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Piotr Kowalski (Illustrateur)
EAN : 9781632152282
144 pages
Image Comics (07/04/2015)
5/5   1 notes
Résumé :
Retired superhero Simon Cooke has returned to Saturn City to live life as a "normal" civilian. Easier said than done! Now that the full-blown, ten-year superhero orgy is over, life in Saturn City is getting even more complicated. And not only for the newly- "normalized" Simon Cooke; everyone seems to have their own kink to deal with.
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Supercool (épisodes 9 à 14). Il faut absolument avoir commencé la série par le premier tome : Summer of hard (épisodes 1 à 8). Il contient les épisodes 15 à 20, initialement parus en 2014/2015, écrits par Joe Casey, et majoritairement dessinés et encrés par Piotr Kowalski, avec une mise en couleurs de Brad Simpson, et un lettrage de Rus Wooton. Ian McDaid dessine les 2 tiers de l'épisode 17, Luke Parker les 2 tiers de l'épisode 18, Ian Macewan les 2 tiers de l'épisode 19 et 3 pages de l'épisode 20.

Le tome commence avec un trombinoscope des 16 principaux personnages, puis par un rappel des faits en 19 phrases concises et pertinentes, accrochées à une frise chronologique. Simon Cooke a pris la décision de faire mener une enquête officieuse concernant l'incident avec les représentants de l'entreprise japonaise Kansei. de manière surprenante, il la confie à Elliot K. Barnes, responsable de la comptabilité. de son côté le Maire Sedgwick se fait remonter les bretelles par un certain Monsieur Weber, sur son incapacité à avoir rallié Cooke à une organisation clandestine.

La santé de The Old Man continue de se détériorer mais il ne lâche rien en affaire. Prank Addict est dans le coma à l'hôpital. Sheila a tenté de revenir travailler pour Annabelle Lagravenese, malgré son état. Les membres du gang Break font comprendre à Keenan Wade qu'il ferait mieux de tirer une croix sur sa vie privée.

Le tome se termine avec une interview de 4 pages de Joe Casey, en petits caractères. Avec les questions pénétrantes de l'intervieweur, il expose ses convictions de créateur, ses objectifs pour cette série, la raison pour laquelle il a choisi un titre aussi accrocheur et provocateur, la durée de la série et sa structure. L'intervieweur fait en particulier remarquer que la série a démarré sur un rythme un peu lent. le scénariste explique qu'il l'a fait sciemment puisqu'il souhaitait développer progressivement l'environnement du récit. Il évoque également sa dimension sociale.

Le premier tome présentait effectivement la particularité d'introduire les personnages en prenant le temps, de s'attacher à leur état d'esprit, et de n'en révéler que peu sur leur passé. Ainsi Casey étoffait ses protagonistes et leurs motivations personnelles, dans une narration un peu éclatée puisque tous les personnages ne se rencontraient pas. le deuxième tome avait permis d'établir plusieurs connexions entre différents personnages et de commencer à découvrir l'historique des liens les unissant, sans rien perdre en profondeur psychologique, au contraire. Ce troisième tome poursuit dans cette voie d'une grande richesse.

L'intrigue repose sur une guerre des gangs qui couve, de plus en plus proche du point de non-retour, avec plusieurs factions criminelles, 1 superhéros qui reste actif, et un autre qui est retourné à la vie civile. Une ancienne supercriminelle reste neutre. La tension monte, sans qu'il soit possible d'anticiper les rebondissements, ce qui assure un bon niveau de divertissement. le récit amalgame polar urbain, stratégies de multinationale, et personnages qui se cherchent, d'une manière harmonieuse et tendue.

Il y a également une composante superhéros, par le biais de retour dans le passé qui abordent les origines de Prank Addict, la relation entre Armored Saint et son assistant adolescent, et la relation entre Armored Saint et Shadow Lynx. le lecteur peut jouer au jeu des ressemblances avec des personnages DC bien connus. La relation entre Armored Saint et Keenan Wade évoque celle entre Batman et Robin, celle avec Shadow Lynx évoque celle entre Batman et Catwoman. Mais les personnages ayant déjà acquis leur histoire personnelle bien étoffée, il s'agit de clins d'oeil, et en aucun cas de manque d'inspiration, ou de simple décalque.

En particulier, Joe Casey met en lumière que Simon Cooke était un homme blanc, à la tête d'une imposante fortune, dont la motivation n'était pas tenue pour acquise par son mentor Quinn, qui plaçait beaucoup plus de confiance en Keenan Wade, jeune homme noir venant de la rue (donc avec plus la rage au ventre). D'une certaine manière, il est possible d'y voir une version plus adulte de l'écart qui séparait Batman (Bruce Wayne) de Robin (Jason Todd, voleur de pneus). Néanmoins il n'est pas nécessaire de connaître ces références pour apprécier les nuances du récit. Dans l'interview, Casey précise qu'il ne s'aventurera pas plus loin sur la dimension raciale, dans la mesure où lui-même blanc et qu'il ne dispose pas du vécu nécessaire pour parler de la condition de personne de couleur.

Le scénariste continue d'intégrer des scènes de relation sexuelle dans son récit (il tient la promesse du titre), en leur donnant une dimension psychologique. Il ne s'agit pas de parties de jambes en l'air pour le simple plaisir de se rincer l'oeil, mais bien d'une des formes d'expression de la personnalité des individus. Pour une partie d'entre eux, le sexe n'est qu'un des aspects de l'exercice du pouvoir, d'une preuve manifeste de domination (aussi bien sur les femmes que sur les hommes). Pour une autre partie, leur vie sexuelle révèle d'autres pans de leur psyché, pas toujours à leur avantage, mais il ne s'agit jamais d'un acte neutre, indépendant de la personne qui s'y adonne. Tous les dessinateurs prêtent une attention particulière à ne pas réduire les corps à l'état d'objet, ce qui neutralise le côté voyeur, et le côté érotique.

Comme dans le tome précédent, Piotr Kowalski cède la place à d'autres dessinateurs, dans la logique narrative qu'il s'agit de séquences se déroulant dans le passé, et s'attachant à des personnages spécifiques. le lecteur découvre ainsi comment Frank est devenu Prank Addict. C'est du pur Joe Casey, avec son inventivité coutumière Il emploie des conventions de récit d'aventure, en les tordant pour les présenter sous un autre jour, leur redonner un sens, loin d'un cliché tout fait, prêt à l'emploi pour scénariste pressé et paresseux. le lecteur découvre un personnage sortant de l'ordinaire, et très différent du Joker (auquel son nom fait immédiatement penser). Les dessins de Luke Parker font penser à du Mike Mignola qui utiliserait des plus petites cases, et mettrait plus de détails dans ses dessins. Brad Simpson utilise une palette de couleurs qui évoque celle de Dave Stewart (le metteur en couleurs attitré de Mike Mignola), sans le singer bêtement. L'intrigue de Casey est assez puissante pour que malgré les ressemblances de surface, cette partie dispose d'une identité propre et spécifique.

Dave McCaig réalise une séquence consacrée à Keenan Wade, et à la suite de son intégration dans le gang Break. Il utilise un encrage un peu épais, un peu pâteux qui correspond parfaitement au ton de la séquence considérée. Ian MacEwan dessine de manière assez proche de celle de Kowalski, avec des contours un peu plus ronds, malgré la dureté et le sérieux de ce qui est représenté. Son application dans les détails réduit fortement la rupture de ton et assure au lecteur de rester à un bon niveau d'immersion.

Certes, ce n'est pas très respectueux des autres dessinateurs, mais Piotr Kowalski est identifié comme le dessinateur régulier de la série, et le lecteur a appris à l'apprécier, et à associer son identité graphique à ce titre. Il retrouve avec grand plaisir son sens du détail, sa minutie, l'encrage légèrement sec qui confère toute la gravité nécessaire aux personnages, ses compétences de costumier, de chef décorateur, de metteur en scène. le premier plaisir graphique est apporté par les couvertures, insérées comme il se doit entre chaque épisode. le lecteur en apprécie le design audacieux et unique. Il arbore un franc sourire devant l'ironie du numéro 19, The Old Man étant allongé tout nu sur un divan, tenant dans la main droite le tome 1, dont la couverture préserve sa modestie.

Piotr Kowalski continue de donner une identité prononcée à la ville de Saturn City, grâce à des monuments et des façades aisément reconnaissables (les autres dessinateurs respectant cette prescription). Chaque personnage est immédiatement identifiable, grâce sa forme de visage, sa morphologie, son expression particulière, et sa tenue vestimentaire. le lecteur n'éprouve aucune difficulté à distinguer Warren Azoff (l'avocat personnel de Simon Cooke), d'Elliot K. Barnes (directeur de la comptabilité). Il reconnait au premier coup d'oeil Lorraine Baines (l'adjointe de Simon Cooke), sans la confondre avec Juliette Jemas (la journaliste carriériste, compétente et efficace.

Le lecteur apprécie que Kowalski l'invite dans l'intérieur des personnages, tous aménagés en fonction de la personnalité de son occupant. Les scènes de dialogue utilisent parfois la mise en scène bien pratique de l'opposition entre champ et contrechamp, mais dans ces cas-là avec une information visuelle complémentaire en arrière-plan. La plupart du temps, le dessinateur élabore un découpage plus sophistiqué, montrant les mouvements des personnages, le lieu où ils évoluent, ainsi que leur attitude liée à ce qu'ils ressentent.

Piotr Kowalski se montre tout aussi ingénieux pour les séquences d'action. Par exemple, le dernier épisode est l'occasion d'une poursuite sur les toits des immeubles de Saturn City. Alors qu'il s'agit d'un lieu commun dans les comics de superhéros, le dessinateur sait la rendre visuellement intéressante, grâce à des cadrages bien choisis, et un découpage impulsant un bon rythme de lecture.

C'est avec une certaine surprise que le lecteur découvre dans l'interview de Joe Casey qu'il ne s'est pas fixé de longueur pour son récit, en termes de nombre d'épisodes. Il indique que bien sûr la durée de la série est assujettie à son succès auprès du lectorat, et qu'il souhaite la continuer tant qu'il aura quelque chose à dire. le lecteur éprouve plutôt l'impression d'être un récit à la structure bien établie, déroulant une intrigue rigoureuse où les pièces du puzzle s'assemblent sans solution de continuité, où la vie des personnages progresse dans une direction donnée, en fonction de leurs interactions, avec un dosage sophistiqué des retours en arrière, pour mieux éclairer les décisions du présent, et les conséquences sur le futur. 5 étoiles pour un récit adulte, à destination d'un lectorat adulte, et pas pour les scènes de sexe.
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