Le jour qui se lève n’est pas un jour de plus
Il est la partie manquante de son être
I
Extrait 4
Quel est son avenir ?
Quel est son rivage ?
Quels bras ouverts l'attendent
sur le ponton introuvable de la résurrection ?
Lui, l'homme desséché au cœur assoiffé d'amour
ne refuse pas les larmes qui s'invitent.
p.19
I
Extrait 3
Le silence s'est accru.
Personne ne devine où il va.
Lui-même ne sait où il traîne.
Il a perdu son alphabet.
Il coud et découd
les unes après les autres
les lettres de son histoire.
Ligne après ligne
il tente de retrouver l'accès à sa mémoire
le mot de passe, la martingale gagnante.
Il marche au pas machinal d'une musique intérieure
sans songer à sortir de la répétition de ce geste immuable.
Le ciel s'est alourdi de nuages.
Il aimerait tant écarter la pluie
comme on tire les rideaux
dans un geste décidé
pour laisser pénétrer la lumière.
Les flaques d'eau sont des lacs sans fond.
Les pieds n'épousent plus le sol.
Seule une respiration imperceptible et fragile
permet la flottaison.
Ce corps de plume vogue sans voile ni gouvernail.
p.18
I
Extrait 2
Dans la chambre le lit reste à demi vide.
Sa main caresse le drap.
Regain des jours heureux.
Il cherche la trace de son corps
l'empreinte de sa nuque sur l'oreiller.
Personne.
Solitude de l'éclopé.
Sommeil agité.
Avis de tempête force 9.
Nuit à n'en plus finir.
Ressac de la mémoire.
Résurgence des souvenirs.
Écorché son cœur d'épines.
Torturé son cœur de sang.
Trahi son cœur de pierre.
Au petit matin le vent a rendu l'âme.
Dérive affective.
Silence du naufragé.
Puis espérance de l'aube.
Mais l'horizon n'est qu'une ligne brisée.
Le jour a la couleur de la pluie.
Se lever tout de même.
L'effort est pénible.
C'est lent, c'est lourd
le poids de la tristesse.
p.11-12
I
Extrait 1
Arrivée tardive.
Il fait froid, glacial même.
Bar de l'hôtel.
Incandescence du soir.
Réminiscence des heures chaudes.
Il pense à elle.
Il pense à ce bonheur brisé
pilé comme de la glace.
Un verre puis deux.
Mojito, cigare
Mojito encore
Bourbon Sour ensuite.
Un dernier puis un autre.
Convalescence de l'amour.
Surtout ne pas passer pour un client oublié
au fond d'un bar.
Oublié comme un objet désuet.
Savoir se retirer à temps.
p.11