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Ma grande, c'est le surnom que donne... tiens  c'est vrai,  comment s'appelle le narrateur ?
Narrateur sans nom pour nous raconter son histoire, sa vie, sa vie d'homme, sa vie d'homme marié.
Marié à... pas de nom, la non plus. Parce que la nommer,  il ne peut pas. Pas parce qu'il l'a tué, non, ça il assume, mais parce qu'il préfère l'oublier. Oublier ce qu'elle lui a fait vivre. Ces années "d'inbonheur" partagé. J'invente un mot, bien sûr,  mais comment parlé de l'enfer dans le couple.
Un homme, une femme,  ils se mariérent et eurent...une enfant, mais...pas de Bonheur, enfin si, quelques minutes.
Alors pour raconter, ce sera "tu" ou "toi". Anonyme.
C'est par petites phrases, un seul mot parfois, que Claire Castillon nous dresse le portrait au vitriol d'une femme jalouse, possessive, égoïste, perverse, cruelle.
Oh ! elle ne frappe pas, non, pas au sens physique,  mais c'est du venin qui coule dans ses veines et c'est par ses mots, ses gestes, ses attitudes qu'elle blesse.
Et lui, cet homme, ce père, poussé à bout. Victime consentante. Lâche.
Dès les premières lignes, il l'annonce, mais en lisant son récit,  je me posais cette question : L'a-t-il réellement tuée ?
Ce qui surprend dans ce roman que, pour ma part, je trouve très bien écrit, (n'en déplaise à ce lecteur qui, dans un  commentaire, ose dire que l'auteure bafoue la langue française... et je préfère ne pas commenter ce genre de propos), ce qui surprend donc, c'est que c'est une femme qui a choisi d'aborder ce sujet difficile et de donner le mauvais rôle à une femme.
C'est acide avec parfois une pointe d'humour, histoire d'alléger et de laisser respirer le lecteur.
En tout cas ça ne m'a pas laissé indifférent. Ça m'a touché même.
Et dire que....ça existe.

 Si la vertu ne suffit pas à assurer le bonheur, la méchanceté suffit à rendre malheureux. (Aristote)
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« Il te fallait un tatoué ma grande qui t'aurait claqué la gueule rien que pour un regard en biais. Il t'aurait matée comme jamais. Sans ceinture. Avec la pupille. »

C'est l'histoire d'une violence conjugale… vécue par un homme. Une violence psychologique, impossible à dénoncer. Pas non plus une violence perverse, plutôt l'histoire d'une femme très chiante, insupportable, sotte, médiocre, que l'on a tous envie de claquer… ou de tuer.

Un mariage qui aura duré quinze ans, une maison avec piscine, une petite fille née très vite. Et un quotidien atroce. Une épouse-mégère folle de jalousie, qui pique des crises démesurées, capable de tout, supprimant petit à petit carte bleue, amis, famille du narrateur. Lui, doux, diplomate, trop sans doute, il s'écrasera, malgré lui, il fera toujours en sorte de tempérer, pour leur fille, pour éviter les cris, les larmes, il restera pour cette petite qu'il ne peut pas abandonner à sa folle de mère, peut-être aussi parce qu'il a cru longtemps au schéma de ses rêves, parce qu'il ne voulait plus se rendre seul aux dîners de couple…

De la moindre petite fantaisie à sa plus grande passion, elle lui interdira tout, commandera le moindre de ses faits et gestes, même dans quel sens comment tondre le gazon. Elle lui interdira de pleurer son père défunt, de voir ses amis, aller à la piscine, écrire des poèmes. Car oui il écrivait avant, avant elle, avant qu'elle lui ôte la poésie de la vie. Et même après elle —car il y aura un après— parviendra-t-il à revivre à nouveau, lorsque l'on a été ainsi traqué, chaque seconde, jour et nuit, les poches fouillées, privé d'avis, de parole, de projets personnels ?

Mon avis
En écrivant ces lignes, j'ai l'impression que l'histoire paraît absurde, qu'elle manque de crédibilité. Comment un homme peut-il supporter cela, si longtemps ? Est-ce seulement envisageable de tenir une minute, mais quinze ans? Quel genre d'homme était-il ? Comment l'auteure a-t-elle réussi ce challenge incroyable ?

Tout se tient dans le roman, la possession se fait de manière insidieuse, le piège se referme progressivement, les traits de caractère sont bien dosés, l'espoir guette toujours, les années défilent et la situation s'enlise. On lit ce livre en apnée et c'est magique. Parfois, il dérange aussi, car il révèle des traits féminins qui nous appartiennent à toutes, bien que l'on refuse de se reconnaître dans le personnage de l'épouse. Qui n'a pas été sournoise, mesquine, intéressée, jalouse à en crever ?

La fin du roman est à elle-seule très intéressante, cette épouse toujours présente malgré sa disparition continue à l'envahir, à l'empêcher d'avancer... est-ce que malgré tout cela il n'y aurait pas eu un peu d'amour dans cette histoire..?

Un gros coup de coeur pour le sujet et la façon dont il a été traité, un roman que je recommande. Merci aux Editions Gallimard pour cette lecture !

Lien : https://agathethebook.com/20..
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Un roman court et vif. Une langue brute pour sortir de l'ombre une vérité dissimulée, celle de la maltraitance dans l'intimité d'un couple. Une histoire qui vous souffle par le malaise qu'elle provoque.

Le narrateur qui est aussi le personnage subit au quotidien un enfermement psychologique, une manipulation mentale quotidienne et insidieuse de la part de son épouse. On étouffe littéralement à la lecture de son témoignage, celui d'une victime d'un harcèlement conjugal pervers.

En cela, l'histoire est originale car c'est un homme qui est touché et dont on raconte l'histoire. de leur rencontre à leur mariage, en passant par leur vie commune et la naissance de leur fille, se déroulent ainsi des années où la haine s'installe inexorablement jusqu'au drame. le lecteur devenu voyeur assiste impuissant à cette longue descente aux enfers, frôlant souvent le dégoût et la colère, jusqu'au point final.
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C'est la chronique d'une explosion de couple annoncée. C'est un véritable réquisitoire contre " ma grande".
Et pour une fois la perversion, la jalousie, le mensonge, le chantage, c'est Madame qui les exerce!

Ce texte court est ensorcelant.
Ni avec toi, ni sans toi.
Ils se marient à Las Vegas comme au cinéma. Elle est déjà enceinte...

Leurs acrobaties conjugales et familiales les perdent. Ce quotidien pourri tiendra l'affiche 14 ans durant, comme au cirque!.

Il n'en peut plus ,il souffre , il s'en veut, il s'en va mais ..
revient pour "la petite".
Leur fille au fil du temps devient le clone de sa mère, et ajoute ainsi un effet stéréo aux récriminations .

Elle,elle l'isole de ses amis ,de sa famille, l'espionne, l'humilie, gueule à tout va.Tyran domestique labellisé , elle est hantée par la peur qu'il la quitte..

Claire Castillon sert ce texte glaçant et captivant avec une plume incisive .
Pas de rupture de rythme .Un humour corrosif.
Ce type de virago existe, bien sûr mais il a peu d'écrits sur le sujet.

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C.Castillon est jolie comme un coeur, l'air toujours serein malgré les pages désenchantées qu'elle nous envoie depuis bientôt 20 ans.
Un peu de perversité, un zeste bien acide de citron, et nous voilà dans les tréfonds de l'âme humaine.
Je la trouve fascinante et regrette de ne l'avoir jamais rencontrée.
Cette fois c'est la mort d'un couple qui est le centre de son attention, et pour ne pas abonder dans la vague actuelle des femmes victimes, c'est un homme qui est l'acteur principal de ce roman, acteur peu actif certes mais tout de même .
Ce fils unique à l'adolescence heureuse, poète à ses heures, tombe amoureux en deux minutes d'une jolie jeune fille rencontrée à la piscine.
Ce qui sera un enfer va vite se développer, et ni le mariage ni la venue d'une petite fille ne pourra freiner la descente.
Celle que dans l'intimité il appelle « ma grande » est déroutante, violente dans les mots, jalouse, envieuse, le coupe de sa famille et de ses amis au point d'exiger un mariage , seuls en Californie sans prévenir quiconque.
Perverse l'épouse, pas vraiment, immature sûrement, quant au jeune homme il finira par accepter cette vie débilitante pour lui, pas de carte bleue, rendre des comptes pour chaque acte qui lui est permis, au fait, il se prend une gifle quand même ; lâche c'est sur, mais avec toujours l'espoir que les choses s'arrangeront.
Heureusement ça finira mal si j'ose dire, et enfin l'amoureux des mots pourra à travers ce texte raconter incognito son calvaire qui dure quand même une quinzaine d'années, et pourtant la sérénité et l'envie d'être heureux ne reviennent pas: il y avait peut-être encore un peu d'amour qui résistait...
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J'ai vu de bons échos sur ce livre lors d'une émission littéraire et l'ayant aperçu à la bibliothèque je l'ai emprunté.

J'ai d'abord été déconcertée par les phrases très courtes du récit, mais j'ai déjà rencontrée ce style d'écriture dans d'autres lectures donc j'ai m'y suis faite assez rapidement.

Un narrateur masculin sans nom qui nous raconte sa vie avec une femme sans nom elle aussi et son quotidien avec celle-ci qui se trouve être une manipulatrice perverse. Il va pourtant resté à ces côtés et tout accepter du mariage sans aucun invité, à l'achat d'une maison. Celle-ci est également excessivement jalouse voir possessive et peut à tout moment faire de grande dispute pour des broutilles.

Le narrateur apparaît de plus en plus effacé comme résigné espérant que sa situation change suite à certains changements de vie, ce qui ne sera pas le cas.

Le récit est court mais intense et on suit la déchéance de cet homme avec sa femme qu'il nomme Ma Grande d'où le titre de ce livre.

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« Y avait pas de venin au départ. Je parle en jours. » C'est l'homme qui écrit. Comme il confesse un meurtre - celui de sa femme -, il ne se nomme pas. Et il raconte : leur rencontre, leur vie commune pendant quinze ans, leur fille, sa femme (jalouse, méprisante à son égard, envieuse des autres femmes, possessive, colérique), sa passivité, sa colère rentrée, ses lâchetés, ses justifications… Ça ne peut que mal se terminer. Il s'installe rapidement entre eux une relation de l'ordre du dominant-dominé. Intéressant pour l'analyse psychologique qu'on peut en faire (relation toxique, trouble de la personnalité…), j'ai été soulagée de refermer le roman enfin (une chance, il est court), tant il suscitait en moi de l'irritation. L'auteure réussit quand même à travers la pathologie et le malaise que son histoire suscite à nous refléter nos travers et nos atermoiements. J'ai préféré Marche blanche.
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Ouf, je viens de refermer ce roman dont la lecture est oppressante.
C'est l'histoire d'un homme dont on sait dès le dèbut qu'il a tué sa femme ; femme perverse, jalouse, étouffante.
L'angoisse monte petit à petit et à chaque page on se demande pourquoi il subit cela.
Le style rend parfaitement compte de l'ambiance angoissante ; la peur de mal faire, du mot de trop, de la chose mal rangée qui déclenchera la rage.
L'entourage voit tout mais n'intervient pas ou si peu.
Un roman intéressant, original mais j'ai hâte de passer à autre chose.
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C'est elle. Cette grande. Car il faut bien la nommer. Mais au fond de sa cellule il ne parvient pas à trouver de prénom. C'est elle. L'égoïste qui a détruit sa vie. L'a draguée, allumée, invitée chez elle… le jour où il emménageait avec sa compagne. C'est elle qui l'a manipulé. Soumis. Humilié. Enchâssé dans un home sweet home étouffant. Interdit de sortir seul. Pas d'amis à la maison sauf exception. Rien. Tout pour elle. le centre du monde.
L'infâme obsession.

Mariage en solo, sans la famille. Bébé en route pour bien sceller le pacte. Isoler l'homme pour mieux le tenir. Quinze ans de torture. Refus de divorcer. Chantage au suicide. Crise de nerfs sur l'adolescente qui n'en peut plus. Puis un soir, la réflexion de trop. La méchanceté de trop. le coup de sang du père qui craque. Noyade…
Clap de fin.

Bipolaire ou folle à lier, la femme peut aussi s'avérer invivable. Dangereuse. Insupportable au sens premier. La vie se tricote une maille à l'endroit, une maille à l'envers. Mais quand tout est invariablement déconstruit par la folie, manipulée sournoisement, la fin sera souvent violente. Fatalité des destins brisés qui conduisent à l'irrémédiable…

Claire Castillon donne voix à ces oubliés.
Récit au style saccadé. Brut. Réel. Piquant. Glaçant. Plongée dans l'horreur des familles brisées qui gardent le silence. Ne savent comment affronter le monstre. Plient en espérant ne jamais rompre quand la parole libérée et la fuite sont la seule solution.
Faut-il encore le pouvoir.
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Claire Castillon récidive, et ça fait mal. Encore. Toujours. A l'époque je me souviens, elle m'avait bouleversé avec Insecte, sur la grossesse, la naissance, l'enfance. le genre de bouquin dévastateur, qui t'oblige à te détester un peu parce que tu l'adores quand même. Qui te fout une boule dans le bide de la taille d'une montagne, que tu veux finir, vite, pour passer à autre chose, arrêter d'y penser, stopper le combat des mots qui s'entrechoquent dans ta tête. Rendre les armes. Ici, la même froideur extrême, la même aisance à glacer le sang. Les phrases, courtes, précises, incisives, qui blessent comme un poignard, et le sang qui gicle par terre, ploc, ploc, ploc.

Dans Ma Grande, l'auteure se glisse dans la peau d'un homme meurtri, broyé par une femme, sa femme, celle qui deviendra son épouse et la mère de son enfant. Qu'il avait choisit parce qu'elle était belle, parce qu'elle avait du charme, de la grâce, qu'il était fier de présenter à son entourage. Une femme qui, peu à peu, a basculé dans l'extrême, l'empêchant d'écrire, de sortir, de vivre. de parler, de regarder, de respirer. Auprès de qui il est resté, incapable de la quitter.

S'il raconte aujourd'hui, c'est parce qu'elle est morte. Quinze ans de survie, une éternité, un calvaire infini. Alors, enfin, il parle des bleus dans l'âme et le silence, et la faiblesse, et la lâcheté. On le voit s'enfoncer, consciemment, d'une strate de l'enfer à une autre, accepter les brimades pour avoir la paix, fuir puis revenir, y croire encore, toujours, se convaincre qu'elle n'est pas si mal, sa vie. Et puis, tout faire pour ne pas détruire son enfant, quitte à souffrir encore - sa fille, dommage collatéral des coups psychologiques d'une mère qui n'en mérite pas le nom. Ma Grande, c'est la haine de la libération. C'est une souffrance à chaque phrase, à chaque page, une blessure invisible de l'extérieur mais une plaie ouverte à l'intérieur.

Le portrait d'une femme-poison, toxique, mortelle. La (traditionnelle ?) mesquinerie féminine poussée à l'extrême. Et c'est justement en optant pour le point de vue masculin que Claire Castillon a fait le bon choix, nous confrontant avec une histoire si irréelle qu'elle en est, paradoxalement, intrinsèquement, viscéralement… vraie.
Lien : https://aurelieetecrit.com
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