Encore un choc que cette lecture de
Fabrice Causapé !
Inspiré de la courte et sombre vie de Pierre Paoli, collabo notoire auquel on doit des centaines de déportations, assassinats, vols, tortures et autres abominations pour le compte de la Gestapo sous Vichy, ce récit, à la 1ère personne, d'une densité tranchante, nous laisse comme saoulés de cruauté gratuite, de vile humanité et de vacuité absolue. Car il est aussi court, glaçant et vain que l'existence de ce Cazadis qui en est le personnage principal (on ne peut décemment pas dire le héros).
La redondance des scènes de violence, des épisodes d'interrogatoires sanglants concourt à cette sensation de vertige, de spirale inextricable. La phrase brève, sèche, froide, souvent cynique, faussement naïve, faussement justifiée, faussement héroïque m'a rappelé « la petite musique » de Céline qui sied parfaitement à l'ambiance autant qu'à la réflexion sur la condition humaine. Dans ce roman, on plonge sans transition au coeur de l'incohérence psychologique où les pires actions sont parfois le fruit d'u simple désamour d'enfance, où les pires atrocités sont perpétrées par le seul désir d'être aimé, où les inhumanités les plus abjectes sont dictées par un sentiment de vengeance personnelle et aveugle où la mort n'a plus pour écho que la mort.
F.Causapé nous livre une nouvelle fois un livre amer, cruel et intelligent, empli d'un vide ontologique que rien ni personne ne peut combler, qui nous interroge sur la portée insoupçonnée des blessures d'enfance, sur les conséquences funestes de la mésestime de soi, à la fois psychologiques, sociologiques et existentielles.
Une nouvelle manière d'illustrer cette page sombre, honteuse et déniée de l'Histoire. C'est âpre, dur, effroyable, superbement écrit et magnifiquement désespéré.
Du
Léon Bloy contemporain ?
Non, du Causapé et je recommande +++