quelle plume
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"Le défilé de personnages savoureux empêtrés dans des dévotions religieuses et confinés comme on peut l'être dans cette insularité méditerranéenne traduit autant la solidarité que les petites lâchetés. le livre est une véritable symphonie des sens : les marchands ambulants, l'agitation sonore de la rue, l'odeur du pain galvanisant le quartier… L'écriture de Jiosue Calaciura est unique et diablement envoûtante. On goûte son humour acerbe à peine voilé des traditions catholiques. On savoure cette chronique sociale burlesque mais aussi dramatique ou l'ampleur de misère éclate à chaque coin de rue."
Francine Klajnberg
Lien : https://doublemarge.com/borg..
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