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Citations sur Et l'âne vit l'ange (16)

Écoutez, c’est pas que je veuille dire du mal des morts, mais vous ai-je dit que ma mère était une conne de grosse vache ? Eh bien, c’est précisément ce qu’elle était – une sale conne de grosse vache, avec un asticot noir desséché en guise de cervelle.
La cradingue avait coutume de jouer à la pédagogue quand elle n’avait pas trop picolé pour être incapable de se tenir debout et de parler. C’était pas beau à voir.
Un certain soir où P’pa était allé se coucher de bonne heure, Man décida qu’elle allait m’instruire au sujet de mon patrimoine, mes aïeux, mon arbre généalogique, et caetera. J’écoutais, assis sur la chaise raide, et nous jouions à ce jeu auquel elle prenait tant plaisir.
Chaloupant devant moi, sa bouteille de grès dans une patte, une vieille tapette à mouches en plastique dans l’autre, elle donnait d’abord la leçon, ce qui pouvait prendre quelque chose comme une heure, parfois deux ; ensuite, elle me mitraillait de questions. Si la réponse était « oui », je devais lever la main droite, et si la réponse était « non », je devais lever la gauche. Si je répondais mal en levant la mauvaise main, elle me flanquait avec la tapette un coup cinglant sur le sommet du crâne. Si je ne répondais pas du tout, ce qui était fréquent attendu que mes deux mains avaient été attachées aux pieds de devant de la chaise, elle me tapait sur l’oreille droite, ou sur l’oreille gauche, suivant ce qu’elle pensait être la réponse correcte.
Parfois, quand elle arrivait au fond de la bouteille, elle réalisait qu’elle-même avait oublié la réponse, et je recevais alors un coup sur chaque oreille. Quand enfin elle ne pouvait plus se rappeler les questions, ou le sujet même de la leçon, ou, à la fin, plus du tout pourquoi j’étais ligoté à la chaise ni pourquoi elle avait une tapette à la main, elle s’emportait dans une frénésie de volée, coups, claques, revers de la main, empoignades, piétinements, jusqu’à ce que, finalement, elle s’effondre dans son fauteuil, épuisée. Je devais alors attendre que P’pa décide qu’il pouvait en toute sécurité entrer dans la pièce pour me détacher.
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"Beth leva les yeux. Elle vit Euchrid. Elle vit l'Ange, ciselé de marbre. Elle perçut l'écho inquiètant de leur attitude, de leur pose, de leur propos. Elle vit l'un ailé, aux os blancs et insufflé de grâce, et elle vit sa manifestation incarnée, misérable et couverte de boue. Et elle vit ses blessures, sa longue chevelure, ses pieds nus, sa poitrine palpitante"
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"La peau de ses bras était sans défaut, sauf aux endroits où elle s'enfonçait des aiguilles, pour que mollissent ses os cassants et que flottent ses membres, pour que son corps céleste balance d'avant en arrière, dans sa peau de soie frissonnante. Son fin vêtement se tendait de toute la vie alanguie qu'il renfermait"
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(...) j'en concluais que, de manière générale, la souffrance était une sensation relative, d'autant plus âprement ressentie qu'elle était confrontée à la félicité. Etant donné que la vallée et ses habitants étaient à cette époque enchaînés dans les fers de l'affliction, que mon propre lot de chagrin parût considérablement plus léger ne me surprenait guère.
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Quelques maisons acceuillirent la Folie comme locataire.
Ce fut lors d'une soirée humide et irréelle que Rebecca Swift, la jeune et modeste épouse de Sardus, l'entendit frapper dans sa tête -trop fort cette fois pour qu'elle l'ignore- et que le cœur tremblant, de ses minuscules mains frissonnantes, elle tira d'un coup sec le gros verrou noir et laissa la locataire entrer.
Rebecca était esclave d'une mélancolie accablante qui s'emparait à volonté de sa délicate personne puis restait, gisante, sur elle, comme un amant épuisé.
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Pas une seule âme n'était visible en ville, car pas une seule ne s'y trouvait - pas une, ni solitaire ni se baladant en couple. Il était de coutume, pour les doyens des Ukulites, de marcher par deux - c'est-à-dire en couple - bien que beaucoup flânaient seuls, comme c'est l'usage dans le monde entier pour les personnes âgées - c'est-à-dire que, dans le monde entier, il est tout à fait courant de voir les vieux se balader - deux par deux, ou seuls jusqu'à la fin de leur cœur, ou de leurs jambes, ou de leurs jours - seuls ou en couple, et cela jusqu'à leurs tombes.
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"S'il te plaît, Jésus, ne sois pas fâché après moi. Je suis désolée qu'ils t'aient frappé. Cela m'a fait mal aussi. D'abord ils m'ont dit de T'aimer, puis ils te chassent d'ici. Ce monde est trop cruel pour nous."
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"Quand j'ouvris les yeux, la foule était autour de moi. Chaque personne était habillée d'une tunique, avait une couronne d'épines et cinq blessures. Trop de Christs et pas assez de croix, pensai-je, pris de panique. Ils me poussaient, tous se battaient pour une place sur la croix qui grinçait sous leur poids. Alors je me mis en colère. C'est ma croix, criai-je, et tout le monde s'enfuit"
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La mesure de ma jeunesse - le printemps de ma vie - je l'ai partagée entre cet obscur sanctuaire intérieur et son cruel extérieur, semé de pièges de l'ennemi impitoyable. Les mâchoires souriantes à belles dents de l'ignorance et du préjugé étaient grandes ouvertes, et j'étais leur proie malheureuse. Car elles guettaient à la maison et à la ville, aux champs proches de la ferme et aux champs éloignés. Que ce soit la nuit ou le jour, les seules choses qui émergent de mes tendres années de croissance furent le claquement du piège et la cisaille du collet.
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"Lentement, le monde étouffait dans des linceuls de peur et d'ombre noire, et quand je ne pus rien voir d'autre que l'obscurité poisseuse, j'entendis des pas de mauvais augure, lourds et irréguliers, traverser la véranda et s'arrêter devant la porte"
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