Citations sur L'Écorchée (196)
Un jour, au parc, un enfant s'était écorché le genou et avait fondu en larmes. Alice s'était approchée et, sans dire un mot, elle avait ramassé ses larmes avec ses doigts. D'abord celles qui avaient coulé par terre, puis sur ses vêtements, et enfin sur ses joues. Une par une, elle les déposait dans un mouchoir. Au début l'enfant n'y avait pas prêté attention, puis il l'avait regardée avec stupeur. Au fur et à mesure qu'il la regardait, il avait arrêté de pleurer. Alors elle lui avait souri et s'était éloignée avec son trésor de larmes.
Elle l'avait appelée Alice, comme l'héroïne de son livre préféré quand elle était petite. Une fable ambiguë et dangereuse, l'histoire d'un monde parallèle et caché, comme celui qu'elle visitait chaque jour. Un pays dont les gens normaux ne soupçonnent même pas l'existence.
C'était arrivé quand, des années plus tard, il avait interrogé un suspect. Au lieu de forcer la confession ou de la lui extorquer, il s'était mis à son niveau et avait transformé la discussion en bavardage. Le secret de son succès résidait en un simple constat.
On apprend à compter les secondes, les minutes, les heures, les jours, les années... Mais personne ne nous explique la valeur d'un instant.
- Une mission, dit Mila.
- Les nazis, les sectes millénaristes, les extrémistes rastafaris, même les chrétiens pendant les croisades, tous on utilisé l'Hypothèse du mal pour justifier leurs idées ou leurs actions. Ils ont appelé ça "le mal nécessaire".
- Vu sous cet angle, XXX est un guide.
- Bien plus, affirma Berish, la voix de plus en plus grave. C'est un prédicateur.
Si aujourd’hui est égal à hier, pourquoi demain devrait-il être différent ?
Nous avons tous eu, au moins une fois dans notre vie, envie de disparaître.
Dans un moment de découragement, nous avons envisagé de nous rendre à la gare et de monter dans un train au hasard - peut-être fuir pour quelques heures seulement, un mardi matin ensoleillé d’hiver. Si nous l’avons fait, nous ne le raconterons jamais. Mais nous conserverons toujours la sensation libératoire d’éteindre notre téléphone portable et d’oublier Internet, nous affranchissant du joug de la technologie pour nous laisser transporter vers notre destin.
Pourtant, les hommes sont eux aussi dotés d'un instinct animal. Il constitue la partie la plus vulnérable de chacun de nous : celle sur laquelle agissent les prédicateurs. Kairus avait fait disparaître les insomniaques et, de victimes, il les avait transformés en bourreaux.
On ne peut pas vivre avec le vide, on ne pactise pas avec le vide. On lui ouvre la porte de chez soi, comme à un ami bienveillant. Le vide s’engouffre et pille tout ce qu’il y a à piller.
Parce que, quand on aime vraiment, on est capable de détester.