Récit d'un séisme et des ondes de choc qu'il répercute, "
Insula" révèle les failles des êtres et leur dualité, tout en dépeignant une existence animée par le désir violent de renaître.
Caroline Caugant est née à Paris en 1975. Après des études de littérature à la Sorbonne, elle travaille comme graphiste et se consacre en parallèle à l'écriture. "
Insula" est son deuxième roman, après "
Les Heures solaires".
Printemps 2024. Line, hôtesse de l'air, se trouve à Tokyo au moment où le Japon célèbre les cerisiers en fleurs. Cette nuit-là survient le Big One, séisme majeur que tous redoutaient. La terre avale la jeune femme. Puis la recrache des jours plus tard.
Miraculée, elle rentre à Paris, vacillante. de ce qu'elle a vécu, elle ne garde aucun souvenir. Commence alors le délicat travail de la reconstruction et de la mémoire. Comment revenir d'un tel voyage ?
Flashs et réminiscences la mèneront vers une île de l'Atlantique, soumise aux assauts du vent et de l'océan, à la recherche de ce qui la hante...
Je remercie les @EditionsduSeuil et @NetGalleyFrance de ma'voir permis de découvrir ce roman dépaysant très agréable à lire.
La structure narrative du récit est divisée en trois parties intitulées : Line, la miraculée ; l'ïle de Saki ; Revenir. L'intrigue de ce roman choral à trois voix nous est dévoilée selon le point de vue de Line, la rescapée, mais aussi au travers des yeux de son conjoint, Thomas, témoin du trauma psychologique subi par Line.
Dans la première partie, ces deux personnages nous racontent, à tour de rôle, la déliquescence de leur relation suite à cet évènement qui a bouleversé leur vie. le personnage de Saki, amie de Line, n'est évoqué qu'à partir de la deuxième partie, ce qui permet de préserver le suspense de manière efficace. Dans la troisième partie, le titre prend tout son sens et la vérité est enfin révélée.
J'ai beaucoup aimé la prose poétique de l'autrice qui m'a fait voyagé de Paris à Tokyo et de Tokyo à l'île mystérieuse de Gwadar grâce à de nombreux flashbacks. J'ai découvert la légende japonaise de Namazu, ce poisson-chat géant vivant dans les profondeurs de la Terre qui serait responsable des séismes. le Japon redoute ses réveils car il repose sur son échine et d'un mouvement brusque, Namazu peu ébranler tout l'archipel. Dans la légende, les séismes naissent de sa colère et je trouve cette légende pleine de poésie.
La plume sensible, délicate et le style fluide de l'autrice rendent la lecture très agréable. Son récit est léger, éthéré, et délicat, comme un pétale de cerisier. Ce monde flottant que représente le Japon, entre Terre et Mer, est le pays des disparus, des évaporés, comme le père de Saki, ou comme Saki, elle-même.
Line est toujours en vie, mais elle est comme vidée de l'intérieur : elle souffre de la culpabilité des survivants et n'arrive pas à se libérer des fantômes du passé. le dénouement, riche en émotions, est plein d'espoir car Line semble enfin sur la voie de le résilience.