.... le propre d'un homme est de savoir se dominer dans toutes les situations, m^me les plus énervantes.
Puisque tu manies si bien l'invective, tu pourrais au moins me bénir de t'avoir appris à parler.
Le Roi ! Le Roi ! Eh bien, il y en a un qui se fout du Roi comme de toi et moi, il s'appelle le Vent ! Sa Majesté le Vent ! Pour le moment, c'est lui qui commande et nous sommes ses sujets !
Caliban
Il faut que tu comprennes, Prospero:
des années j'ai courbé la tête,
des années j'ai accepté
tout accepté:
tes insultes, ton ingratitude
pis encore, plus dégradante que tout le reste,
ta condescendance.
Mais maintenant c'est fini!
Fini, tu entends!
Bien sûr, pour le moment tu es encore
le plus fort.
Mais ta force, je m'en moque,
comme de tes chiens, d'ailleurs,
de ta police, de tes inventions!
Et tu sais pourquoi je m'en moque?
Tu veux le savoir?
C'est parce que je sais que je t'aurai.
Empalé! Et au pieu que
tu auras toi-même aiguisé!
Empalé à toi-même!
Prospero, tu es un grand illusionniste:
le mensonge, ça te connaît.
Et tu m'as tellement menti,
menti sur le monde, menti sur moi-même,
que tu as fini par m'imposer
une image de moi-même:
Un sous-développé, comme tu dis,
un sous-capable,
voilà comment tu m'as obligé à me voir,
et cette image, je la hais! Et elle est fausse!
Mais maintenant, je te connais, vieux cancer,
et je me connais aussi!
Et je sais qu'un jour
mon poing nu, mon seul poing nu
suffira pour écraser ton monde!
Le vieux monde foire!
Stephano: Je n'ai pas réussis à lui tirer un mot, mais j'ai un moyen de lui délier la langue.
(Il tire une bouteille de sa poche)
Trinculo (l'arrêtant): Dis donc, tu ne vas quand même pas gaspiller cette ambroisie dans la gorge du premier sauvage venu!
Stephano: Égoïste... Va! Laisse-moi accomplir ma mission civilisatrice. (Offrant à boire à Caliban). Remarque, un peu dégrossi, il sera de meilleur rapport et pour toi et pour moi. D'accord? On l'exploite en commun? Marché conclu?
Ce qui m'interesse, ce ne sont pas tes transes mais tes oeuvres. Partageons : Je prends pour moi ton zèle et te laisse tes doutes. D'accord ?
Tant qu'il y a de la vie, il y a de la soif... Et reciproquement !
Le roi! Le roi! Eh bien, il y en a qui se fout du roi comme de toi et moi, il s'appelle le vent! Sa majesté le vent! Pour le moment, c'est lui qui commande et nous sommes ses sujets!
Mais le plus beau, c'est encore le vent et ses musiques, le salace hoquet quand farfouille les halliers, ou son triomphe, quand il passe, brisant les arbres, avec dans sa barbe, les bribes de leurs gémissements.
La faiblesse a toujours mille moyens que seule la couardise nous empêche d'inventorier