En route pour l'aventure avec un personnage ambigu: Johann August Suter. Splendeurs et misères d'un aventurier.
Blaise Cendrars en 1925 puis Zweig en 1939 se sont inspirés, dans leur oeuvre respective, de la vie tumultueuse de ce pionnier ayant réellement existé. Il y a beaucoup à dire en effet sur l'extraordinaire histoire de cet homme qui est fortement liée à celle d'un territoire devenu la Californie.
Le point de départ est en 1834. Criblé de dettes, Suter quitte sa femme et leurs quatre enfants et fuit la Suisse pour partir à New York. Là, il monte quelques affaires louches avec des gangs ou vit de petits boulots. Il a des oreilles partout et il obtient des informations sur l'Ouest. Tout le monde lui en parle comme d' un vaste endroit mystérieux où tout est possible ,surtout pour le commerce.
En homme d'action, il entreprend donc la traversée mais les montagnes l'arrêtent et il faut des récits d'Indiens qui parlent de fruits d'or et d'argent pour le motiver à les franchir. Enfin , il apprend le nom de ce long territoire qui n'appartient pas encore à l'Union, derrière les montagnes: la Californie.
Avec ce que l'on devrait appeler des esclaves, des Canaques, il fait prospérer les terres de la vallée du Sacramento. Juste avant que l'on y découvre le métal qui rend fou en 1848.
Les 170 pages se dévorent. On découvre une Californie sans loi et, dans cette période transitoire,
l'or commande toutes les exactions.
Quant au style du livre, on peut toutefois regretter que le récit soit si court et parfois faits de raccourcis. Mais c'est un choix de l'écrivain pour dynamiser le récit, mêlant paradoxalement à une profusion de chiffres, des commentaires laconiques sur l'état d'esprit du héros. Héros finalement peu décrit. Dommage!
Cela dit vous serez guidés par le flux vif des phrases courtes de
Blaise Cendrars dans une épopée légendaire; celle du général Suter.