Par le biais d'une histoire familiale, c'est l'histoire de l'Amérique et son rapport à l'eclavagisme qui est mis en lumière.
Saphira se marie avec un homme, un meunier, de condition inférieure. Lorsqu'elle déménage, plus au Nord, pour s'installer avec lui, elle emmène dans ses bagages sa famille d'esclaves. de maîtresse bienveillante, elle devient progressivement beaucoup moins clémente lorsque des bruits courent concernant la jeune et jolie Nancy, qu'elle a tant appréciée. Sa douceur ne serait pas indifférente à M.Colbert, le maître.
Pourtant, la bienveillance de celui-ci est certainement davantage le fait de ses idées progressistes et humaines qu'à sa lubricité. Lui et sa fille, Rachel, illustrent cette Amérique nouvelle qui ne conçoit plus l'esclavagisme comme une normalité.
Tout bascule lorsque le jeune neveu de M. et Mme Colbert, Martin, se montre insistant auprès de Nancy, sous l'oeil consentant de la maîtresse de maison. La pauvre jeune femme souffre de cette situation, cherchant de l'aide, feintant pour éviter les pièges grossiers de Martin. Et puis, la seule issue qui s'impose est la fuite, vers le Nord, le Canada, pour vivre une vie meilleure où déjà l'esclavagisme est de l'histoire passée.
Le roman illustre parfaitement le glissement vers laquelle l'Amérique bascule : la considération humaine apportée (enfin) aux esclaves. Par le biais du portrait de Jézabel, la grand-mère de Nancy qui se meurt,
Willa Cather démontre également que ces portraits de maîtres et maîtresses ne sont pas aussi manichéens, que des liens se tissent, des liens que l'on pourrait presque qualifier de familiaux.
Saphira, sa fille et l'esclave se lit sur plusieurs niveaux, au-delà de la petite histoire, c'est la grande histoire qui agit sur les actes et pensées des personnages.
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