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EAN : 3665375004670
Le Cerf (30/11/-1)
4.5/5   1 notes
Résumé :
In-8, reliure pleine toile de l'éditeur.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
9 décembre 1964, pour mes sept ans mes grands-parents m'offrirent ce livre sur Charles de Foucauld explorateur mystique (1858-1916). Je conservais cet ouvrage de Michel Carrouges, sans m'intéresser encore au personnage. Ce n'est que vers quinze ans que j'en entrepris sérieusement la lecture. Les illustrations de Raoul Auger furent un support pour l'approfondissement du texte.
De quoi puis-je me souvenir après tant d'années ? de la beauté de l'histoire, de la vie facile menée par le jeune Charles de Foucauld qui dilapida une partie de l'avoir familial (on a l'impression qu'il ressemble alors au jeune François d'Assise), d'une carrière militaire sans relief (avec formation à Saint-Cyr et Saumur, tout de même, et une première rencontre avec la partie septentrionale du continent africain qui lui permit de rencontrer un certain François-Henry Laperrine, avec lequel il allait se lier et qu'il allait croiser et recroiser sans cesse par la suite).
Ce qui me fascina profondément fut sa première grande transformation : sa décision d'explorer le Maroc de 1883 à 1884, après sa rencontre avec Oscar Mac Carthy, géographe et conservateur de la bibliothèque d'Alger, son voyage difficile sous les habits et l'identité d'un rabbin (parce que le Chrétien n'avait alors pas le droit de séjour dans les terres musulmanes, ce qui n'est pas sans me rappeler l'extraordinaire travail accompli aussi dans des conditions à peine supportables par Charles Montague Doughty en Arabie [Arabia Deserta]). Foucauld écrivit Reconnaissance au Maroc en 1888 (année de naissance de T.E. Lawrence, futur Lawrence d'Arabie), et ce après avoir reçu la médaille d'Or de la Société de Géographie de Paris en 1885.
J'ai compris sa décision de rompre avec son passé en allant le 30 octobre 1886 s'agenouiller dans un confessional de l'église Saint-Augustin où il allait renouer humblement avec la foi chrétienne devant l'abbé Huvelin. Conversion favorisée par Marie de Bondy, sa cousine. Et vocation naissante avec des tâtonnements : retraite spirituelle chez les Jésuites au centre spirituel Manrèse, expérience spirituelle et monacale à Notre-Dame des Neiges en Ardèche, vie de moine Trappiste qui évite de prononcer ses voeux définitifs, voyage en Syrie, expérience de l'érémitisme, pèlerinage en Palestine (qui nous rappelle encore François d'Assise dont la vie de pauvreté le travaille). Ordonné prêtre à Viviers en 1901, celui qui s'appelle maintenant Charles de Jésus, il va retourner en Afrique du Nord et s'enfonçant vers le sud, il recevra d'un chef touareg, Moussa ag Amastan le droit de s'installer à Tamanrasset, dans le Hoggar en juin 1906. Il arrivera sur les lieux en août de la même année. Sa hantise, ne pas se retrouver seul catholique sur les lieux, afin de pouvoir célébrer l'eucharistie. Beaucoup de solitude sans doute, mais entrecoupée de missions menées conjointement avec son ami le militaire Laperrine, officier intelligent qui servait les intérêts français sans faire sentir aux autochtones un orgueil de partisan du colonialisme. Foucauld estimait à leur juste valeur l'islam et la croyance des Musulmans. Mais il aidait Laperrine à contenir l'influence des Senoussistes, sortes de fondamentalistes. Cette vie au désert n'empêcha pas de Foucauld de retourner à Paris en 1909 (où il rencontra l'Orientaliste Louis Massignon qu'il aurait aimé entraîner dans son sillage mais qui préféra suivre son propre chemin). L'isolement de Charles de Foucauld s'accentua quand Laperrine fut éloigné du Sahara à la fin de 1910. le Saint Ermite travaillait alors à la rédaction d'un lexique touareg-français. L'annonce du déclenchement du Premier Conflit mondial en 1914 le bouleversa, mais il demeura à Tamanrasset malgré les risques de soulèvement des Senoussistes contre les troupes coloniales françaises. Cependant, ce ne furent pas ces derniers qui devaient le tuer mais un touareg qui lui avait fait faux bond et qui laissant pénétrer des intégristes armés dans l'ermitage, logea une balle de fusil dans la tempe de l'homme de Dieu (et du serviteur de la France au Sahara) le 1er décembre 1916. Ainsi dans la confusion d'un assaut mal organisé du "bordj", de Foucauld périt-il non par l'acte d'un fanatique comme on le crut longtemps mais par une réaction incontrôlée.
Le livre de Michel Carrouges fait bien sûr de Charles de Foucauld un héros et un martyr de la foi. Mais il faut raison garder. Aussi admirable qu'eût été cet homme, et aussi méritant fut-il sur bien des points, il ne faut pas trop le porter aux nues. Il fut un mortel qui commit des erreurs, et notamment celle d'approuver la présence militaire française et une certaine forme de colonialisme, toutefois pas la plus dure. Reste qu'il avait fait un choix de vie, celui de vivre comme chrétien au milieu des touaregs et des musulmans qu'il respectait et aimait. Et, pour cette raison, et par-delà toutes les polémiques, il mérite bien d'être fait saint de l'Église catholique, lui qui a été reconnu vénérable par Jean-Paul II en 2001 et béatifié par Benoît XVI en 2005. Laissons les choses aller à leur terme. On pourra bien, indépendamment de cela, publier une édition scientifique de l'oeuvre écrite et de tous les papiers de Charles de Foucauld, ne serait-ce que pour connaître le degré de son implication dans l'entreprise coloniale, ou pour situer les choses à leur juste niveau et sans passion, on devra de toute façon reconnaître l'originalité et la valeur d'un parcours humain qui témoigne pour cet homme de sa sincérité et de l'authenticité de son engagement religieux et spirituel. de cet homme qui ne s'aimait pas mais qui aimait Dieu et les autres hommes, on peut, c'est raisonnable et souhaitable, dire qu'il peut être canonisé.

François Sarindar
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