Servet rejette le baptême des enfants. Est-il sincère, oui ou non ? Et cette pensée-là, Calvin la qualifie de "sacrilège effréné". Au nom de quoi ? Car on parle de sacrilège effréné chez quelqu'un qui faute sciemment. Or si Servet faute, c'est sans le savoir.
Voyons, Calvin, mets-tu Servet à mort parce qu'il pense ainsi, ou parce qu'il parle ainsi ? Si tu le mets à mort parce qu'il parle comme il pense, tu le tues à cause de la vérité : car la vérité, c'est de dire ce qu'on pense, quand même on se trompe. Le psaume 15 déclare heureux celui qui dit en vérité ce qu'il a dans son âme. Et toi, tu mets à mort un tel homme ? Plutôt que de le tuer parce qu'il pense ainsi, enseigne-lui à penser autrement. Ou alors, prouve-nous que les Saintes Ecritures réclament la mort de ceux qui se trompent ou qui pensent mal.
La défense de la doctrine n'est pas l'affaire du magistrat (qu'est-ce que le glaive peut avoir à faire avec la doctrine ?), c'est l'affaire des docteurs. L'affaire du magistrat, c'est de défendre le docteur comme il défend le paysan, l'artisan, le médecin, n'importe qui d'autre, contre les injustices. C'est pourquoi si Servet avait voulu tuer Calvin, c'est à bon droit que le magistrat aurait pris la défense de Calvin. Mais Servet à combattu avec des arguments et des écrits : il fallait le combattre par des arguments et des écrits.