Ce recueil, paru en 1946, est à la fois dans la veine surréaliste, d'ailleurs il fut préfacé par
André Breton, et dans celle de la "négritude" si chère à
Aimé Césaire.
L'écriture poétique est clairement surréaliste, faite d'associations d'images insolites, de jeux de sonorités, mais elle utilise très souvent la prosodie d'influence africaine, et tout un vocabulaire qui nous échappe, nous "blancs métropolitains", et dont le sens est à chercher sur internet (Pour une fois, merci Google!)
On peut, pour simplifier dire que ce recueil comporte d'une part,
- "
Et les chiens se taisaient" qui occupe presque la moitié de l'ouvrage est qui s'apparente à une sorte de tragédie grecque, dont elle a la violence, avec des choeurs, des récitants et qui met en scène jusqu'à sa mort, le rebelle, qui est en fait
Toussaint Louverture, qui au moment de mourir y évoque son passé;
- d'autre part, une série de
poèmes de longueurs variables, soit en vers libres ayant parfois un rythme proche de l'alexandrin, et puis d'autres, tout à fait spéciaux et originaux, des sortes de logorrhée, qui doivent, je suppose, avoir une origine "africaine", comme Forêt Vierge, Cristal Automatique, Phrase, etc...qui sont totalement originaux, je ne connais pas d'autre poète écrivant comme cela, mais, je dis peut-être une énormité, cela fait penser au rap.
Beaucoup de
poèmes sont pleins de violence, de révolte, voire de haine, c'est le combat contre la condition des noirs qui est sous-jacent, Par exemple, celui qui donne son titre au recueil, "
les Armes Miraculeuses ".
Il y en a d'autres plus lyriques, tels le Grand Midi, ou Pur-sangs, ou plus doux tels la série des Tam-tam, ou Nostalgique ou Soleil Serpent.
Ce n'est pas une poésie facile, mais en lisant à haute voix, on se laisse porter par la beauté, je dirais, luxuriante, des images, où défilent souvent animaux et végétaux, ce qui rappelle un peu
Lautréamont.
Mon poème préféré, que j'ai appris par coeur, est le Cristal automatique, un de ces
poèmes formés en apparence d'une seule phrase sans ponctuation, mais en réalité avec une structure subtile ponctuée par les "allo allo", qui est doute un clin d'oeil à l'écriture automatique des surréalistes, mais surtout un merveilleux monologue amoureux plein de fantaisie.
P.S. J'ai découvert avec étonnement sur internet que ce poème avait été mis en musique par un auteur-compositeur, BabX, que je ne connais pas, je suis trop vieux, mais qui a écrit pour Camillia Jordana, entre autres, et ceci dans un album consacré aux poètes qualifiés de "punk",
Rimbaud,
Lautréamont, Peret,
Genet, Breton, etc....j'ai écouté, ça ne m'a pas convaincu, je m'imaginais un rythme plus rapide et un ton plus prosaïque..dommage... .