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EAN : 9782370553331
160 pages
Le Tripode (01/09/2022)
4.08/5   931 notes
Résumé :
Salué par la critique depuis vingt ans mais encore méconnu du grand public, Mathieu Belezi livre avec Attaquer la terre et le soleil un roman magistral, qui incarne la folie et l'enfer de la colonisation de l'Algérie au 19e siècle.
Attaquer la terre et le soleil narre le destin d'une poignée de colons et de soldats pris dans l'enfer oublié de la colonisation algérienne, au dix-neuvième siècle. Et en un bref roman, c'est toute l'expérience d'un écrivain qui su... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (165) Voir plus Ajouter une critique
4,08

sur 931 notes
Après avoir déjà écrit une trilogie sur l'Algérie (« C'était notre terre », « Les Vieux Fous » et « Un faux pas dans la vie d'Emma Picard »), l'écrivain Mathieu Belezi remporte le prix littéraire « le Monde » 2022 pour ce roman qui plonge les lecteurs dans les débuts violents de la colonisation française de l'Algérie en 1845.

« Attaquer la terre et le soleil », ce sont deux voix qui s'alternent et qui se font écho au fil d'un récit bouleversant et d'une puissance évocatrice incroyable.

D'une part, Séraphine Jouhaud, une femme colon venue de Marseille avec son mari, leurs trois enfants, sa soeur et son beau-frère. Des familles françaises venues peupler une colonie agricole vendue comme une terre promise par l'État, mais qui n'est finalement qu'un lopin de terre peu fertile, entouré de palissades qui les préservent d'une population hostile.

D'autre part, un soldat anonyme suivant aveuglement les ordres d'un capitaine sanguinaire venu apporter une prétendue « civilisation » aux autochtones, en imposant sa vision de la « pacification » à coups de baïonnettes, massacrant, pillant, violant et brûlant village après village.

Mathieu Belezi raconte la désillusion coloniale en étalant d'une part la cruauté des soldats et de l'autre la peur et la souffrance des colons. La famine, le manque d'hygiène, les ravages du choléra et du paludisme, la chaleur étouffante, les conditions de logement déplorables, les récoltes infructueuses, les animaux sauvages et la crainte de se faire décapiter par les yatagans affûtés de rebelles bien décidés à repousser l'envahisseur. Une bien belle histoire coloniale… dont personne ne ressort vainqueur.

Après avoir lu ce roman qui évoque régulièrement Dieu afin de traduire l'effroi des narrateurs, c'est à mon tour de le citer car, Mon Dieu, quelle claque cette narration ! Mathieu Belezi nous installe en effet au coeur des pensées de ses protagonistes, là où les mots ne sont pas encore dompté par la ponctuation et se retrouvent étalés sans majuscules au rythme effréné de pensées qui se bousculent à vive allure, restituant le chaos et la folie ambiante. Un roman écrit d'un souffle par un auteur qui invite le lecteur à retenir le sien, en l'immergeant dans l'absurdité et la bêtise humaine, et dont il ressort écoeuré, bouleversé, en apnée, au bord du vertige et proche du KO.

Coup de coeur !
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Prix du Livre Inter 2023.

Prix littéraire du journal le Monde.

En me faisant partager la vie des premiers colons poussés par la France à traverser la Méditerranée, en me plongeant au plus près des atrocités commises par l'armée française en Algérie, Mathieu Belezi a réussi une vraie performance littéraire.
C'est pourquoi le Prix littéraire du journal le Monde et le Prix du Livre Inter 2023 qui ont été décernés à Attaquer la terre et le soleil sont une formidable opportunité pour faire connaître et faire lire un livre qui sort des sentiers battus. Si le style de Mathieu Belezi est fluide, la disposition de son texte surprend. Peu de points et de majuscules, des virgules rares, d'autres signes de ponctuation absents et, si c'est surprenant, cela ne m'a pas du tout gêné.
Entre Rude besogne et Bain de sang, me voilà plongé dans la réalité dure, atroce, insoutenable de ce que nos actions de « pacification » ont apporté à l'Algérie, au XIXe siècle. Notre volonté de civiliser, bref de coloniser un pays par la force, par tous les moyens, décidée en haut lieu, comme on dit, ne recule devant aucun sacrifice, aucun massacre. Les colons, pour la plupart braves gens du peuple séduits par la propagande officielle, se retrouvent plongés dans des épreuves, des souffrances difficilement soutenables et la plupart y laissent la vie, emportés par des maladies terribles, ou tués par les autochtones qui n'acceptent pas d'être spoliés de leurs terres.
Séraphine, mariée à Henri et mère de deux garçons et d'une fille, raconte dans Rude besogne. Rosette, sa soeur et son mari, sont du voyage aussi. Cela donne un récit émouvant, sensible, déchirant comme dans cette page où elle détaille son quotidien sans occulter les moindres détails les plus concrets qui font que notre vie est supportable ou non. Quelles douleurs ! Quelles épreuves !
Quand le soldat prend le relais avec Bain de sang, le contraste est énorme. La liste des méfaits causés par l'armée française s'allonge, dans des conditions extrêmes certes, mais avec la baïonnette qui transperce tous les êtres vivants qui se présentent, hommes de préférence, les femmes ayant droit au traitement que l'on imagine avant de passer de vie à trépas…
Mathieu Belezi est encore original lorsqu'il glisse, en italiques, un paragraphe de commentaires qui se voudraient objectifs, ce qui irrite beaucoup notre soldat qui s'écrie : « suffit ! suffit ! » avant d'obéir aveuglément aux ordres de son capitaine, véritable fou furieux qui se distingue par sa fougue et sa volonté d'occire le maximum de ceux qu'il appelle des « guenillards ».
Quand Séraphine répète régulièrement « sainte, sainte mère de Dieu » et se pose de plus en plus de questions sur sa foi aveugle, le soldat répète, à chaque intervention sanguinaire : « on n'est pas des anges »…
Attaquer la terre et le soleil est un livre absolument nécessaire qui permet d'éclairer de manière très concrète les ravages causés par la colonisation, ravages qui se poursuivent indéfiniment. Ici, tout se fait sous l'autorité du général Mac-Mahon, gouverneur général d'Algérie (1864-1870) avant d'être Président de la République en 1873 pour six ans. Cet éminent personnage qui pousse au maximum la colonisation de l'Algérie, rend même une visite aux colons qui tentent de survivre dans leur village fortifié, sans même descendre de son cheval de parade…
Pendant que les uns sont décimés par de terribles maladies, choléra, fièvre jaune, terribles diarrhées… les autres s'acharnent à exterminer les gens du pays refusant de se soumettre, à détruire, à violer, à piller sans état d'âme. Je n'avais jamais lu un livre aussi juste, aussi original.
Attaquer la terre et le soleil est une petite merveille de littérature !

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L'auteur nous plonge dans une histoire dramatique, celui de la colonisation, Un pays l'Algérie, que les français ont décidé de s'approprier.
Le récit se déroule au 19 éme siècle, Séraphine fait partie de ce voyage, entraînant avec elle famille, mari ,enfants et sa soeur, , dans l'optique de créer un nouveau monde , exploiter de nouvelles terres, un monde merveilleux, Tout est beau, tout va bien, Un rêve qui se transforme en cauchemar, Ils doivent vivre dans des baraquements de fortune , ils sont confrontés à la misère, la saleté des conditions d'hygiène ,impensable, la famine et la maladie, principalement la malaria. Ils n'étaient pas préparer à cela . Ces premiers colons , partagent ce triste voyage, avec des soldats , Une véritable barbarie, qui fait froid dans le dos, ils tuent sans aucun état d'âme, l'auteur ne tergiverse pas dans ses descriptions, il nous dépeint, ses assassinats d'une violence extrême, une haine , n'hésite, pas à choisir des femmes pour se libérer de leurs pulsions sexuelles, Un monde immonde, le titre "Attaquer la terre et le soleil" donne de la véracité au récit. Nous sommes en face dans l'horreur de la vie .Certains passages m'ont mises mal à l'aise, elle sont brutes de pomme, il faut avoir le coeur accroché, un ressenti personnel, Un roman remarquable, un témoignage où la réalité prend le dessus sur la fiction Une histoire racontée par Séraphine et celle d'un soldat, deux visions différentes pour une même histoire. Un roman, L'auteur dénonce , la colonisation de tous les pays, d'arrêter de respecter tout le monde, mais malheureusement le sujet est , toujours d'actualité, Un roman très documenté que je vous conseille à découvrir.
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Avec son mari, ses trois enfants et sa soeur, Séraphine débarque en Algérie au tout début de la colonisation du pays par la France, dans les années 1830-1840. Au terme de leur pénible voyage, les colons ne trouvent que les cailloux d'une terre ingrate qu'il va leur falloir tenter d'exploiter dans des conditions effroyables : la boue et le froid l'hiver, la canicule l'été ; la saleté et les épidémies de choléra qui les déciment dans leurs misérables baraquements de planches ; le manque de tout et la peur qui les étreint, entre attaques arabes, pillards, vipères à cornes et lions du désert… Pendant qu'ils s'échinent et tombent comme des mouches, un escadron de soldats français s'emploie à « pacifier » les territoires conquis, sans autre stratégie que de razzier, violer et massacrer.


Raconté dans des mots d'autant plus frappants qu'ils décrivent l'horreur à hauteur de gens simples, au fil de leur narration humble, morne et résignée de ce qui fait leur banalité quotidienne – un enfer d'une violence inouïe dont ils sont absurdement devenus les acteurs, misérables pions sacrifiés dans une partie motivée par de bien plus gros intérêts que les leurs –, le texte est d'une intensité rare, en tout point saisissante. Alors que, dans sa sidération impuissante, Séraphine n'a plus la force que de ponctuer son récit d'une litanie de « sainte et sainte mère de Dieu » et que, du côté des soldats, l'on s'efforce, avec des termes de soudards, de se redonner du coeur au ventre à coups, faute d'autres motifs, d'exonérants « nous ne sommes pas des anges », c'est une bien peu glorieuse épopée que l'on fait mener par ces pauvres hères, abandonnés à leur misère et à leur peur, à leur lâcheté et à leur cruauté, pour implanter sur ces terres d'Algérie une présence française qui se veut irréversible.


Sans majuscules ni points, la narration s'écoule comme le fleuve du temps et de l'Histoire. le processus infernal dans lequel les protagonistes se retrouvent pris s'est enclenché bien avant le début de leur récit et se poursuivra bien au-delà de leur bref passage dans l'histoire de cette terre. Ils ne sont que de modestes rouages, mais à travers eux et leur parcours aussi pathétique que sanguinaire, s'enracine un mal profond, une colonisation construite sur la pourriture du sang et de la violence, qui, démentant toute prétention dite « civilisatrice », n'annonce qu'un désastre sans fond.


Peinture ultra-réaliste de l'horreur, c'est avec une efficacité sans pareille que, sur un ton d'autant plus implacable qu'égal et factuel, ce roman dénonce les viles réalités de la colonisation. L'on en ressort saisi par cette abjection, on ne peut plus clairement débarrassée des fards dont l'Histoire tend habituellement à l'enjoliver. Jamais je n'avais été aussi tentée d'associer un livre au célèbre Cri de Münch.

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Attaquer la terre et le soleil est un roman sur la colonisation de l'Algérie au XIXe siècle.
Deux voix racontent. L'une donne le point de vue des colons et l'autre, celle des soldats.
La première c'est celle de Séraphine venue avec sa famille, son mari, ses trois enfants et sa soeur.
Ils ont dû depuis Paris suivre les voies d'eau, sur des bateaux plats, pour arriver jusqu'à Marseille où ils étaient pas moins de cinq cents à embarquer à bord de la frégate le Labrador, et supporter des jours et des nuits de traversée avant de poser les deux pieds sur cette terre d'Algérie.
Elle raconte alors la vie de misère qui est la leur, loin de ce qui leur avait été promis…
Les conditions qu'ils vont rencontrer à leur arrivée seront déplorables. Ils vont devoir supporter des mois de mauvais temps, vent, pluie, sous des tentes militaires avant que soient construites des cabanes. Une chaleur extrême va alors s'installer et bientôt l'arrivée du choléra qui va décimer une partie de sa famille et de la colonie. À cela s'ajouteront le travail du sol particulièrement rude, les attaques des lions sur leurs vaches et moutons, les pillages des récoltes par les Arabes et le massacre de ceux qui n'étaient pas assez prudents…
Les chapitres qui lui sont consacrés ont pour titre Rude besogne ce qui n'est pas un vain mot…
L'autre voix est celle d'un escadron de soldats pillards qui, sous le prétexte d'apporter les lumières de la civilisation se laissent aller à leurs plus bas instincts, pillant, violant, massacrant brûlant les villages, abattant le bétail, les arbres fruitiers. À leur tête, un capitaine tout ce qu'il y a de plus grotesque s'il n'était pas ce fou sanguinaire !
Les chapitres qui relatent cette violence inouïe de la part des soldats français, Mathieu Belezi les nomment Bain de sang, voilà encore une dénomination bien adaptée au contenu.
Attaquer la terre et le soleil, en l'occurrence, celle de l'Algérie, de Mathieu Belezi est un roman que j'ai lu d'une traite et en apnée.
L'auteur y décrit à travers ces deux voix très différentes par le style et se complétant parfaitement, le destin d'une poignée de colons et de soldats pris dans l'enfer oublié de la colonisation algérienne au dix-neuvième siècle.
Que ce soit, le froid, la pluie, la chaleur, la maladie ou la souffrance Mathieu Belezi sait nous les faire sentir et ressentir au plus profond de nous-même tout comme il sait nous plonger dans cette horreur et cette folie de massacres et nous en écoeurer jusqu'à la nausée.
Toute la folie et l'enfer que fut cette colonisation sont évoqués dans ce superbe bouquin avec puissance et réalisme.
Une écriture avec peu de points, des retours à la ligne fréquents et sans majuscules, tels des vers libres, apportent force, vie et réalisme au récit.
Lauréat du prix du journal le Monde en 2022 et Prix du Livre Inter 2023, Attaquer la terre et le soleil de Mathieu Belezi s'attache à démontrer la folie des hommes et l'absurdité de la colonisation, rappelant que l'horreur en Algérie n'a pas commencé avec la guerre d'indépendance comme on pourrait le croire parfois.
Un véritable coup de coeur !

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critiques presse (6)
Liberation
06 juin 2023
Attaquer la terre et le soleil (le Tripode) est un texte court dont chaque mot semble avoir été pesé au trébuchet. Dès les premières pages on est envoûté par l’écriture sèche et poétique de Mathieu Belezi, écrivain français établi en Italie où Libé l’avait rencontré fin mars, qui raconte le quotidien de Séraphine, femme colon arrivée dans les années 1840 en Algérie avec son mari, ses enfants, sa sœur et son beau-frère.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeSoir
21 novembre 2022
Civils et militaires vivent leurs difficultés en alternance dans Attaquer la terre et le soleil.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LaCroix
19 septembre 2022
Mathieu Belezi publie un texte acide et fulgurant sur ce passé qui hante son oeuvre, les débuts de la colonisation.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeMonde
08 septembre 2022
L’écrivain prolonge dans ce roman magnétique, d’une puissance rythmique impressionnante, une série consacrée à la colonisation de l’Algérie, commencée avec C’était notre terre.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Bibliobs
30 août 2022
Mathieu Belezi fait entendre la voix d’un colon et celle d’un soldat dans l’Algérie des années 1840. Un grand roman de l’effroi et de la folie humaine.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
25 août 2022
Dans un roman de l’absurde et de l’effroi, l’écrivain évoque la conquête de l’Algérie à travers les voix d’une femme colon sans espoir et d’un soldat cynique. Bouleversant.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (95) Voir plus Ajouter une citation
Et sans qu’il nous soit demandé notre avis, sans que nous puissions émettre une quelconque protestation, nous autres colons qui n’avions rien fait de mal avons été plongés dans les flammes d’un enfer à peine imaginable
enfer qu’avec ma naïveté de femme je croyais limité aux dessous de la terre, là où règnent le diable et ses démons aux fourches assassines, et que j’ai vu de mes propres yeux sortir de ses obscurités malfaisantes pour envahir la terre et y semer la terreur, triompher de notre communauté de colons en fauchant à grands coups de faux hommes, femmes et enfants dans leurs cabanes de planches, et cela en toute impunité, je dis bien en toute impunité puisque le ciel et ses représentants divins jamais ne sont intervenus
sainte et sainte mère de Dieu, pourquoi nous avez-vous abandonnés ?
Jamais ne se sont portés à notre secours pour éteindre ces flammes qui nous dévoraient
dites-moi au moins pourquoi
jamais n’ont fait un geste pour retenir la lame de cette faux qui nous coupait le souffle
oui, dites-moi au moins pourquoi.
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Suffit ! Suffit ! Quel miracle devrait donc venir du ciel ! les miracles c’est nous soldats qui nous en occupons, c’est nous soldats qui débarrassons cette terre d’Algérie de ses fanatiques, qui créons des villes, des routes, asséchons vos marais de malheur, inventons le sulfate de quinine, plantons des milliers d’arbres pour sucer les miasmes de vos terres maudites, alors ne venez pas nous reprocher de forcer la porte de quelques maisons pour réchauffer nos os qui ont froid et sont fatigués, ne venez pas nous reprocher d’égorger quatre ou cinq moutons pour donner à manger à nos ventres qui ont faim, laissez-nous au contraire nous vautrer sur la paille sèche, nous rouler tranquille dans la laine des tapis, nous remplir les poumons de ce tabac turc qu’on trouve à tous les étals des boutiquiers d’Alger
- Si nos jours sont de plus en plus sombres et sanglants, qu’au moins nos nuits se dépoitraillent et s’ouvrent à tous les débordements de nos corps ragaillardis !
Crient les uns
- Oui, que nos nuits pétaradent !
Répondent les autres
- Qu’elles débordent de foutre et de cris étouffés !
Répondent et s’excitent quelques-uns.
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- Nom d’un bordel, votre têtue caboche de moricauds finira-t-elle par comprendre ?
Et sa voix d’ogre résonne dans le silence comme une voix venue du ciel
- La France a pour mission divine de pacifier vos terres de barbarie, d’offrir à vos cervelles incultes les ors d’une culture millénaire ! Que ça vous plaise ou non !
Et ceux qui refusent notre main tendue seront renversés, écrasés, hachés menu par le fer de nos sabots et de nos baïonnettes !
Roule et tempête comme une charge de cavaliers, mais pas un de ces chiens ne se montre pour lui offrir sa soumission, il a beau attendre dans ses bottes de sept lieues et sa gandoura de pacha, ce qu’il attend n’arrivera jamais, nous qui avons usé nos grolles sur toutes les routes de ce foutoir à moricauds, on en est certains
on se regarde en tétant le tuyau de nos pipes, et on se dit qu’il ne faudrait pas qu’un de ces jours il tourne fou, notre capitaine, non, il ne faudrait pas, parce que si ça lui prenait de tourner fou au milieu de ces déserts de sable et de rocaille, qu’est-ce qu’on deviendrait nous autres ?
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ensuite il immobilise son cheval tout écumant et nous crie
- Foutez-moi le feu à tout ça ! Razziez mes braves ! Razziez tant que vous pouvez
et il ne nous faut que le temps de cet ordre pour fourrer le tabac dans nos poches et commencer notre razzia, c’est la ruée, l’infernale et alléchante ruée qui nous fait bander dans nos frocs, nom de Dieu de nom de Dieu, et nos mains féroces éventrent les sacs et les coffres, roulent les tapis, arrachent au cou ensanglanté des moukères leurs breloques, tranchent les doigts chargés de bagouzes, et les oreilles des hommes tout aussi bien que celles des femmes qui valent leur pesant d’or, vous pouvez me croire, au marché noir d’Alger
nom de Dieu de nom de Dieu !
Ensuite on fout le feu aux gourbis pendant que les haches de quelques autres s’attaquent aux champs d’oliviers, aux amandiers et aux abricotiers qui sont abattus et jetés dans les flammes qui dévorent le villages
deux épaisses colonnes de fumée montent au ciel en dansant une gigue funeste, et ça se voit de si loin un incendie pareil, ça promet de telles horreurs, que les fils de Mahomet doivent en pisser dans leurs falzars
non, nous ne sommes pas des anges.
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- Le gouvernement de la France, conscient des luttes quotidiennes que vous devez mener, s’occupe et de votre santé, et de votre sécurité, soyez-en sûrs !
S’occupait-on vraiment de nous dans les bureaux des palais d’Alger et dans les ministères parisiens ? Nous n’en étions pas si sûrs, nous tous colons d’Algérie, et c’est sans doute pour cela qu’un beau jour on a vu arriver le gouvernement de l’Algérie en personne, et le général Mac-Mahon, et le général Canrobert, en grandes tenues militaires sur leurs beaux chevaux piaffant d’impatience, ils nous ont félicités, flattés, encouragés, du haut de leurs montures sur lesquelles ils se tenaient comme des pachas ils voyaient loin, ils voyaient grand, prêts à verser sans compter le sang de leurs soldats pour que nous puissions récolter fortune et bonheur.
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