J'ai découvert «
Marie et Marya », le second roman de Jilian Cantor dans le cadre d'une opération Masse Critique de Babelio, que je remercie pour m'avoir proposé ce livre.
A la lecture des premières pages, je ne peux m'empêcher de penser au roman de E.E. Schmitt «La Part de l'autre » dans lequel il met en scène Hitler et ce qu'il serait devenu s'il avait pris un autre chemin à un moment de sa vie. le postulat de départ dans «
Marie et Marya » est identique : les deux vies de Marya Sklodowska et de
Marie Curie.
Comme l'indique l'auteur dans le 4ème de couverture : « Si elle s'était marié (à l'homme qu'elle aimait – le mathématicien Kazimierz Zorawski), que serait devenue la jeune Marya ? »
A partir de cette question et de ce choix, Jilian Cantor nous propulse alors dans deux mondes différents. Elle suit de manière romancée, plus ou moins fidèlement, la vie de la scientifique
Marie Curie, qui a fait le choix de quitter son pays natal et de se rendre à Paris pour y apprendre la chimie. Et d'un autre côté, elle met en scène ce que devient Marya Sklodowska en Pologne lorsqu'elle épouse son fiancé.
Nous alternons, ainsi, d'un chapitre à un autre, de Marie à Marya, de Paris à Loksow et nous suivons les pas et les péripéties des deux femmes.
Les premiers chapitres posent le décor et nous permettent de faire connaissance avec elles, avec leur entourage et leur famille. Ils nous immiscent également dans leurs envies, leurs rêves, leurs frustrations, leurs craintes, dans les choix qui s'offrent à chacune d'entre elles. Cette longue introduction se lit agréablement sans être très originale.
Là où le roman de Jilian Cantor devient beaucoup plus intéressant, c'est lorsque les deux destins de
Marie et Marya semblent prendre des routes parallèles, que les choix ou les non choix à un certain moment de leur vie, paraissent alors se rapprocher pour quasiment se confondre. La lecture devient alors beaucoup plus fluide et le passage d'un chapitre à l'autre et d'un personnage à l'autre est presque fusionnel. On quitte Marya avec son père en Pologne pour quelques lignes plus tard retrouver Marie qui quitte Paris pour se rendre de toute urgence auprès de ce même père.
En réalité, et sans trop en dévoiler, tous les gens qui entourent
Marie et Marya sont les mêmes : familles, amis… ou se croisent d'une manière ou d'une autre au fil des pages.
Voilà le coup de force de Jilian Cantor, cette virtuosité littéraire et cette confusion qui arrive à perdre le lecteur et semer le doute en lui quant à savoir qui est qui : Marie ou Marya ?
A l'inverse d'autres lecteurs, je n'ai pas abordé ce roman avec la présomption de lire une autobiographie, même romancée de
Marie Curie. Effectivement les libertés prises par Jilian Cantor, et les écarts avec la scientifique et sa vie réelle sont nombreuses. Il faut lire «
Marie et Marya » comme un roman, avec tout ce qu'il peut contenir : histoires, drame, passion, amour et fantaisie. le livre nous transporte, nous fait voyager et nous fait passer du bon temps, ce qui est déjà une belle réussite.