Ici veille, cous des boucliers d'argile tiède, un peuple de rois. L'herbe pousse entre les douces tuiles rondes. L'ennemi est le vent; l'alliée la pierre.
Naissance et Jour levant d'une amitié- Postface de René Char
Plus tard, filant ces souvenirs, Camus et moi nous plaisions à trouver que c'était certainement une chance que nous nous soyons approchés l'un de l'autre, puis affectionnés, dans les meilleures conditions, celles où la lenteur heureuse est promesse de durée, où la connaissance de soi se fait à l'insu de chacun.
LA POSTERITE DU SOLEIL naquit de la rencontre d'une jeune photographe, Henriette Grindat, du plaisir que Camus prenait de plus en plus à parcourir ce pays, et de mon désir, quand je vis les premières photographies d'Henriette Grindat, d'obtenir des images, des portraits, des paysages du Vaucluse qui différeraient des cartes-postales ou des documents de pure recherche que leur maniérisme involontaire exile aussitôt. (p. 74)
Naissance et Jour levant d'une amitié- Postface de René Char
Camus me proposa de venir à l'Isle (où je lui demandai) et il arriva un matin. J'allais le chercher en gare d'Avignon. Ce devait être dans l'automne 1946. La belle animation de la fin de la guerre durait encore, quoique légèrement abaissée. Les rapports entre les gens qui s'étaient connus pendant la Résistance restaient chaleureux, empreints du besoin de se retrouver, peut-être plus de se voir que de se parler, de respirer l'air nouveau, d'en étaler la liberté. (p. 72)
Le matin est radieux; la lumière pique.
Renonce à ta visite.
Ils peuvent attendre,
et non ta joie.
Tout le long du chemin, des mûres sucrées et poussiéreuses.
Voyageur, qui reviens de loin, elles n’apaiseront pas ta soif ;
le retour est plus aventureux que les départs.
Mais la bouche et les mains sanglantes,
tu fuiras plus vite devant le soleil, vers l’ombre et le puits.
Le premier amour t’attend à la fin des jours.
La vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent.
j’ai senti parfois le goût vert et fugitif d’un bonheur immérité.
Ciel et terre étaient alors réconciliés.
Le pire, le seul malheur, est l'ennui, quand tout le ciel est dans les flaques. (p.50)
D'autres après nous encore recevront sur cette terre le premier soleil, se battront, apprendront l'amour et la mort, consentiront à l'énigme et reviendront chez eux en inconnus. Le don de vie est adorable. (p. 64)
Seigneur farouche, le mistral souffle en maître sur ses terres. Même les soleils sont ivres.